Les Grands Singes – La protection des Gorilles

Ma première rencontre avec les Gorilles c’était à la Vallée des Singes, à cette époque j’y bossais, les ongles crottés par les déjections de saïmiris je faisais partie de la petite équipe et j’accumulais connaissances et expériences aux côtés de beaucoup de primates exceptionnels (et de personnes fantastiques). Les Gorilles c’était autre chose, c’était un secteur presque inatteignable, il ne fallait pas être n’importe qui pour travailler auprès de ces Grands Singes. Mon premier vrai contact avec les problématiques des Gorilles n’était pourtant pas là-bas, non pas qu’on ne m’y a pas sensibilisé, mais forcée de constater qu’on n’est jamais plus impliqué dans une cause que quand on met les 2 pieds dedans, sur le terrain. Lorsque je suis partie au Rwanda, mes premières semaines ont été rythmé par la première conférence sur la conservation à Kigali et par Kwita Izina, cette cérémonie qui “baptise” les bébés gorilles. Alors mandatée par l’association Gorilla France qui m’avait fait confiance pour participer à ces événements à leur place, j’ai pu découvrir les grands enjeux, les grands mensonges aussi, et les grands spectacles offerts au monde sur la question de la protection des Gorilles. 

Il est d’abord important de préciser que les 2 espèces de Gorilles (Gorilla gorilla et gorilla beringei) sont répertoriées par l’IUCN comme en danger critique d’extinction du fait des effectifs faibles.

On compte donc 2 espèces et 4 sous-espèces : le Gorilla gorilla gorilla (Gorille des plaines de l’Ouest) et le Gorilla gorilla dielhi (Gorille de la rivière Cross) d’un côté, le Gorilla beringei beringei (Gorille de montagne) et le Gorilla beringei graueri (Gorille des plaines de l’Est) de l’autre. Tous ces Gorilles ne sont évidemment pas égaux en terme de nombre, si on observe une hausse du nombre de Gorilles de montagne, notamment grâce aux politiques mises en place dans des pays comme le Rwanda (il ne faudrait pas perdre un atout aussi précieux pour le tourisme…), les autres sous-espèces ne bénéficient pas de la même opportunité de prospérer. Les Gorilles des plaines de l’Est ont perdu 77% de leur population entre 1994 et 2015, leurs nombres étant estimés à environ 3.800 ; les Gorilles des plaines de l’Ouest sont les plus nombreux avec une population d’une centaines de milliers d’individus avec une baisse annuelle de 2.56% de la population ; les Gorilles de la rivière Cross, pour finir, sont les moins nombreux, on compte environ 250 individus à la frontière entre le Nigéria et le Cameroun.

Gorilla gorilla

Protection gorilles gorilla gorilla

Gorilla beringei

Malgré son physique très imposant, les plus gros mâles peuvent peser jusqu’à 200kg voire même plus en captivité, le gorille se nourrit principalement de végétaux, parfois de fruits ou d’insectes et plus original, ils peuvent occasionnellement être coprophages ! Exit donc la vision du gorille sanguinaire et mangeur d’hommes qu’on pouvait avoir il y a bien des siècles, ce grand singe n’est pas un chasseur et encore moins un mangeur de viande rouge. Les gorilles ont cependant du caractère, surtout lorsqu’il s’agit de défendre l’endroit où ils se trouvent et surtout leur famille. Ils vivent en harem d’une dizaine d’individus avec, à leur tête, un voire 2 mâles adultes qui sont appelés “dos argentés” du fait de leur pelage dorsal, ce sont eux qui défendent le groupe en cas de danger notamment par ce qu’on appelle une “parade d’intimidation” qui consiste en des vocalises particulières et le bien connu frappage de poitrine voire la charge si ce qui représente le danger ne se soumet pas.

Il existe évidemment une hiérarchie dans les groupes de gorilles, comme je le disais précédemment il peut y avoir un voire 2 mâles dominants qui prennent soin d’un harem composé de femelles et des jeunes. Les jeunes, une fois la maturité sexuelle atteinte, peuvent rester dans le groupe (c’est surtout le cas d’un mâle qui prendrait alors la place de second du dominant), en intégrer un autre voire en former un nouveau dans le cas de certains mâles. La place des femelles est particulière dans le sens où, lorsqu’elles sont jeunes, elles choisissent un nouveau groupe, pour permettre le brassage génétique, mais ne sont pas à l’abri d’en choisir encore un autre au gré des rencontres si elles peuvent trouver une place plus avantageuse dans la hiérarchie.

Autre spécificité des gorilles, à la différence des autres espèces de grands singes (nous mis à part), ils sont les seuls à construire leur nid à même le sol, il serait en effet assez compliqué pour eux de porter leur lourde carrure jusqu’en haut des arbres pour construire un nid de branchages comme peuvent le faire les chimpanzés par exemple. Ces nids sont aussi importants pour les gorilles que pour les chercheurs ou les primatologues puisque c’est grâce à ces nids qu’on détectent la présence de ces grands singes et qu’on peut établir un nombre approximatif d’individus.

Comment distingue-t-on un gorille d'un autre ?

Grâce aux sillons sur son nez. C'est un peu la carte d'identité de ces grands singes.

Les menaces qui pèsent sur les gorilles

Les 4 sous-espèces de gorilles doivent face à des menaces à peu près similaires à commencer par le braconnage. Même si la viande de brousse est illégale il n’est pas rare de retrouver les produits de braconnage sur les étals des marché en Afrique ou même sous le manteau en Europe ! Parfois consommé et parfois même vendu (dans le cas de très jeunes gorilles), certaines populations de gorilles sont extrêmement menacées par ces pratiques, surtout les plus faibles comme les gorilles de la rivière Cross, l’IUCN considère d’ailleurs que c’est la première cause de disparition de ces grands singes.

Il y a ensuite les maladies et en particulier Ebola qui a touché de plein fouet la population des gorilles des plaines de l’Ouest. Il faut savoir que les gorilles sont en général vulnérables aux mêmes virus que l’Homme mais ne possède pas toujours les défenses pour combattre les maladies. Cette exposition aux maladies est exacerbée par l’expansion des populations et la hausse démographique qui réduisent progressivement les territoires des gorilles et font cohabiter grands singes et hommes. Ceci étant, il est intéressant d’observer que les populations de Gorilles de l’Ouest sont plus impactés que ceux de l’Est notamment grâce aux mesures prises pour conserver les populations du côté Est. La transmission des maladies reste quand même un sujet de grande préoccupation et c’est pour ça qu’on fait porter des masques aux touristes qui vont à la rencontre des gorilles de l’Est.

La fragmentation et la destruction des habitats sont aussi des problématiques majeures, enjeux qui sont liés dans certains cas avec l’huile de palme (oui encore elle). Il faut savoir que les sols asiatiques commencent à être épuisé et avec cet épuisement des sols il devient urgent de délocaliser la production d’huile de palme vers des sols encore sains : en Afrique. Pas de chance pour les gorilles des plaines de l’Ouest, plus de la moitié de leur territoire est considéré adapté à la culture du palmier à huile. Si on ajoute à cela l’expansion des industries minières, des cultures agricoles, et dernièrement les accords pour débusquer du pétrole dans les Virunga, la perte de l’habitat pour les Gorilles est une épée de Damoclès qui pèse aussi très lourd dans la balance de la survie.

Le changement climatique, dernier arrivé dans la liste des menaces qui pèsent sur les gorilles, va lui aussi avoir un impact sur les gorilles et plus précisément sur leurs habitats puisqu’il sera à l’origine d’une modification de la qualité de l’habitat avec des risques d’assèchement des forêts et donc des feux de forêts mais l’impact sera aussi visible sur la disponibilité de la nourriture.

On peut aussi évoquer, dans le cas des gorilles de l’Est, les impacts des guerres sur les populations de grands singes. Depuis des dizaines d’années maintenant des groupes armés vivent dans les forêts comme celle des Virunga et tentent régulièrement d’éradiquer les populations dans l’espoir de pouvoir couvrir le terrain sans être dérangé. On se souvient des attaques du 22 juillet 2007 qui ont coûté la vie à 6 gorilles de montagne. Depuis très récemment on notera aussi que le Parc des Virunga a été fermé après l’enlèvement de touristes, les groupes armés sont donc toujours actifs.

Comment participer à la protection des Gorilles ?

Évitez l’huile de palme

Non je ressors pas cette solution pour tout et à toutes les sauces, si j’en parle c’est quand même bien la preuve que l’huile de palme pose un problème à beaucoup de niveaux. Si ce n’est pas au niveau de ta santé que tu te préoccupes de consommer palm-free au maximum, pense au moins aux écosystèmes qui pâtissent de la culture du palmier à huile qui est une merde sans nom. Et si toi aussi tu doutes de ce discours parce qu’on te parle d’huile de palme “durable”, je te rappelle, dans les grandes lignes que ça n’existe pas, si tu veux en savoir plus, je te laisse jeter un œil sur la même section dans mon article sur les Gibbons.

Soutenir Gorilla France

Cette association a été créé en 1986 par Fabrice Martinez à la suite du décès de Dian Fossey au Rwanda. C’est l’une des seules, si ce n’est pas la seule, associations françaises qui s’occupent exclusivement de la protection des gorilles de montagnes. Il est possible de faire des dons ou d’adhérer à cette association qui a une place toute particulière dans mon coeur puisque c’est Fabrice Martinez, son fondateur, qui m’a permis de prendre conscience de la situation des gorilles de montagnes au Rwanda !

Faire une soirée ciné pour regarder de magnifiques documentaires

Tu as envie de découvrir une autre espèce de Grand Singe ?

Va découvrir mon article sur les Gibbons, je te parle plus en détails de cette espèce asiatique assez mal connue et très en danger, notamment à cause de la déforestation.

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protection gorilles

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6 Commentaires

  1. Bravo pour cet article qui permet de mieux comprendre les dangers qui pèsent sur ces superbes créatures.

    • Merci à toi d’avoir pris le temps de le lire 🙂

  2. Merci pour cet article et toutes ces informations au sujet des gorilles. Ça fait du bien ce genre d’articles sur la blogosphère. Je l’ai vraiment lu avec la plus grande attention (généralement c’est plutôt en diagonale).

    • Merci Emma ! Je suis ravie qu’il t’ait plu 🙂

  3. Merci pour cette prise de conscience.

    • Merci à vous pour votre intérêt 🙂


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