Mdumbi, Eco et moi – 3 jours dans le Transkei en Afrique du Sud

Posée sur ma petite terrasse, assise sur mon petit banc de rondins j’ai la mer en face de moi, l’océan Indien qui s’étale à perte de vue derrière les arbres de Mdumbi. Les petites maisons aux toits de chaumes m’entourent et à mes côtés j’ai mon fidèle Eco, mon Ghost à moi, qui est devenu mon compagnon de quelques jours.

Ce week end là à Mdumbi ce n’est pas les voix d’étrangers du monde entier qui retentissent dans le backpacker mais une cloche et des chants religieux, ce week end on sera à peine plus de 5 à se partager ce petit paradis, nous et la communauté religieuse des environs de Mdumbi.

mdumbi bakcpackers
mdumbi bakcpackers

Quand je suis arrivée ici, après 6h de route en partant de Cintsa et après avoir passé l’épreuve des routes de graviers avec ma vaillante voiture de location, ça a tout de suite été la satisfaction de se voir perdue au milieu de rien ou presque, on va plutôt dire, au milieu de la communauté Xhosas. Mdumbi c’est ce petit coin du Transkei, à flanc de collines, à quelques kilomètres de Coffee Bay qui vous fait vite oublier sa difficulté d’accès en vous donnant à manger pour les yeux, pour l’esprit et pour le coeur. Je crois que je n’ai jamais été aussi amoureuse d’un endroit que je le suis de Mdumbi.

L’Afrique du Sud a tant de facettes que de parler des unes et des autres au fur et à mesure de mon voyage sur la côte me fait vraiment me rendre compte de l’étendue gigantesque de ce pays et de la multitude de culture qu’il renferme. Dans le Transkei vous pouvez être sûr d’être dépaysé, des collines verdoyantes, une Afrique que je connais bien maintenant, avec des maisons absolument partout, éparpillées sur l’horizon mais une Afrique plus authentique où on découvre ces petites huttes aux toits de chaume surmontées de ces coquilles d’huîtres qui feraient fuir les chouettes et leurs mauvais présages.

Transkei Mdumbi

La Wild Coast a elle toute seule a, si ce n’est plein de visages différents, au moins 2 facettes que j’ai pu voir de mes propres yeux. Après Cintsa et le Buccanneers, sa longue plage presque déserte et son bar animé, je me retrouve toujours plus au nord du Transkei dans un endroit qui transpire la sérénité et qui incite presque à la méditation. Comment décrire Mdumbi ? Assise sur mon banc, face à la mer, perchée sur une haute colline, j’ai du mal à me concentrer sur mon livre, ce que j’ai sous les yeux me déconcentre, m’incite à lever les yeux des lignes de Jules Verne toutes les 2 minutes. Je m’avoue vaincue et je relègue le Tour du Monde en 80 jours à quelques heures plus tard. Ce que j’ai sous les yeux je le prends en photo, frénétiquement, consciencieusement, j’aimerais que mes yeux enregistrent pour toujours ce qu’ils voient, j’ai comme peur d’un jour ne plus me souvenir.

Vue plage Mdumbi
Vue plage Mdumbi
Mdumbi

Comment décrire Mdumbi alors ? C’est dur à dire, jamais aucune photo ne pourra montrer la réelle beauté de l’endroit. L’appareil photo se trompe, la photo ne rend rien ou pas la moitié de ce que je vois. Stupide appareil photo. Alors décrire Mdumbi reviendrait un peu à fermer les yeux et à imaginer la parfaite combinaison entre la terre et la mer, la combinaison qui fait dire que la planète Terre est belle, extraordinairement magnifique. Quand je rouvre les yeux pour fixer à nouveau l’océan mon regard se pose sur ces vagues qui vont dans un sens totalement illogique. Des vagues qui sont perpendiculaires aux vagues. Conceptuel. Je me lève et mes mauvais yeux s’arrondissent, j’imagine à peine la tête que j’avais quand mon cerveau a fait le rapprochement, quand mes neurones se sont connectés pour me donner la réponse à ce “qu’est ce que c’est que ce truc ?!“. Ce truc là, ces formes qui décrivent des petits bons à travers les vagues, qui disparaissent sous l’eau et remontent à la surface, ces formes là ce sont des dauphins. Des dauphins. Mon cerveau hésite 2 minutes, photo ? Pas photo ? Allô Adeline ici le cerveau, qu’est ce qu’on fait ? On reste scotché, les larmes aux yeux et on regarde les dauphins bondir en cadence et s’éloigner de plus en plus et on se dit que ces animaux là, ceux qu’on voit dans un moment de total hasard, dans un moment qui nous fait dire que le destin est plutôt génial, c’est une expérience exceptionnelle de les voir dans l’Océan, une expérience qui n’a rien à voir avec toutes celles qu’on a pu avoir avant.

Ils ont disparus. Totalement. Ou alors peut être que mes yeux n’arrivent plus à les voir. Mon cerveau se trouble, doute un peu, est ce que c’était un rêve ? Est ce que j’ai rêvé toute éveillée ? J’en cherche d’autres en me doutant presque que ce moment unique entre moi et ces lointains dauphins étaient une chance qui ne se reproduira peut être plus.

Mdumbi c’est cette rencontre entre moi et la Nature, celle que j’aime. C’est aussi ma rencontre avec des gens exceptionnels. Je crois que de tous mes mois de voyage en Afrique j’ai rarement eu un aussi gros coup de coeur pour des gens et pour un endroit. J’ai rencontré les Xhosas, ces gens à la langue si particulière, ce peuple, cette tribu qui me fera découvrir ses moeurs, qui me racontera son passé et ses projets futurs avec passion. Des histoires de Mama Mzolo aux dizaines de conversations parfois farfelus avec Notshana, de la passion de Johann pour l’endroit où il est né à ses projets pour soutenir la communauté, je suis tombée amoureuse de cette endroit, des ces gens qui m’ont ouvert leurs portes et qui m’ont considéré comme une amie à la minute où on s’est rencontré. C’est dur de quitter Mdumbi, devant ma petite voiture, Eco me regarde avec ses grands yeux noirs sans trop comprendre pourquoi je lui dis de partir. Un câlin, une léchouille et il s’éloigne pour me regarder d’un peu plus loin m’engager sur la route de gravier. Eco me manque déjà, Mdumbi aussi.

Eco Mdumbi

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6 Commentaires

  1. Coucou,

    Plaisir de te lire entre deux ennuis très ennuyeux mais si insignifiants. 🙂

    J’ai fais cette expérience de la rencontre inopinée des dauphins, ici à la Réunion, ou le débat “Requin” fait souvent rage. Aussi, lorsque fraîchement levé vers six heure du mat et sortant du fourgon, les yeux encore embrumés de rêves vaporeux, je crois voir au large, loin à l’horizon qui s’est élevé proportionnellement à la hauteur de la falaise sur laquelle je me trouvais, des mouvements furtifs. Je pense de suite aux requins, influencé par les débats récurrents. Je scrute, curieux, jusqu’à ce qu’ils réapparaissent, mais ce ne sont pas des requins mes des dauphins, pour mon plus grand plaisir depuis bien longtemps. Ils s’amuseront des grosses vagues quelques longues minutes, s’essayant à quelques pirouettes qui m’ont fait sourire puis disparaîtrons me laissant la sensation confuse de plein et de vide. Oui, un instant de plénitude suivi d’un profond vertige de rien face à l’océan si vide, si neutre, si secret.

    Ce jour la je me suis demandé plus d’une fois quel était le sens que je donnais à ma vie, quels en étaient les actes utiles, constructifs. Quelques part au fond de moi j’en connaissais l’insignifiance. Mais ces Dauphins, surgis des profondeurs de l’océan m’ont fait plonger dans les profondeurs de moi-même, ces profondeurs ou l’on s’aventure si rarement pour en mesurer la dimension quasi infini du soi et l’étendu de notre immense potentialité.

    Je suis Dauphin, heu non, je suis Batiste 😉 bonne continuation Adeline. Merci pour tes textes, pour ce blog. C’est agréable à lire et joli à regarder.

    • Merci pour ce beau commentaire ! La plénitude, c’est totalement ce que m’inspire l’océan quand je l’ai en face de moi, surtout dans ces moments uniques où on croise le chemin de dauphins ou de tout autre animal marin ! Un moment unique 🙂 Ce genre de moments sont précieux ! C’est vraiment un de mes préférés de mon voyage, quand on se rend compte qu’une aussi “petite” chose peut en fait devenir vraiment puissante et qu’elle efface totalement ce qu’il y a autour de nous. Je me suis sentie chanceuse de vivre ce moment là 🙂 Merci à toi de me suivre presque depuis le début ! 🙂

  2. Le transkei est ma région préféré d’Afrique du Sud. tes photos me donnent envie d’y retourner! pour le prochain long weekend peut etre ? 🙂

    • Je suis jalouse ! C’est ma région préférée aussi 🙂

  3. Trop chou Eco! Y’a des endroits comme ça qui nous vont tout droit au coeur et que l’on n’oubliera jamais. C’est le cas pour toi et Mdumbi. Le moment que tu as vécu avec les dauphins est unique et doit s’apprécier comme tel, avec les yeux et l’âme heureuse, tant pis pour les photos, c’est gravé dans ta mémoire et ça, c’est le plus important 🙂

    • Je suis d’accord avec toi 🙂 On a tendance à toujours prendre des photos de tout, moi la première, de peur d’oublier un moment mais au final je me suis rendu compte que les ressentis les plus forts restent gravés malgré le temps qui passe et ces moments là à Mdumbi sont vraiment ancrés en moi, j’espère pouvoir y retourner un jour 🙂


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