L’Irlande du Nord à vélo – De Convoy à Portrush

Résumé des épisodes précédents : 16 jours que j’ai les fesses scotchées à la selle, 16 jours que je bouffe du dénivelé entre BretagneCornouaillesPays de Galles et Irlande, 16 jours que j’en prends plein les yeux et que je me lève chaque matin, la tête enfarinée mais heureuse d’être là. Là c’est en Irlande, près de Convoy, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Irlande du Nord.

De Convoy à Derry

Je me réveille dans mon champ, il fait bien frais ce matin mais ça n’empêche pas les midges, ces étonnants petits moucherons dont je vous ai déjà parlé quand on était à Glendalough, de nous dévorer avec ardeur. La plus grosse difficulté de ces matins de voyage c’est sans aucun doute de réussir à s’extraire du duvet et de mon pyjama tout chaud pour enfiler mes vêtements froids. Je gémis longuement lorsque Dimitri m’arrache mon duvet pour m’obliger à me bouger un peu et me redresse péniblement pour saisir mes quelques vêtements éparpillés à mes pieds. Leur contact glacé me fait faire une grimace et je récupère aussitôt mon duvet pour y retrouver un peu de ma chaleur de la nuit, non vraiment 10° en plein mois de juin c’est de la torture.

Malgré tout il faut repartir pour Derry, la perspective de retrouver de l’eau chaude et un lit me pousse à sortir de ma torpeur et à m’activer pour le départ. Eh oui, ce soir on dort à Derry, cette ville bien connue pour avoir été le lieu du Bloody Sunday que chantait U2 il y a quelques années, une ville de résistants face à l’invasion des britanniques. On quitte la route principale qui nous a mené dans notre champ pour retrouver des petites routes et des petits villages aux maisons mignonettes et aux champs remplies de vaches qui accourent littéralement lorsqu’elles nous voient approcher. On se retrouve parfois aussi sur des pistes, Dimitri exulte, ça c’est de la route comme il les aime, pleine de terre, de trous et de cailloux ! Malheureusement pour lui cette petite piste ne durera pas longtemps et notre périple pour Derry non plus puisqu’au bout de quelques heures et de quelques 42km nous voilà arrivés dans la ville.

A nouveau refoulés au check-in de l’hôtel (comme à Dublin!) on ne se démonte pas et on trouve rapidement un restaurant près de l’auberge pour se sustenter. Heureusement pour moi le Ice Wharf propose des plats végétariens et même vegan et je peux dévorer mon curry vegan tout en rêvant de ma prochaine douche.

La douche prise et les affaires éparpillées dans la chambre, dont la tente qui finit sous le lit pour ne pas sentir le rat crevé dans 2 jours à cause de l’humidité, on décide d’aller faire un tour dans Derry ou plutôt Free Derry. Cette ville est un peu une ville musée, tristement célèbre pour son combat contre l’invasion britannique mais aussi pour les conséquences de ces combats : des morts. Les murs du centre-ville sont habillés de peintures gigantesques qui représentent des moments de cette lutte pour la liberté mais aussi pour rappeler à la mémoire ceux qui sont tombés sous les balles anglaises en 1972. Je vous avoue que, malgré qu’on ait passé la frontière d’Irlande du Nord, le simple fait d’être au Royaume-Uni me fait un drôle d’effet. J’étais, il y a quelques kilomètres, en Irlande, dans un pays indépendant, et aujourd’hui je suis dans une enclave britannique, cette possession me semble insensée et profondément hors du temps ! Comble du hasard, on aura quelques explications de cette présence britannique sur le sol irlandais dans une exposition du Guidhall, à la fois passionnante et dérangeante, j’en apprendrais un peu plus sur la présence des britanniques sur le sol irlandais. D’ailleurs vous saviez que Derry a été longtemps (et encore parfois aujourd’hui) appelé Londonderry ? Exclusivement pour montrer aux irlandais qu’ils étaient sous le joug britannique. Si vous passez par là ne dites jamais Londonderry, c’est d’ailleurs souvent effacé sur les panneaux…

Notre soirée se termine autour d’une pizza dans un restau juste à côté de notre auberge et puis surtout sous la couette, bien au chaud, ça tombe plutôt bien, dehors il s’est enfin mis à pleuvoir, la Nature fête notre 1000ème kilomètres à sa façon.

Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry

Free Derry

Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry
Irlande du nord à vélo derry

De Derry à Portrush

Le ballet incessant des portes qui s’ouvrent et qui se ferment m’ont réveillé toute la nuit, c’est vous dire comme, lorsqu’on récupère les vélos au matin, j’ai une tête qui en dit long sur mon humeur. Comment ça je ne suis officiellement pas du matin ? On va juste dire que mon sommeil est sacré et là il a été violé toute la nuit. On prend quand même la route vers Portrush. On se retrouve rapidement sur une piste cyclable ce qui a le don d’alléger mon humeur (je n’aurais clairement pas survécu à du radada ce matin). On dévore les kilomètres jusqu’à la plage de Downhill. Je voulais absolument voir cette plage en bonne fan de GoT que je suis. J’avais listé avant le voyage toutes les endroits qui avaient été des lieux de tournage pour la série et qui se trouvaient sur notre route. Downhill donc, une longue plage, venteuse et grise le jour de notre arrivée, mais l’endroit est surtout magnifique par la quasi-absence d’infrastructures. Il n’y a rien, à part le Temple de Mussenden au loin qui surplombe la plage du haut de la falaise, une bâtisse du XVIIIème. Je crois que j’ai rarement été aussi excitée du voyage que sur cette plage, j’oublie ma nuit pourrie et je suis comme une enfant à sauter partout. Je suis une fille de l’océan après tout, l’air de la mer me met toujours dans un état d’euphorie. 

Irlande du nord à vélo

Downhill Beach

Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo

Ma petite crise d’hystérie passée il est temps de trouver un endroit où manger. On dévore la côte interminable qui nous fait reprendre quelques mètres d’altitude, je fais tout de suite moins la maligne et on finit par atteindre la petite ville de Coleraine. La piste cyclable longe la côte et je m’étonne vraiment de voir que les irlandais du nord, un peu comme leurs cousins anglais, ont une passion dévorante pour le golf. Mais dévorante au point de faire ce qui est pour moi tout à fait sacrilège : installer des golfs en bord de mer. On regrette vraiment de ne pas pouvoir profiter du paysage sans voir les locaux en tenue réglementaire de golf, club à la main, drapeaux au vent.

 

Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo
Irlande du nord à vélo

Autre bizarrerie pour nous autres français, les campings de mobils-home. Je vous en ai peut être déjà parlé mais souvent dans les pays anglo-saxons il semble que les locaux soient fans de camping-cars et mobils home au point de créer des camps spécialement pour ces petites maisons pleines de conforts. On a du mal à saisir l’intérêt de venir passer des journées entières enfermés dans un mobil-home. Dernière étrangeté, extrême cette fois, alors qu’on paye notre emplacement dans ce camping de mobil-home et qu’on va pour installer on se retrouve devant un gigantesque rectangle d’herbe absolument pas abrité, en plein vent, entouré d’une route asphaltée (oui parce que ce camping ressemble vraiment plutôt à un petit village de mobil-homes). On a le rectangle d’herbe pour nous, on essaye de déterminer quel coin de cet autoroute à vent est le moins exposé, et après avoir décrété que cet endroit était vraiment merdique on décide de s’installer en plein milieu, en se disant qu’au moins ça nous évitera d’avoir à supporter les allers et venues des gamins qui jouent au foot un peu plus loin. L’erreur. C’est avéré qu’un gamin n’est pas la créature la plus maline de la création sauf que ceux là ne s’attendaient probablement pas à ce que Dimitri ait le sang un peu chaud. Il a suffit qu’ils passent un peu trop près de la tente et qu’ils viennent même taper sur la tente (ces inconscients) pour que mon pacsé sorte, furibond, leur court après en hurlant, en français, pour qu’ils détalent comme des lapins glapissants. Bon, on a rien contre les gamins mais note à tous les parents qui laisseraient leur progéniture déambuler à 22h près de notre tente : c’est une très mauvaise idée.

Le calme revenu sous notre maison de toile on prépare notre découverte du lendemain : la Chaussée des Géants.

L'itinéraire

Le guide pratique

A Derry je vous conseille le Ice Wharf, pas cher, bon et avec quelques plats végétariens et vegan, ça vaut le détour même si l’endroit peut vite devenir une usine aux heures de repas, les tables sont assez rapprochés et le niveau sonore monte vite !

Attention dans certains campings les réchauds sont interdits ! Nous avons fait fi de l’interdiction qui est une tentative à demi-voilée de vous faire acheter au magasin du “camping”.

Nous avons dormi à l’Hostel Connect. Si l’auberge est très bien située, le petit déjeuner correct (bien fourni même si je regrette un peu le délire des anglo-saxons à mettre de l’huile de palme presque partout !) niveau isolation sonore pour les chambres on repassera. Si vous n’avez pas le sommeil léger, et encore, ça peut être un bon choix, sinon passez votre chemin !

Pour ce qui est de camper, vous pouvez trouver beaucoup de champs qui cultivent de l’herbe pour les animaux, a priori vous pouvez y être tranquille si vous prenez garde à ne pas vous faire trop remarquer. 

La route entre les deux Irlande est assez agréable et le passage de la frontière avec le gap, ces montagnes énormes qui vous donnent l’impression de vous faire une haie d’honneur, ça vaut le coup d’oeil !

Free Derry, évidemment est un incontournable si vous passez dans la ville. D’ailleurs il y a pas mal de pistes cyclables, ce qui est super commode pour se déplacer ! (Attention, on évite de dire Londonderry une fois en Irlande du Nord, c’est très mal vu !).

Si vous êtes des fans de GoT vous allez pouvoir vous faire une liste de lieu à visiter sur la côte nord-irlandaise, à commencer par Downhill, qu’il faut passer voir même si on n’aime pas GoT. Le seul bémol c’est que les voitures ont accès à la plage…

irlande du nord à vélo

Tu as aimé cet article ? Partage le !

Laisse un commentaire, j'aime bien te lire :)

8 Commentaires

  1. “Le calme revenu sous notre maison de toile on prépare notre découverte du lendemain : la Chaussée des Géants.”

    Je tourne la roulette de ma souris pour découvrir la suite de vos aventures …

    Je tourne la roulette de ma souris pour découvrir la suite de vos aventures …BIS

    Bah … RIEN de RIEN !!! :-/

    Aaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh ….. Pas de suite !!!!

    Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!

    Vais-je devoir attendre ??? …

    … Oui ! (De toute évidence) 🙂

    Bon, je savoure cet épisode et j’attends …

    … la suite, la suite, la suite, la suite, la suite, la suite, la suite, … (encore et encore) 🙂

    😉

    • Le prochain article est déjà écrit en plus, avec des photos de FOU. J’ai hâte de le publier 😀

  2. Quel courage vraiment ! Je ne cesserais de le dire à chacun de tes articles !

  3. Ahah ! Je dirais qu’en voyage à vélo, le sommeil devient une chose extrêmement sacrée. Conséquence : tout manquement au respect de ce dernier entraîne des problèmes ! Chouette récit et voyage en tout cas.

    • Merci Mila ! J’avoue que le sommeil, de manière général, est pour moi une activité tout à fait sacrée ahah, je ne réponds plus de moi s’il me manque une heure de sommeil !

  4. J’ai tellement d’admiration pour ton effort tout le long de ce périple! Mais les paysages de la côte doivent aider à tenir le coup!

    • Merci Annabelle ! C’était pas facile tous les jours mais c’est comme toute entreprise un peu compliquée, tu es pleine de fierté à la fin et pleine de nostalgie malgré les moments difficiles 🙂


Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *