Anja Community Reserve, une réserve communautaire à Madagascar

Du tourisme responsable ? Vous allez me dire j’en ai fait pas mal pendant mon voyage, que ce soit de moi même en allant à Ngamba Island ou avec Visit.org en découvrant la cutlure tanzanienne. Alors pourquoi l’Anja diffère de tout ce dont j’ai pu vous parler avant ? Sans être vraiment différent l’Anja Community Reserve c’est plutôt ce mix parfait entre une visite qui soutient la communauté et une visite qui soutient la sauvegarde des lémuriens à Madagascar.

L'Anja Community Reserve ou l'amour de Madagascar

S’il fallait choisir une phrase qui collerait bien avec l’Anja Community Reserve ça serait celle là. Quand on descend de la voiture après avoir passé un nouveau moment culture avec notre guide du jour la première qu’on se dit a été : “on va crever de chaud“. Si la chaleur moite de l’île nous colle déjà à la peau on l’oublie assez vite quand on décolle enfin le nez de ses doigts de pieds. Autour de moi il y a des collines, ces collines de pierre qui m’impressionnent par leurs formes toutes si différentes, par leurs imposantes carrures qui montent vers ce ciel qui est aujourd’hui d’un bleu presque irréel. Une véritable vision de paradis, Mada dans toute sa splendeur.

Trêve de rêverie, notre guide a apparemment assez hâte de commencer notre petite escapade dans le réserve. Alors en quoi Anja est-elle différente des parcs qu’on a visité ou qu’on visitera après ? Déjà vous avez sûrement remarqué l’appellation “community reserve” et en fait c’est un peu la seule chose à retenir. Ici c’est la communauté qui gère la réserve donc ce sont les gens du coin qui protègent et préservent le petit bout de forêt, les lémuriens qui s’y trouvent et les gros cailloux qui l’entourent. On se retrouve donc dans notre première réserve “privée” si on veut. Le truc qui est encore plus génial dans l’histoire c’est que le prix de l’entrée ( à 10.000Ar soit un prix dérisoire par rapport aux parcs “publics” ) revient à la communauté locale. Ou tout du moins en partie, bah oui, ne rêvons pas trop, Madagascar n’est pas un exemple d’équité et de justice mais plutôt l’un de ses beaux tableaux contemporains où on aurait peint CORRUPTION en lettres de sang au milieu. Du coup sur ces 10.000Ar on verra la moitié s’envoler de leurs petites ailes vers les caisses de l’Etat laissant à la communauté locale la joie de se partager un énoooorme 5000Ar soit un peu plus d’1€, le début de la fortune !

Refermons là la parenthèse réalisme qui fait saigner du nez pour reprendre notre petit conte de fée à l’Anja.

Anja Community Reserve

Les Makis Cattas de l'Anja Community Reserve

On s’engouffre donc sous les arbres, protégés de la chaleur par leur ombre on évolue doucement à travers les buissons sur un sentier plus ou moins bien balisé qui a même l’air de traverser de petits champs d’arbres et autres végétaux non identifiés. Je prends mon temps pour observer le paysage qui s’offre à moi, m’arrêtant et laissant mon petit groupe s’éloigner lentement jusqu’à ce que je n’intercepte plus que le son de leur pas sur les branches de la forêt.

Quand je me décide enfin à reprendre ma route et à les rejoindre je les trouve le nez en l’air, tout sourire devant le spectacle que j’attendais tant : des lémuriens. Ici à l’Anja Community Reserve les seuls lémuriens qu’on peut observer sont les Makis Cattas, cette espèce que tout le monde connait grâce au dessin animé et celui qu’il est aussi le plus probable de voir en parcs animaliers.

Les Makis Cattas ont de l’énergie ce matin ! Ils se jettent d’une branche à l’autre en gloussant ou plutôt en faisant ce petit bruit caractéristique qui m’arrache toujours un sourire. Vous avez déjà entendu un Maki Catta “parler” ? Ils font des espèces de petits bruits adorables qui me font toujours penser à des miaulements de chats ! Les Makis Cattas sont grégaires, ils vivent en groupe parfois de plusieurs dizaines d’individus qui sont dominés par les femelles, comme chez la majorité des lémuriens. Ici le groupe est assez grand, une petite dizaine d’individus, jeunes et moins jeunes, la cohésion est parfaite et les voir se jeter d’une branche à l’autre pour se suivre, se blottir les uns contre les autres ou se renifler doucement est un de ces moments où tout ce qui se passe autour de moi n’existe plus.

anja community reserve
anja community reserve

Grimper sur les collines de l'Anja Community Reserve

Sauf que, forcément, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose pour me sortir de ma bulle. Si c’est bien quelque chose que je déplore c’est l’empressement de ces tours avec guide : jamais le temps d’observer, il faut toujours bouger. Malheureusement à Madagascar on ne fait rien sans guide, si vous cherchez des balades tranquilles dans un parc où vous pourrez vous posez et observer, des étoiles plein les yeux, les lémuriens vivre leur vie sans se soucier de vous c’est loupé, c’est impossible ( ou presque ) ! Du coup ma frustration est toujours la même quand on m’appelle avec insistance parce que je ne bouge pas, plantée devant les lémuriens, les pieds vissés au sol avec la ferme intention de ne plus rien entendre qui sortirait d’une bouche humaine. Ça dure, jusqu’au moment où on m’amène (de force) sur le chemin vers les collines.

Ça grimpe sec à l’Anja Community Reserve ! On se hisse sur les rochers placés là par la Nature il y a probablement des dizaines de milliers d’années comme pour nous ouvrir la voie vers le sommet des gros cailloux. L’ascension se fait doucement, des araignées énormes par ci, des lézards qui dorent au soleil par là.. On arrive devant une corde et l’ascension se fait bientôt à bout de bras, à la quasi horizontale sur l’un des gros cailloux pour atteindre enfin son sommet et se poser lourdement sur la pointe du rocher, bien accrochée de l’autre côté et nez pointé vers l’horizon, léger vertige oblige.

La vue ? Comment vous dire… Une claque amorcée à une vitesse qui vous en ferait perdre une dent. Oui c’est à peu près ça. On se tait, on se bouche les oreilles, on reste bouche bée. Devant moi s’étale un de ces paysages typiquement malgaches qui me prend aux tripes et fait palpiter mon petit cœur. Le ciel est toujours bien bleu, les quelques nuages qui le parsèment ont cette forme qui me fait tomber un peu plus amoureuse de cette île et de son atmosphère, les gros cailloux s’enchaînent, encerclant les champs, les maisons et ce petit bout de forêt resté debout pour les lémuriens grâce à la communauté.

anja community reserve
anja community reserve
anja community reserve

Quand on redescend la visite a semblé passer en un éclair, la frustration de ne pas pouvoir rester ici des heures est toujours là et au final elle le sera toujours, à chaque fois que je quitte un parc, que je repose mes fesses dans la voiture. J’ai ce regret de ne pas être ce petit caméléon au regard perplexe et à la mine fâchée qui nous jette un dernier regard avant de rejoindre une nouvelle branche. J’ai ce regret de ne pas pouvoir avoir une totale liberté de mouvement dans les parcs mais au final cette interdiction de déambuler à ma guise dans ces derniers sanctuaires de la vie sauvage malgache repose aussi sur la protection de ces espèces et de ces arbres qu’on tuent dans les zones laissées à la merci des populations. On me dira : “c’est un mal pour un bien” mais le constat est quand même assez amer.

Anja Community Reserve

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5 Commentaires

  1. Nous avons adoré cette réserve et idem nous avons regretté de ne pas être rester notamment dans les hébergements prévus. On a été sous le charme du panorama et de ses adorables maki catta qui nous suivaient. Comme nous étions avec un bébé, je pense que nous avons eu de la chance car les guides ne pressaient pas trop le pas ce qui nous a permis d’apprécier ce joli moment. Super ta photo de caméléon, nous en avons vu un mais il n’était pas aussi coloré.

  2. Ooooh les Maki Catas <3 Lors de ma visite de la vallée des singes en Vienne, j’ai pu les approcher de très près, genre à 10 centimètres et je les aies trouvés juste tellement adorables ! J’ai résisté à l’envie de les toucher pour éviter un problème de « reconnaissance de leur odeur » par rapport au reste du groupe, mais j’adore ces animaux 🙂

    • Pour avoir travaillé à la Vallée je t’aurais grondé si tu les avais touché :p En plus ils peuvent mordre ! Mais j’avoue qu’ils sont tellement adorables ! Et impressionnants quand ils commencent à faire leur cri territorial !

  3. Je n’ai pas encore tout lu, mais est-ce que tu as mentionné dans certains articles les endroits où tu as été hébergée ? Je suis en train de me faire une petite liste. Et j’avais justement la réserve Anja en ligne de mire !

    • Non je n’ai aucun article avec les hôtels ! Ca serait une bonne idée de la faire effectivement 🙂 Pour Anja, j’avais dormi aux Bougainvillées d’Ambalavao, les chambres sont très bien et les repas aussi 🙂


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