Comment sont perçus les tatouages en Afrique ?

Depuis que le projet a germé dans ma tête il y a une question qui me travaille et qui n’a rien à voir du tout avec mes engagements personnelles. Pour ceux qui ne savent pas à quoi je ressemble je suis tatouée et j’ai les oreilles stretchées ( j’ai des écarteurs donc ). Si ces modifications corporelles ne posent pas (trop) de problème en France je me suis demandée comment ça pouvait être vécu en Afrique, dans des pays profondément religieux que ce soit catholique ou musulman et où ce genre de pratiques étaient encore réservées à certaines parties de la population.

Je ne m’inquiète pas de l’impact que ça peut avoir dans les grandes villes où ils sont touchées par notre douce occidentalisation mais je suis curieuse de voir comment ça peut être interprété dans les villages loin des grandes villes.

Les tatouages en Afrique de l'Est

Je n’en ai pas trouvé grande trace pendant mes recherches, on les situe beaucoup plus en Afrique du Nord, Asie, Amérique du Sud ou sur les îles polynésiennes. On ne peut pas dire que ce soit très répandu culturellement parlant dans cette zone de l’Afrique. En discutant avec certaines personnes on m’a mis sur la piste des scarifications qui sont beaucoup plus pratiquées en Afrique.

On retrouve une symbolique aussi profonde dans le tatouage culturel que dans la scarification ethnique. En Afrique les scarifications sont pratiquées pour montrer son appartenance à un groupe, ses choix religieux, sa classe sociale ou le fait d’avoir traverser une étape majeure de sa vie. Les scarifications sont de moins en moins pratiquées en Afrique puisque les différences ethniques s’effacent petit à petit, malgré l’appartenance à un groupe les populations ont de moins en moins tendance à se scarifier puisque de plus en plus on vit dans un monde de normes où la différence peut être mal vécue ou mal interprétée.

C’est assez paradoxal quand même de voir que dans notre pays le tatouage est assez commun ( et pas que dans le notre ), qu’il est même pour certains un effet de mode, alors que dans les pays où les modifications corporelles étaient culturellement implantées on voit les pratiques disparaître pour plus de normalité. Le contraste est quand même assez extrême.

Les écarteurs ou stretching

Contrairement aux tatouages les écarteurs ne sont pas aussi généralisés dans notre pays. C’est une pratique totalement esthétique en France, pas ultra invasive donc pas vraiment contraignante mais apparemment ça ne plait pas à tout le monde de voir à travers son oreille ! En Afrique le fait de se stretcher les oreilles ou les lèvres étaient assez courant. La pratique du stretch a plusieurs causes selon les tribus, en Afrique du Sud plus on a l’oreille stretchée plus on est d’une haute classe sociale. Dans d’autres pays les oreilles sont stretchées pour que les mauvais esprits n’entrent pas dans le corps. Il y a aussi les stretch de lèvres réservées aux femmes qui définissent leurs valeurs pour le mariage. Les écarteurs sont assez courants dans les cultures du continent africain, ça devient donc la dernière de mes préoccupations.

Culturellement parlant le continent africain ne vit plus dans les années de colonisation, avec l’occidentalisation les pratiques comme les tatouages, la scarification ou le stretching sont de moins en moins pratiqués mais elles restent implantées dans une mémoire culturelle, mémoire qui s’est perdue en Europe dès lors que la pratique du tatouage a été interdite par l’Eglise. J’ai cherché une comparaison possible avec notre culture, introuvable, et puis ça va me faire partir dans des digressions de vieille réac anti conformiste.

Au final je n’ai qu’une demi réponse, on ne peut pas vraiment répondre à ces questions quand on n’a pas mis le pied dans les pays concernés donc au final moi, mes tatouages et mes écarteurs on vous tient au courant dans 3 mois quand on sera à Kigali !

Mise à jour post-voyage

Alors, les tatouages et les écarteurs ont-ils été un problème durant le voyage ? Eh bien non ! La plupart des gens sont assez “discrets” sur le sujet, personne ne s’est beaucoup étonné des tatouages et la seule fois où on m’a parlé de mes écarteurs c’était en Tanzanie où on m’a demandé, en riant, si moi aussi j’étais une Maasaï. Au final je pense que les modifications corporelles ne sont pas un problème pour ces populations qui ont des pratiques encore bien présentes ou en tout cas des connaissances sur le sujet. Du coup, tatoué ou percé, ne vous inquiétez pas, ça ne changera pas le regard des gens sur vous !

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6 Commentaires

  1. Super intéressant cet article, je ne suis ni percé, ni tatoué mais je trouve ça très intéressant de se poser cette question !

    • Merci ! C’était un peu frustrant pour moi de ne rien trouver sur les peuples d’Afrique de l’Est jusqu’au moment où on m’a parlé de scarification, une découverte totale !

  2. Super article !
    C’est vraie que généralement, les scarifications sont beaucoup plus répandues que le tatouage dans ces pays !

    • Merci 🙂 Pour le coup avant qu’on m’en parle je ne connaissais pas du tout !

  3. interessant! je suis moi meme tatoué et percé (bientot les deux oreilles en 56) et je me posais justement cette question, comment c’était vu par les gens qui sont “a l’origine” de ces pratiques

    • Eh bien c’est vu avec curiosité, en tout cas pour les écarteurs 🙂 Pour le coup, c’est plus ça que les tatouages qui ont attirés les regards mais sans jugement et toujours avec bienveillance.


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