Madagascar ne possède pas à proprement parler un Wildlife Act qui régit la conservation des espèces dans le pays mais une multitude de lois et de règlements. En lien de cet article je vous mettrai simplement un lien vers un condensé de tout ça avec les problématiques liées aux différents textes.
Madagascar, bonne élève ?
Le pays est un bon élève ( sur le papier ) pour la conservation des espèces et la biodiversité. Madagascar abrite des primates endémiques : les lémuriens, et ces primates représentent à eux seuls 20% des primates de la planète, presque 1/4 ! Et pourtant, malgré cette chance exceptionnelle le pays peine vraiment à respecter les individus de chaque espèce, en fait le pays peine a respecter sa biodiversité en général.
Quand je dis que le pays est un bon élève je parle en fait des conventions ratifiées : 4 conventions internationales, dont la CITES, qui protègent la diversité biologique de l’île par l’utilisation durable de ses ressources mais qui protègent aussi les espèces migratoires ou menacées. En plus de ces conventions internationales on ajoute des conventions africaines qui protègent entre autres les espèces marines ; et les législations nationales qui dès 1923 protégeaient les tortues marines. Il a quand même fallu attendre 1962 pour que des textes soient mis en place pour protéger les lémuriens.
Les lémuriens
Ces primates sont un joyau pour le pays puisqu’on en trouve que dans cette partie du monde, le pays en fait même sa mascotte et c’est probablement une des raisons qui amènent les touristes à visiter l’île ( comment résister à une bouille de lémurien en même temps ! ). Le hic dans ce conte de fée c’est que les lémuriens, comme la plupart des animaux de la planète, sont menacés. D’abord par la déforestation, les forêts de l’île subissent des coupes intensives pour des besoins commerciaux mais aussi pour permettre aux populations d’avoir du feu et donc pour de la nourriture chaude ! De cette déforestation résulte la perte d’habitat et cause la disparition d’animaux comme les lémuriens.
Vient ensuite la chasse. C’est un fléau pour les lémuriens qui sont chassés pour leur viande. Il faut savoir que les lémuriens, contrairement à beaucoup d’animaux, n’ont quasiment pas de prédateurs naturels à part le fossa ! Ils ont pu prospérer sur l’île jusqu’à l’accroissement dramatique de la population qui ronge les forêts et donc chasse pour se nourrir.
J’ajoute une dernière raison à la disparition de la biodiversité de l’île : les mines. Un autre fléau du pays puisqu’elles le gangrènent doucement, des mines pour des pierres précieuses poussent donc un peu partout dans le pays et qui dit mines dit déforestation et modification des territoires, bref encore une catastrophe écologique quand ce n’est pas raisonné ( et ça ne l’est bien sûr jamais !)
La protection des lémuriens
En 2006 Madagascar a révisé certains textes dont les lois concernant la chasse et la protection des espèces. Un décret a donc mis en place une classification des espèces de faune sauvage du pays en les classant en 3 catégories
Les espèces protégées
Cette catégorie se divise en 2 classes : la première protègent totalement certaines espèces sur l’ensemble du territoire ( Catégorie 1.1 ). Pour ces animaux la chasse est interdite, la capture, détention, consommation et commercialisation également ( sauf l’éternel raison scientifique forcément ). Les lémuriens font partis de cette catégorie.
La seconde ( Catégorie 1.2 ) concernent les espèces qui peuvent être chassées ou capturées sous réserve d’une autorisation et dans le respect des quotas fixés par la CITES ( quota d’exportation donc ).
Les espèces nuisibles
Ce sont des espèces qui peuvent être chassées, capturées et consommées sans problème, sans période de chasse particulière. En général ce sont des espèces qu’on trouve sous l’appellation “Least Concern” de l’IUCN c’est à dire des espèces qui ne sont pas touchées par des menaces ou très très peu.
Le gibier
Comme son nom l’indique cette catégorie représente les espèces de chasse que j’appellerai “d’amusement” même si vous avez fini par comprendre mon point de vue sur la chasse si vous me suivez depuis le début ! Ces animaux peuvent donc être chassés et capturés par toute personne titulaire d’une autorisation de chasse pendant la période d’ouverture de la chasse.
La chasse à Madagascar
Pour chasser à Madagascar il faut être muni d’un permis et ce permis dépend de l’utilisation que vous aller en faire. On en compte 3 :
- Le permis pour la chasse sportive qui permet un abattage des catégories 2 et 3 ( ci dessus ! ) pendant la période de chasse.
- Le permis de chasse à but scientifique qui porte sur les espèces protégées. Le quota des animaux pouvant être prélevés est fixé par une commission et depuis 2009 aucune espèce ne peut être prélevée dans les aires protégées gérées par Madagascar National Park.
- Le permis de chasse à but commercial porte sur la chasse et la collecte des animaux de catégories 1.2, 2 et 3 et est en fait géré par des opérateurs qui doivent disposer de centres de stockage agréés pour l’exportation d’animaux sauvages. Des quotas sont fixés selon les espèces.
J’ajoute pour finir que la population de l’île à un droit d’usage concernant la catégorie 3 mais seulement dans un but de consommation personnelle et pas de commercialisation.
Le problème du non respect des textes
Contre toute attente les textes que le pays s’efforcent de ratifier ne sont pas respectés. S’ils étaient respectés vous vous doutez bien qu’on aurait pas de problème d’appauvrissement des populations de lémuriens ou de la biodiversité de l’île en général. Je parle d’un seul problème en plus de ceux que je vous ai exposé plus haut et ce problème c’est que les autorités ne mettent pas en œuvre les sanctions pour ceux qui ne respectent pas les textes. Du coup les lémuriens sont encore chassés pour leur viande alors qu’il est STRICTEMENT interdit de les chasser. On peut aussi parler de la chauve souris frugivore qui est menacée d’extinction par l’IUCN et chassée également pour sa viande.
Le problème réside dans un gros manque d’information des populations, la conservation passe par la sensibilisation qui permet aux populations de se rendre compte de l’importance de leur patrimoine mais aussi par les solutions alternatives comme les fours moins gourmands en bois qui réduisent la déforestation ou les mesures d’alimentation alternatives qui évitent une chasse trop intensive.
Madagascar n’est donc pas un si bon élève concernant la biodiversité, même si le pays participe à la mise en place d’un programme de protection des lémuriens (programme de 2013 à 2016) il reste encore beaucoup de choses à améliorer dans le pays, comme dans tous les autres ! A commencer peut être par la réglementation qui “oublie” de protéger certaines espèces reconnues comme menacées par l’IUCN..
Les ONG contactées
- WWF Face aux menaces qui pèsent sur les population de lémuriens ( déforestation et commerce illégal ) le but de WWF est de protéger, restaurer et maintenir la biodiversité malgache.
- THE ASPINALL FOUNDATION Ils protègent les grands hapalémurs qui sont en danger critique d’extinction. Le dernier compte de population a permis de dénombrer 250 individus, on compte 20 grands hapalémurs en captivité avec presque tous la même ascendance. Le but de la fondation est de travailler avec les populations locales pour protéger les espèces en danger et leur habitat. Ils recherchent les zones non protégées où vivent les grands hapalémurs et rendent ces zones prioritaires. Ils protègent aussi les propithèques couronnés et les indris.
- WILDLIFE CONSERVATION SOCIETY L’ONG aide à former les managers de parcs et à éduquer les populations locales à la protection des forêts et des écosystèmes marins. Ils vendent les crédits carbone de la forêt de Makira pour aider à lever des fonds pour protéger la forêt, supporter l’économie des communautés locales et aider à combattre le réchauffement climatique. Ils protègent aussi les tortues étoilées de Madagascar et certaines espèces endémiques de poissons.
- DUKE LEMUR CENTER C’est un centre qui étudie les propithèques soyeux entre autres, qui fait des recherches sur les particularités génétiques sur différentes espèces de lémuriens et qui met en place des programmes d’éducation pour sensibiliser sur la situation des lémuriens à Mada.
- PLANET MADAGASCAR Le but de l’ONG est de contribuer à long terme à la préservation d’espèces de lémuriens menacés à Ankarafantsika en réduisant les menaces majeures : feu, extraction de ressources et chasse. Ils ont mis en place des partenariat avec les populations locales afin de comprendre leur mode de vie et trouver des solutions pour une meilleure cohabitation hommes/animaux. Ils sensibilisent par l’éducation. Ils ont aussi un programme de protection des Lépilemurs à dos gris et des Microcèbes de Mittermeier qui sont peu connus mais considérés en danger ou vulnérables. Des recherche de données sont faites sur les espèces pour déterminer les risques d’extinction, leur habitat, leur interaction. Et pour finir ils ont également un programme sur les Microcèbes dans le but d’étendre les connaissances sur leur vocalisation, comportement, génétique et répartition géographique.
Mise à jour – 2018
La situation a-t-elle évolué à Madagascar depuis mon passage ? Et bien oui et non, les programmes de conservation se succèdent mais malheureusement le pays a du mal à trouver un équilibre. Si d’un côté les zones protégées s’en sortent bien, de l’autre les zones non classées subissent la mauvaise gestion du gouvernement. Pour ce qui est des lémuriens ils subissent toujours le braconnage, parfois même avec des armes à feu. Le soucis reste toujours le même dans le pays : les lois sont peu respectées.
Je te conseille quand même une association locale qui vaut le coup d’être soutenue, l’Anja Community Reserve. Gérée par les locaux, cette association protège les lémuriens d’Anja, il est possible d’y faire des visites guidés pour voir les Makis Cattas.
4 Commentaires
J’adore ton blog, il est différent et passionnant! C’est rafraîchissant de voir ces thématiques bien documentées et si peu abordées sur la blogosphère 🙂
Oh merci ! Ca me fait super plaisir de lire ça 🙂 🙂 🙂
Bonjour Adeline, moi qui ait perdu espoir en l’humanité depuis bien longtemps que je qualifie plus de PARASITE que d’humain et bien ça fait du bien de voir qu’il y a encore de nos jours des êtres à l’âme pure qui se battent pour la nature et les espèces animale chose qui devient de plus en plus rare de nos jours l’humanité ne pense qu’à consommer encore et toujours et parader en exhibant leurs biens matériel sans jamais se poser de questions sur l’impacte directe qu’ils ont sur ce monde et ses autres habitants. Je me suis reconnu en vous lisant on ressent bien la flamme qui brûle à l’intérieur et que c’est très important en particulier sur la ” chasse amusement ” car de nos jours il est claire que l’homme n’a aucun besoin de chasser pour se nourrir il s’agit bien d’un cruel amusement , un passe temps pour le plaisir de tuer. Car nous disposons d’une tel variété d’aliments a notre disposition que je ne comprends même pas comment en 2021 notre espèce soit disant la plus évolué mange toujours de la viande enfin “du cadavre” sous prétexte des lobbies de la viande et autres que c’est indispensable à notre bonne santé et que les abattoirs ou “camps d’extermination” existent encore de nos jours.
Alors merci d’être là et de faire ce que vous faite pour la faune et la flore de ce monde.
Cédric.
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