De Portrush à Ballypatrick
La nuit a été glaciale, la combinaison bord de mer et absence totale de protection contre le vent a été un combo assez désagréable. Sortir du duvet ce matin est une véritable épreuve mais la journée qui nous attend nous motive un peu. On n’a pas beaucoup de kilomètres de prévu puisqu’on va beaucoup s’arrêter pour découvrir quelques unes des merveilles parsemées tout au long de la côté nord-irlandaise.
On commence notre escapade du jour par la découverte du très beau château de Dunluce, un château en ruines qui surplombe la mer. L’entrée du château coûte 5£, notre tout petit budget ne nous permet pas de faire trop d’extra et on arpente plutôt les abords du château pour le découvrir de l’extérieur. On tombe rapidement sur un escalier qui descend vers la plage et qui nous permet d’avoir une vue imprenable sur la vieille bâtisse. J’adore toujours autant les vestiges du passé surtout que le château de Dunluce est l’objet de quelques histoires croustillantes et parfois dramatiques qui viennent ajouter un peu de romanesque à sa découverte : il paraîtrait qu’au XIIIème siècle une dame blanche y est apparu pendant plusieurs années, un fantôme qui disparu après que l’un des fils du propriétaire l’ait enfin abordé alors qu’elle se promenait sur la plage. Et puis il y a cette histoire dramatique, beaucoup moins merveilleuse, de la cuisine du château qui s’effondra avec un morceau de falaise au XVIIème, ça a plus ou moins signé la fin de la demeure puisqu’elle a été par la suite abandonnée, jugée trop dangereuse pour ses habitants. Aujourd’hui il est donc possible de la visiter pour 5£ mais si vous avez un petit budget comme nous sachez que l’extérieur est déjà très beau !
La Chaussée des Géants
La suite de notre périple du jour nous amène à la fameuse, la tant attendue par Dimitri, la magnifique et donc vachement touristique Chaussée des Géants. Alors la Chaussée de Géants, vous en avez sûrement tous entendu parler, c’est cet endroit unique au monde où vous pouvez observer les formations rocheuses les plus énigmatiques. La légende dit que la Chaussée a été construite par un géant écossais qui voulait en découdre avec son cousin irlandais. L’écossais était si grand que l’irlandais pris peur et se déguisa en bébé. L’écossais prit peur à son tour en voyant la taille d’un tel bébé et déduisant que le père devait être gigantesque. Il retourna bien vite chez lui, démontant la chaussée et ne laissant derrière lui que des vestiges, ces pierres hexagonales collées les unes aux autres.
Pour atteindre ce lieu de légende nous laissons nos vélos près du restaurant et de la boutique souvenir. Un homme attablé nous fait signe et nous explique rapidement qu’on peut passer sur le côté pour rejoindre la Chaussée sans avoir à payer l’entrée et l’exposition qui, selon lui, n’a aucun intérêt pour les adultes, il nous invite simplement à passer à la boutique souvenir après pour prendre un café ou autre.
On monte le talus qu’il nous a indiqué et on rejoint rapidement le chemin de randonnée par où beaucoup de visiteurs arrivent avant de redescendre vers la route asphaltée qui mène à la Chaussée. Il y a beaucoup de mondes, certains flemmards sont même transportés par mini-bus jusqu’au site ce qui nous dépasse totalement puisque plus que le site en lui-même ils perdent la chance de s’émerveiller sur ce qui vient avant.
Malgré tout je pense que je n’ai jamais eu autant de mal à m’émerveiller d’un lieu qui est pourtant magique. Le monde sur les rochers qui déambulent, monte, descend, se prend en photos des centaines de fois, te foutent en l’air ta propre photo, c’est presque étouffant. C’est aussi ça la contrepartie de notre déplacement lent, on est parfois obligé de faire avec ce genre de raz-de-marrée touristique à défaut de pouvoir atteindre les endroits qu’on souhaitait voir rapidement ou tôt le matin.
Après s’être repaît du paysage, d’avoir tenté de prendre des photos sans asiatiques dans le champ on rejoint les vélos, on achète notre petit magnet souvenir et on part vers Ballintoy.
Ballintoy et Carrick-A-Rede
Je commence à en avoir un peu marre du radada incessant et l’arrivée dans les alentours du port qui a servi à filmer quelques scènes de GoT me tue un peu plus. On dévale à toute allure la côte qui descend vers la mer et puis je m’arrête en plein milieu en hurlant sur Dimitri que c’était vraiment une idée de merde de descendre. « C’était la tienne », ah bon ? Oups. Le port en lui-même est mignon mais disons clairement qu’il n’y a rien de bien transcendant à se triturer les synaspes pour imaginer une scène de la série ici, tout est tellement modifié que j’avais même oublié que c’était un des lieux de tournage. Du coup on part aussi vite qu’on est venu (enfin après avoir été ralenti par la pente à remonter évidemment) direction le pont suspendu de Carrick-a-Rede.
Je hurle encore mon désespoir lors de la descente vers le parking du pont, la simple pensée de la remontée me donne des sueurs froides ! On attache nos vélos et on se dirige vers le point d’accès au pont. On est assez surpris de voir le guichet et les fils d’attente alors qu’ils nous avaient semblé lire que l’entrée était gratuite si on ne voulait pas traverser le pont. Ne voyant pas forcément l’intérêt de le faire, on est quand même plus intéressé par le pont en lui même que par l’expérience de la traversée, on décide de couper la ligne et de passer outre le guichet. On a l’impression d’être des gros hors la loi, l’adrénaline monte en pique et on se demande si on va pas se faire engueuler par de furieux irlandais qui nous sommeraient de payer séant l’entrée de cette énorme attraction touristique. Mais non, personne ne nous embête et on commence à trouver légèrement abusé qu’il ne soit marqué nul part qu’on puisse passer sans payer si on ne monte pas sur le pont, ça sent bien la vente forcée… On continue notre route jusqu’au pont où plutôt quelques mètres avant le pont puisqu’une fil énorme nous arrête, la fil d’attente pour monter sur le pont. Au final on ne verra pas très bien le pont suspendu puisque le panorama nous le cache, ce qui ne nous frustre pas vraiment puisque quelques kilomètres de vélo plus loin on tombera sur une vue imprenable dessus.
Au final, après une cinquantaine de kilomètres passés sur la Costal Causeway Road je pense pouvoir affirmer que c’est l’une des plus belles routes qu’on ait pris. La piste est fantastique et si on oublie le radada qui casse un peu le rythme parfois, les paysages sont tellement magnifiques qu’on oublie vite la difficulté. On termine dans une forêt de pins perdus au milieu de nul part pour notre avant dernière nuit en Irlande du Nord.
De Ballinpatrick à Larne
Après la nuit dernière bien pourrie, on se réveille vraiment bien dans notre forêt de pins. Si vous n’avez jamais campé sauvage, c’est vraiment une bonne expérience, d’expérimenter le vrai calme, de se sentir seul au monde, de se lever la nuit pour aller faire pipi à 5m de la tente parce que, si vous êtes comme moi, vous avez l’esprit qui part vite dans des délires surnaturels et que vous avez trop peur de voir apparaître des yeux jaunes dans la nuit noire. Non vraiment, après avoir alterné les nuits en camping ou en hôtels et les nuits dehors j’ai de loin préféré être seule avec mon pacsé, dans notre maison de toile, dans les forêts parfois un peu glauques mais toujours tranquilles. On se réveille toujours beaucoup plus heureux dans la forêt, loin de tout. On est des sauvages et c’est vrai que la présence humaine parfois nous dérange, du coup dormir dans des forêts paisibles est l’un des moments que j’aurais préféré pendant ces jours de voyage…
Mais le voyage, en ce vingtième jour, n’est pas encore fini. On se réveille donc tranquillement dans notre petite forêt, il caille sévère, tellement que je m’enroule dans plusieurs vestes pour survivre à l’humidité ambiante. Hier soir on avait fini notre journée avec une belle montée jusqu’à la forêt, la matinée ne sera donc qu’une longue longue descente. Dimitri râle de me voir filer comme une fusée, je crois que la route n’a jamais été aussi simple depuis le début, mon vélo est plus léger et moins chargé que celui de Dimitri et je savoure l’air frais sur mon visage alors que je prends de plus en plus de vitesse. Pas folle non plus, je donne quelques petits coups de frein pour réduire mon allure et ne pas semer mon pacsé, je me rends compte à ce moment là que mes freins arrières sont morts. J’ai beau pressé la poignée, mon vélo ne freine pas ou tellement peu. Pas de panique à bord, j’attends une remontée pour voir mon allure se freiner naturellement. Je rafistole rapidement mes freins en resserrant la vis, je récupère un peu de moue sur ma poignée en sachant très bien que ça ne durera pas mais je ne m’en inquiète pas plus que ça (Dimitri est plus inquiet que moi).
La route est tout ce qu’il y a de plus simple, des menues montées, une route presque plate qui suit la côte, c’est un pur bonheur de finir l’Irlande du Nord sur le spectacle des vagues qui s’écrasent sur les falaises. Du coup, avec la route simple et la descente cheveux au vent de ce matin on arrive assez tôt à Larne, notre point de départ pour l’Ecosse. On s’installe au camping après avoir avalé un sempiternel burger au Coffee Doc, le camping est situé en pleine ville, ce qui me perturbe un peu, c’est la première fois que je vois une chose pareille. Ceci dit il n’y a pas trop de monde et c’est sûrement le moins cher de tout notre voyage, 10£ pour 2 personnes !
On compte nos derniers kilomètres, 1200 depuis notre départ et demain on part pour la belle Ecosse.
L'itinéraire
Le guide pratique
On n’a fait aucun restau sur la Causeway Coastal Route préférant pique-niquer le midi de notre escapade entre la Chaussée et Carrick-a-Rede pour éviter les restaurants touristiques pas toujours super bons et souvent super chers pour le contenu de l’assiette…
Nous n’avons au final mangé au restau qu’à Larne et je vous avoue ne pas en avoir un souvenir très très clair (en somme c’était pas l’adresse de l’année).
La Ballypatrick Forest est un bon choix si vous voulez camper sur la route. C’est une forêt de sapins, juste à côté de la route mais qui s’étend assez en profondeur pour éviter d’être vu. A savoir que peu de voitures passent donc les nuisances sonores ne sont pas extrêmes.
Pour le camping à Larne, on vous conseille vraiment le camping de la ville, on y était fin juin, il y avait très très peu de monde, et tant mieux parce que le camping n’est pas grand. Pour 10£ pour 2 vous avez aussi accès aux douches, c’est vraiment très très honnête.
Oulala mais tellement de choses ! La Causeway Coastal Route est connue pour ses merveilles, à côté de la Chaussée des Géants ou de Carrick-a-Rede qui sont des lieux très touristiques il y a aussi juste le plaisir de longer cette fantastique côte où tout est émerveillant. Alors que voir ? Eh bah la Causeway Coastal Route !
Si vous passez par le chemin non payant de la Chaussée n’hésitez pas à aller faire un tour dans la boutique souvenirs juste à côté, apparemment c’est un passage chaudement recommandé et puis vous pourrez repartir avec votre petit souvenir de ce magnifique endroit 🙂
2 Commentaires
” … Je rafistole rapidement mes freins en resserrant la vis, je récupère un peu de moue sur ma poignée, …” Mc Gyver en puissance ! 🙂
Les photos et la description de cette partie de votre aventure montre une nature belle et sauvage … comme j’aime !
Chad
PS : Pas vu de photos du pont suspendu de Carrick-a-Rede ! Normal ?
J’ai été bien éduqué :-*
La photo est bien là, il faut juste plisser un peu les yeux pour apercevoir le petit pont entre les 2 bouts de terre 😀