Il est 8h30 quand je pose les fesses dans la voiture. Le temps est clair mais pas trop, quelques nuages viennent donner ces contrastes sur les montagnes alentours. J’ai quelques minutes de route avant de pouvoir débuter ma marche. Je roule sur les routes sinueuses qui m’amènent vers le parking de Bellecombe, au-dessus de Termignon. Une fois la voiture posée sur le petit parking, la marche commence, guidée par les panneaux jaunes je m’engage sur le chemin de l’une de ses randonnées qui sont devenues mon oxygène. C’est parti pour 11km de rando jusqu’au Col de la Vanoise.
Départ du parking de Bellecombe à Termignon
Sachez, tout d’abord, qu’il est aussi possible de faire cette randonnée en partant de Pralognan-la-Vanoise. Le dénivelé sera plus élevé depuis le village que depuis le parking de Bellecombe puisque depuis ce dernier se situe déjà à 2307m, le col se trouvant à 2517m. Le dénivelé ne sera donc pas forcément le facteur le plus fatiguant du trajet, même si le plus gros du déniv se trouve à un point particulier ! En fait, le plus fatiguant sur cette randonnée, c’est sa longueur : 11km aller environ. Face à la perspective d’une longue journée de marche, j’ai donc préparé un bon gros repas pour retrouver un peu d’énergie en milieu de parcours.
D’ailleurs, si le Col de la Vanoise est mon point d’arrivée initial, j’espère avoir le pas assez dynamique pour rejoindre le lac des Vaches, ça rajoute quelques kilomètres à mon trajet mais je n’ai aucun doute qu’il vaille le coup !
A la sortie du parking, je suis donc les panneaux qui m’indique la direction du Col de la Vanoise. Le sentier est parallèle à une route qu’il est interdit de prendre à toute personne non autorisée mais les voitures ici sont assez rares et le calme qui m’enveloppe me donne déjà le sourire. Je marche, avec vue sur la Grande Casse qui joue à cache-cache derrière les nuages. Son petit manteau de neige, le ciel bleu et les couleurs roussies de la nature accueillant l’automne, ces petits détails qui me font aimer la Maurienne à chaque changement de saison.
En quelques minutes j’ai déjà une belle vue sur le Plan du Lac que je longe jusqu’au refuge du même nom. Il est assez difficile pour moi de vous décrire l’amour que j’ai pour ces paysages, pour les montagnes qui m’environnent à ce moment-là, pour la Maurienne. C’est assez viscéral comme amour, alors que je suis une fille de l’océan, que j’ai passé mes premières années à quelques kilomètres de l’Atlantique, c’est la montagne, les Alpes, la Savoie, la Maurienne, qui ont gagné mon cœur. Le silence est mon seul compagnon aujourd’hui, je n’entends que les bruissements de la terre sous mes pieds, l’eau qui jaillit de la petite fontaine près du refuge. Chacun de mes pas brise la sérénité du cœur du Parc de la Vanoise et chaque nouveau coup d’œil sur le sentier qui me mène au Col de la Vanoise m’arrache un sourire. Je vous souhaite de trouver un endroit qui vous prendra aux tripes comme ces endroits que je côtoie si souvent, où vous prendrez vos shoot de dopamine en respirant juste l’air qui vous entoure.
Je dépasse le refuge, toujours guidée par les panneaux jaunes si distinctifs des randonnées. Je descends jusqu’à la route en suivant un chemin presque imperceptible, les panneaux suivants comme repère pour ne pas divaguer dans les alpages. Une fois la route traversée, je passe dans les alpages, côtoyant pendant quelques minutes des vaches que j’interromps dans leur petit déjeuner. Je descends invariablement vers un premier pont et me fait la réflexion que la remontée par ce chemin, dans quelques heures, sera sûrement ardue (et je ne me trompais pas !). Je rejoins à nouveau une portion de route que je quitte rapidement pour traverser le pont qui surplombe le torrent de la Rocheure puis je remonte direction le refuge d’Entre Deux Eaux, à nouveau observée par des ruminantes attentives à mes faits et gestes.
Jusqu’ici le terrain n’est pas trop abrupt, je croise 3 randonneur.se.s près du refuge. La dame aura une phrase bien juste “ça ne fait que monter et descendre ici !”. Eh bien oui, je recommence à descendre justement. Je dépasse quelques fermes d’alpages et je longe le torrent de la Leisse pour rejoindre le pont de Croé-Vie. L’eau coule sur le sentier qui porte aussi les stigmates des passages des quelques vaches qui broutent ici. La terre est retournée et se mélange aux bouses, ici l’avancée devient légèrement compliquée ! La terre gorgée d’eau et piétinée m’oblige à faire quelques sauts en équilibre sur les pierres qui parsèment le chemin, je serai plus douée à l’aller qu’au retour où j’aurai la chance de mettre un pied (gauche, ça porte bonheur) dans la bouse et de m’enfoncer ensuite presque jusqu’au genou dans ce que j’espère être de la terre trempée.
Le sentier devient plus praticable à quelques mètres du pont. La vue est la même depuis environ 8 kilomètres avec un aperçu enneigé du Dôme de Chasseforêt, mais s’apprête à changer au moment où je traverse le pont pour faire face au vrai dénivelé de cette randonnée vers le Col de la Vanoise.
Vers le vallon de la Vanoise
La montée m’oblige à récupérer mon pas de la randonneuse, lent et régulier. J’ai tendance à toujours marcher trop vite et à vite m’épuiser, trouvant alors dans les pauses des moments salvateurs pour reprendre mon souffle. Heureusement, au fil des randonnées, j’apprends ! L’ascension est assez raide, j’avale le plus gros du dénivelé vers le Col de la Vanoise à ce moment-là.
Le chemin serpente et alterne entre sentiers de terre et petite escalade sur les rochers, tout ça sous le regard toujours embué de nuages de la Grande Casse. Je croise une stèle mémorielle, arrive au pied de bunkers bien planqués au creux des rochers et fait la rencontre d’une marmotte grassouillette qui n’a strictement rien à faire de ma présence, et qui gambade entre les pierres. Je lève le nez et voit voler au-dessus de moi des rapaces qui décrivent des cercles dans le ciel. Tout ici est comme une récompense perpétuelle pour moi, chaque minute d’ascension, chaque mètre de dénivelé avalé, chaque goutte de sueur est récompensée par un regard sur ce qui m’entoure et sur les animaux qui croisent mon chemin. La montée se termine vraiment une fois les bunkers passés et à partir de là, un tout autre paysage s’offre à moi.
L’arrivée au Vallon de la Vanoise est une nouvelle claque de beauté. J’embrasse le paysage qui m’entoure avec un sourire de satisfaction et de bonheur. Le sentier me fait longer le ruisseau de la Vanoise et j’alterne entre le silence de la montagne et les glouglous de l’eau qui tombe en petites cascades. Il y a de la perfection chromatique en automne dans le Parc de la Vanoise. Une association de couleurs complémentaires qui me rappelle que la perfection vient de la nature et qu’elle est la seule à pouvoir nous l’offrir. Je savoure ces teintes d’orange et de bleu, quelques rencontres avec de nouvelles marmottes, un véritable champ de marmottes même, qui me coupent la route ou qui m’accompagnent sur quelques mètres avant de repartir vaquer à leurs occupations.
Au loin, après quelques kilomètres sur ce chemin qui fait exploser mon coeur de bonheur, j’aperçois des cairns, beaucoup trop de cairns. J’avais entendu parler de la frénésie de certaines personnes pour les cairns, touristes apparemment excité.e.s à l’idée de monter leur petite tour de pierre si instagrammable, n’importe où, n’importe comment. Je rappelle à ces gens que les cairns sont fait, chez nous, pour baliser un sentier. Arrivée devant ce champ de crottes visuelles, je me demande bien à quoi pensent les gens. Je ne sais plus où est le sentier, je me retrouve à désespérer devant ces tas de pierres posés en vrac partout et surtout n’importe où. Vous trouvez les cairns jolis ? C’est bien. Vous voulez faire le vôtre ? D’accord, à partir du moment où vous ne déterrez pas les pierres et où vous le détruisez ensuite. La montagne s’en fout de votre cairn et honnêtement, pour les randonneur.se.s, une telle profusion de cairns, c’est un ensemble de messages qui empêchent la lecture claire du terrain.
Je slalome donc entre ces tas de crottes (oui, ça m’agace ces tendances instagram) pour retrouver ce qui me semble être le vrai sentier et je reprends une longue inspiration pour me recentrer sur ce qui m’entoure, ces belles zones humides du vallon de la Vanoise et les beaux lacs que je croise : le lac du Col de la Vanoise et le lac Rond, qui ont perdu un peu de leurs substances à cette époque de l’année mais qui tranchent d’un superbe bleu sur l’herbe rousse.
Le refuge du Col de la Vanoise et le lac des Vaches
Le refuge n’est plus très loin, une dernière montée après le lac Rond et j’aperçois mes premier.ère.s humain.e.s depuis plusieurs kilomètres. Je me doute alors que j’approche du but. C’est l’heure du repas et ils/elles sont posé.e.s en grappe de-ci de-là jusqu’au refuge du Col de la Vanoise. Comme je vous le disais au début de cet article, il est possible de rejoindre le Col autrement que par le chemin qui part de Termignon. Vous pouvez aussi y aller en passant par Pralognan-la-Vanoise, en faisant une boucle par le lac des Vaches et le lac des Assiettes. Je suppute que la plupart des personnes que je croise ont d’ailleurs fait cette route.
Arrivée au refuge, je comptabilise à peu près 11km pour 3h30 de marche, étant donné que je suis un peu en avance sur ce que j’avais prévu, je décide de pousser jusqu’au lac des Vaches, à 4km de là, pour m’y installer et manger. Je croise le plus gros des autres randonneur.se.s sur le sentier qui descend vers le lac. Je passe près du lac Long qui fait la tête, réduit à peau de chagrin, et j’emprunte la descente pour le Lac des Vaches. La descente est assez raide, j’ai déjà les genoux qui grincent et je me fais la réflexion que j’aime 100 fois plus monter que descendre ! Le lac est rapidement en vue. Il est assez célèbre pour la passerelle faites de blocs de pierre qui le traverse. Malgré le potentiel de l’installation, je préfère rester légèrement en hauteur pour l’apprécier en même temps que le panorama qui entoure le lac. Je me pose sur un sentier alternatif, entre quelques roches, et je respire profondément. 15km, 4h de marche et je suis arrivée à destination. Je croque mes carottes, mon concombre et mes sandwichs au houmous de lentilles corail, m’accordant une petite pause d’une demi-heure pour récupérer de la fatigue qui commence à s’installer. Je ne souffle pas très longtemps, il est déjà 14h, et je sais que la fatigue me fera aller doucement sur la route du retour. L’idée aussi de manger le dénivelé de l’aller, en négatif cette fois, va considérablement user mes genoux sensibles. Une demi-heure de pause, une grande inspiration, un peu de méditation et je repars pour Termignon, laissant derrière moi le Col de la Vanoise et une matinée de marche qui m’aura fait un bien fou.
Aller au Col de la Vanoise et au lac des Vaches depuis Termignon
2516m d’altitude pour le refuge du Col de la Vanoise
543m D+, 11km pour le Col, 15km pour le lac des Vaches (aller)
3h30-4h de marche
La plus grosse difficulté est la montée après le pont de Croé-Vie.
Possibilité de faire la randonnée depuis Pralognan-la-Vanoise mais D+ plus élevé.
4 Commentaires
Bonjour
Je conseille également cette belle randonnée
Merci pour votre commentaire !
Merci pour la chronique littéraire de votre enchantement. Coloriée, oxygénée, revigorante. Je suivrai vos pas, Adeline. J’irai au col de la Vanoise.
Bien à vous.
Very interesting subject, regards for posting.Blog money