Passer au Cap sans voir des manchots c’est un comme aller en France sans manger de baguette ou de croissant, c’est un peu une hérésie ! Sans dire non plus qu’on a décidé de faire absolument tous les incontournables de chaque endroit où on débarque il y a quand même certaines choses qu’on ne peut pas et surtout qu’on ne veut pas louper, voir des manchots en fait partie !
Les Manchots du Cap, une espèce menacée
Pour se rendre à SANCCOB de notre quartier so hypster de Woodstock on a pris un bus MyCiti, chose dont je n’ai pas parlé dans mon article sur Cape Town ( ou si peu ) il est très simple de se déplacer dans la ville grâce aux bus MyCiti qui vous emmènent à peu près partout et même parfois très loin ! Ca a été le cas pour aller voir les Manchots du Cap, on se retrouve à traverser la ville et même avoir l’impression d’en sortir, direction Table View et le centre de réhabilitation. Ce qui est bien c’est que des panneaux de circulation vous aideront pour trouver le centre dès votre sortie du bus, on marche vite, on est en retard ( douce habitude pour nous ).
Arrivés à SANCCOB on passe dans un sas fait de moustiquaires épaisses avant de rentrer dans le centre en lui même. Moustiquaires, on l’apprendra plus tard, qui servent à empêcher les moustiques de venir contaminés les Manchots, les années précédentes avant l’installation du filet anti moustique le centre avait un taux de mortalité assez effrayant !
N.B : Pensez à réserver le tour du centre pour être sûr qu’un guide soit disponible !
Du coup en arrivant notre guide se présente et on peut commencer la visite. Devant nous il y a plusieurs bassins ou maisons de Manchots si on veut. Ils sont toujours en groupes, plus ou moins grand selon le cas.
Devant notre premier bassin on commence par apprendre l’histoire du centre et surtout l’histoire des pensionnaires du centre. Tous les manchots qu’on a devant les yeux et qu’on va voir par la suite sont nés près d’ici, dans différents endroits sur la côte sud africaine. Tous ont été secourus par SANCCOB ou amenés dans le centre par de bienveillantes personnes. Dans le lot il y a des Manchots blessés qui se remettent de différents chocs avec les êtres humains, certains se sont retrouvés pris dans de l’huile, du mazout ou un autre produit qui a tellement endommagé leurs plumes qu’ils ne pouvaient plus nager donc chasser, d’autres sont tombés malades et d’autres encore ont eu parfois des ailes ou autres membres cassés. Et ces oiseaux là il en arrive tous les jours au centre.
La situation des Manchots du Cap est donc assez dramatique, au fur et à mesure qu’on avance dans les allées du centre on découvre d’autres groupes de Manchots, parfois certains font vraiment peine à voir tant leur aspect extérieur démontre un réel problème de santé. On regarde ces pauvres animaux avec beaucoup de compassion et on comprend encore mieux le travail des volontaires qui s’affèrent autour de nous.
Petit manchot deviendra grand
Parmi tout ces Manchots du Cap au pelage noir et blanc on tombe finalement sur un bassin plein de petits Manchots au duvet encore grisâtre. Certains commencent déjà à se déplumer pour laisser apparaitre leur plumage caractéristique mais ce qui frappe le plus dans ces bassins c’est la taille de ces bébés. Des grands bébés ! Comme beaucoup d’animaux les bébés manchots grandissent très vite, c’est une nécessité dans la Nature, un bébé humain peut bien atteindre la maturité à 20 ans ( ou plus tard pour certains… ) c’est bien l’un des rares à pouvoir se le permettre ! De manière générale il est nécessaire pour les animaux d’être capable de se débrouiller seul le plus rapidement possible, question de survie. Mais alors ces bébés là, que font-ils au centre ?
Il y a une période de l’année qui est décisive pour les Manchots du Cap c’est la période de mue. Les bébés ne sont pas les seuls à perdre leurs plumes à un moment de leur vie ! Les Manchots vont en fait perdre leurs plumes tous les ans, ces plumes imperméables à l’âge adulte sont le principal atout du Manchot du Cap puisqu’elles lui permettre de chasser sous l’eau. Le hic c’est qu’une fois la mue enclenchée les Manchots ne peuvent plus aller dans l’eau, leurs plumes ne sont plus imperméables, donc ils ne peuvent plus chasser ! A ce problème vient la solution du stockage de graisse, pendant la période de mue les Manchots vont puiser dans ces réserves de graisse comme ça pas besoin d’aller chasser !
Hic n°2 : mais bébé il fait comment ? C’est là que la triste réalité de la Nature prend le pas, les bébés présents à cette période de l’année sont abandonnés par leurs parents qui ne peuvent pas les nourrir, ils sont donc voués à mourir de faim… C’est pour enrayer cette fin tragique que SANCCOB intervient. Alors on pourrait râler que c’est la Nature, qu’on n’a pas à interférer blablabla mais là on parle quand même d’une espèce en danger, la nécessité d’action est réelle. C’est donc comme ça que ces petites boules de plumes se retrouvent avec des congénères eux aussi mal chanceux dans des espèces de petites nurseries de Manchots du Cap.
De la reproduction à la réhabilitation
Les petites boules de plumes présentes dans le centre ne sont pas seulement issus de la nature, certaines sont nées en captivité. C’est aussi l’une des facettes de SANCCOB, sans forcément chercher la reproduction des Manchots présents sur le site, le centre s’est adapté aux naissances surprises ou non de nouveaux pensionnaires en construisant une nurserie avec des couveuses pour accueillir les œufs. C’est aussi d’une importance vitale pour l’espèce, il n’y a en fait aucune raison d’enrayer le processus naturel de reproduction même au sein du site puisque :
- l’espèce a besoin de reproduction
- les animaux retournent dans la Nature.
Parce que oui, petites ou grandes boules de plumes, tous ces Manchots du Cap et autres congénères à bec ne sont pas fait pour rester là. L’idée première étant de les soigner pour ensuite les relâcher SANCCOB tient sa parole et chaque année l’organisation rend leur liberté à des milliers de Manchots et autres oiseaux marins.
Malheureusement parfois certains individus ne sont pas viables pour la liberté et les relâcher reviendrait à signer leur arrêt de mort c’est donc pour ça que vous verrez certains résidents placés à SANCCOB depuis les années 90, des résidents permanents qui ne ce sont jamais vraiment remis de leurs blessures mais aussi des résidents un peu particulier comme Rocky, un Gorfou de Moseley, qui a été retrouvé sur une plage près d’un bateau sans vraiment qu’on sache comment il s’était retrouvé aussi loin de l’Antarticque. Malheureusement pour le moment les recherches sur les maladies aviaires n’étant pas assez poussées et ne sachant donc pas si Rocky ne risque pas de ramener quelques mauvaises bactéries à ses congénères il reste au centre parmi ses cousins éloignés.
Visiter le centre de SANCCOB a été l’une des expériences les plus enrichissantes de mon voyage, savoir au final que l’argent qu’on dépense dans le centre va directement à son bon fonctionnement et au bien être des animaux est sûrement ce qu’il y a de plus gratifiant dans la visite, on est même reparti avec un petit Manchot en peluche adorable ! Si vous passez par Le Cap n’hésitez pas à leur rendre visite en passant par la plateforme de Visit.org, pour nous ça reste vraiment l’Incontournable à faire dans la région.
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