Le Pays de Galles à vélo – De Barnstaple à Fishguard

De Barnstaple à Burry Port

Malgré notre campement largement à découvert, personne n’est venu troubler notre repos et on se lève tranquillement pour partir à Barnstaple. On a encore pris du retard à cause de ces routes de l’enfer qui montent et descendent et puis remontent et redescendent, on a donc pris la décision de prendre le train pour Swansea, ce qui nous fera faire en 5h ce que nous aurions dû faire en plusieurs jours. La petite portion de la Tarka Trail qui nous emmène vers la ville me réveille un peu même si, clairement, j’ai toujours du mal avec le matin !

Les billets en poche et les poches sous les yeux on attend sagement le premier des 3 trains qu’on prendra aujourd’hui. Les vélos sont gratuits dans les trains en Grande-Bretagne mais il faut quand même réserver sa place puisqu’il y a parfois des emplacements vélos ou des wagons vélos qui ne comprennent que peu de places (parfois seulement 2). Ceci étant, même si l’idée des emplacements vélos n’est pas mauvaise, en pratique, avec nos gros vélos de voyageurs, l’affaire se complique un peu. Une fois les vélos hissés dans le train, et après avoir largement pesté contre les locaux qui me regardent béats en se demandant pourquoi je n’arrive pas à monter mon vélo toute seule (à savoir qu’il y a très peu de voyageurs à vélo dans cette région du monde, beaucoup de cyclistes ont des vélos de courses… Léger donc !), on doit souvent se débarrasser de nos sacoches pour faire rentrer les vélos dans des emplacements absolument pas pratiques : des crochets au plafond. Dimitri aura même à démonter son guidon, trop large pour l’emplacement, bonjour la prise de tête. La galère supplémentaire à laquelle on doit faire face ce jour là c’est le nombre de train qu’on doit prendre : 3, donc 3 fois monter le vélo dans le train, le descendre, enlever et remettre les sacoches, 3 fois à pester contre ces emplacements pour vélos de courses, 6 fois à râler contre les anglais qui me regardent, en souriant, gémir à la descente et à la montée de mon destrier. Heureusement pour nous il s’avère qu’on galèrera avec train 1 et train 2 mais que le wagon de train 3 (comme on avait eu dans le train des Cornouailles vers Bude) nous évitera de refaire les mêmes manoeuvres soûlantes que sont les montages et démontages des sacoches et autre suspension de vélos au plafond.

Après avoir avalé des pizzas, mets absolument pas typique de l’endroit, sur le bord de mer de Swansea, on enquille sur la piste cyclable 4 qui est, à la différence de sa soeur la numéro 3, un vrai petit bonheur : du plat, du plat et du plat ! On longe un peu la plage avant de rentrer dans la ville puis de la quitter en passant par les forêts et enfin à nouveau par la côte et ses espèces des villages résidentiels tout neufs, impersonnels et franchement flippants ! Malgré l’aspect à la Truman Show de ces zones dortoirs je ne peux pas râler sur les infrastructures qui les entourent, on passe par des immenses parcs (où il y a même des rond-points malgré l’absence de voitures !) où la tranquillité est reine et on avale les kilomètres à une belle vitesse.

Le soir arrivant on commence à se mettre à la recherche d’un endroit pour dormir. Ici aucun camping, on opte donc à nouveau pour du camping sauvage dans les grands parcs qui entourent la piste cyclable après avoir échoué dans notre tentative d’investir une guest house (on soupçonne la propriétaire de nous avoir vu devant sa porte et de ne pas avoir daigné nous ouvrir aux vues de notre état de saleté…), les lieux étant, théoriquement assez propices. Malgré l’interdiction de camper on décide de poser notre bivouac en hauteur, la nuit tombe et le temps nous presse un peu. Après avoir dégagé la zone de toutes les ronces qui pourraient avoir raison de notre maison de toile et avoir retenu notre souffle à quelques reprises lorsque, en contrebas, des passants nocturnes déambulaient, on finit par s’installer pour la nuit. 525km fait, j’ai du mal à réaliser !

pays de galles à vélo
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De Burry Port à Newcastle Emlyn

On se réveille en douceur dans notre petite maison de toile entourée de ronces ! Le soleil tape un peu aujourd’hui et on se sent chanceux de n’avoir eu à supporter qu’une journée de pluie depuis notre départ, Dimitri m’avait tellement rabâché qu’on allait se prendre des litres de flottes ! On reprend notre petite piste 4 toute plate et on traverse quelques villages avant d’arriver à la plus grosse ville de la zone : Carmarthen. La circulation se densifie. Après notre bafrage du midi (on mange comme 4 au moins !) on continue sur une piste cyclable.

Aurions-nous oublié la piste cyclable 3 et les moments infernaux qu’elle nous a fait vivre ? C’est presque plein de naïveté qu’on prend la piste 47, un itinéraire partagé, et c’est avec effroi, horreur, dégoût que je retrouve ces motherfucking routes de l’enfer. Ca monte, ça descend, ça remonte, ça redescend, bref, je vous la fait courte, j’enrage. Pendant 3h on pédale comme des damnés, plateau 1 vitesse 1, je peine, je sue sous le soleil du Pays de Galles, je râle, je pleure, j’envisage même de me laisser tomber dans les digitales (plante toxique) pour me laisser crever sur le bord de la route, bref j’en ai ras la couette. En 3h on avale difficilement 10 miles soit environ 16km, oui, en 180 minutes seulement 16km, je vous laisse faire le calcul de notre vitesse, on irait presque plus vite en faisant du surplace. Dégoûtés de cette route qui ne nous nourrit que de bosquets pourris mais de gentils gallois qui nous demandent ce qu’on fout là (j’suis pas venue pour souffrir !), on décide de laisser tomber cette maudite route 47 pour rejoindre la A484, plus passante mais tellement plus rapide. Je m’habitue aux voitures qui passent à toute vitesse à côté de moi, plus rien ne m’importe si ce n’est de rattraper notre retard et surtout, d’avoir l’impression d’avancer. En 1h30 on fait 12 miles soit environ 19km, je respire à nouveau.

Cette expérience sur les routes cyclables partagées, qui sont en fait une alternative aux routes plus fréquentées, me fait vraiment dire que 1- c’est une grosse connerie de les dire “cyclables”, certes tu roules mais faut voir la vitesse à laquelle tu vas… 2- c’est une grosse connerie quand tu es voyageur à vélo qui n’a pas pris de douche depuis 4 jours (ou qui veut aller au supermarché). Si on profite du beau paysage gallois du haut des innombrables collines qui font ce pays, se ravitailler ou même trouver un endroit où dormir est un enfer. Il y a peu, très très peu, d’endroits suffisamment à l’abri pour bivouaquer dans ces zones faites quasi exclusivement de champs et les villages où on passe, quand on passe dans des villages, sont si petits qu’aucun commerce n’existe.

Retrouver la route principale est donc synonyme de ravitaillement pour nous et aussi de camping. Bon, soyons honnêtes, les anglais ne sont pas les rois des campings et bien souvent on tombe sur des campings qui n’acceptent pas les tentes ou qui sont des champs de mobil-homes et de camping-car, rien à voir avec notre vision du camping ! Heureusement pour nous, à l’approche de Newcastle Emlyn on tombe sur un panneau gigantesque nous indiquant la direction du camping Afon Teifi, un camping dans une ferme ou en tout cas sur le terrain du fermier. Un homme souriant nous accueille, et nous laisse carte blanche pour nous installer, c’est la basse saison, il n’y a pas grand monde dans le camping et lorsqu’on découvre le coin des tentes on s’extasie de la place qu’on a pour planter la tente. Afon Teifi est le deuxième camping qu’on fait depuis notre départ, la découverte du lieu, le calme et le plaisir de la douche illimitée (à la différence de notre premier camping où la douche de 5 minutes coûtait 1£) est un vrai bonheur ! On ne se rend vraiment pas compte de la chance qu’on a de prendre des douches au quotidien. Je me glisse dans mon pyjama propre et dans mon sac de couchage pour passer une nouvelle nuit en Grande-Bretagne, demain je pédale pour la dernière fois sur ces routes avant de rejoindre l’Irlande dans 2 jours.

N.B : a posteriori et alors que je prépare cet article je me rends compte que je n’ai pris aucune photo de de cette journée ! Dimitri a en pris à peine 5 ou 6, c’est vous dire comme on n’était pas du tout dans l’humeur !

pays de galles à vélo

De Newcastle Emlyn à Fishguard

La journée commence tout doucement. Aujourd’hui je sais qu’on aura pas beaucoup de kilomètres à faire pour rejoindre Fishguard et dans le doute de ne pas trouver de camping ce soir avant le bateau de demain (souvenir de cette première nuit en Grande-Bretagne où on s’est vu refouler du camping à 1h30 du matin), je vais profiter encore de la douche, comme c’est bon les douches ! On traîne, on traîne et on traîne et puis à 11h on se décide enfin à partir. La route est la même qu’hier, elle nous mène tout droit à Cardigan, la fameuse ville du même nom que les gilets ! Je m’arrête quelques minutes pour photographier le panorama et alors qu’on reprend la route, Dimitri me fait signe de faire demi-tour, crevaison ! La première du voyage, pas de chance ! On passe une bonne demi-heure à se battre avec les pneus de Dimitri avant de pouvoir repartir, la ville n’était qu’à 100m.. On profite qu’il soit l’heure de manger pour s’installer dans un pub local, le Castle Café, un pub bien dans son jus avec une bonne vieille déco et des saucisses gratuites pour les copains à 4 pattes !

Même si on sait que le temps ne presse pas on décide de sauter notre tour pour la visite de la petite ville et du château pour continuer notre route vers Fishguard. Alors qu’on avance tranquillement on tombe sur un panneau nous indiquant un village celte, ou plutôt sa reconstitution. Curieux de découvrir l’endroit, et sachant qu’on est large niveau temps, on décide de bifurquer et de descendre (et quelle descente ! Je vous dis pas la montée qu’il faut se taper pour retourner sur la route…) vers le fameux village.

Castell Henllys est le lieu où, jadis, un village de l’âge de fer a été construit. Des fouilles ont mises à jour les restes des constructions celtes et, depuis, une reconstitution du village et du mode de vie des habitants ont été mise en place. On laisse nos vélos à l’entrée et après avoir payé 11£ on découvre l’endroit. Une exposition commence par nous expliquer la vie des celtes à l’époque de l’âge de fer (une expo qui continue même dans les toilettes!) et après en avoir fait le tour on emprunte un chemin forestier parsemé de pierres gravées de faits concernant les celtes nous emmène un peu plus haut vers la reconstitution. Après s’être étonné de la taille des cochons élevés à côté du village et de la mignonnitude des petites chèvres qui déambulent, on découvre les quelques chaumières remises debout par la troupe d’archéologues qui travaillent à ce moment là sur le site. On ne verra que 4 des 5 huttes qui existaient puisqu’elles sont détruites une par une pour être reconstruites de manière plus juste en fonction des découvertes. On entre dans chacune des petites maisons pour y découvrir des petits morceaux de la vie des celtes. Le voyage dans l’âge de fer ne dure pas longtemps et laisse même un petit goût d’inachevé au vu du prix payé à l’entrée. On repart quand même avec quelques fragments en plus sur la vie des celtes, après tout, on fait ce voyage aussi pour les découvrir !

Le reste de la route jusqu’à Fishguard est agréable et le seul bémol c’est le vent ! A mesure qu’on s’approche de la ville et que le soleil se couche il s’intensifie au point d’être vraiment très fort quand on débarque dans le camping repéré grâce à un panneau sur le bord de notre route. Le camping est perché sur une falaise à flanc de montagne, la vue de loin est impressionnante, un énorme caillou surplombant la mer, j’ai l’impression qu’un simple coup de vent pourrait le faire s’écrouler ! Malgré mes fantasmes apocalyptiques on décide d’y établir notre campement pour la nuit, la réception étant close à l’heure de notre arrivée, on s’approprie le meilleur des emplacements (entre 3 haies, seuls au monde !), on verra demain matin pour le prix qui, à la vue des mobil-homes flambants neufs qui nous entourent, s’annonce un peu plus salé que la nuit dernière ! Demain l’Irlande, 625km fait.

pays de galles à vélo
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L'itinéraire

Le guide pratique

Le seul restau à avoir retenu mon attention est celui de Cardigan, le Castle Cafe (25 quay street). Super typique dans la déco ou dans l’assiette, le restaurant a une carte bien fournie en plat gallois sans oublier les végétariens. Pas trop cher pour la quantité dans l’assiette, l’endroit est prisé par les locaux et par les copains poilus à 4 pattes qui ont le droit à une petite saucisse gratuite !

Pour ce qui est de trouver de la nourriture dans les supermarchés de Grande-Bretagne j’ai eu un GROS problème pour trouver de la nourriture sans huile de palme. J’ai même été assez étonnée de voir que les anglo-saxons n’avaient pas les mêmes inquiétudes que nous concernant l’huile de palme, il y en a absolument partout !

Comme en Cornouailles le bivouac est une affaire assez compliquée au Pays de Galles ! Si vous souhaitez absolument faire du camping sauvage dans la zone je vous conseille de vous installer dès que vous trouvez un endroit propice, il n’y en aura probablement plus à des kilomètres à la ronde !

Concernant les campings je ne peux que vous conseillez de vous arrêter à Newcastle Emly et au camping Afon Teifi. Hors saison le camping est super calme, le prix est vraiment attractif (12£ pour 2 avec douche illimitée) et les parties communes sont vraiment propres. En plus de ça le gérant se fera un plaisir de vous apprendre à prononcer les villes galloises correctement, tout un sport !

Un autre camping d’un autre standing : le Fishguard Bay Caravan and Camping perché sur mon gros caillou à flanc de mer. Les emplacements pour les tentes ne sont pas géniaux, mal isolé du vent, si vous avez de la chance sautez sur l’emplacement 33, le seul à être vraiment bien isolé et loin de voisins campeurs. La nuit coûte 16£ douche incluse.

Si vous êtes à vélo je vous conseille de passer par la piste cyclable 4. Super simple et plate, elle traverse de grands parcs mais aussi des villages de bords de mer. Burry Port est magnifique au coucher de soleil avec son phare qui se colore de rose et d’orange, à voir absolument. Et si vous en avez le courage, pourquoi pas mettre un pied dans l’eau ?

Si vous passez du côté de la petite ville de Cenarth je vous conseille de vous arrêter pour voir les chutes d’eau, certes modestes mais très belles ! Le parking est payant donc n’hésitez pas à déposer votre véhicule un peu plus loin pour profiter d’une petite marche puis des chutes.

Si vous êtes intéressés par l’histoire celte Castell Henllys est un arrêt à faire. L’entrée n’est pas donnée (5.50£ par personne), je vous conseille de vous renseigner sur l’état du site avant d’y aller pour être sûr d’avoir accès à toutes les maisons ou en tout cas à un nombre suffisant !

pays de galles à vélo

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11 Commentaires

  1. Le sud du Pays de Galles en voiture m’avait fait rager à cause des montées et des descentes qui t’obligent à garder le pied sur le frein, alors je n’imagine même pas à quel point vous avez dû galérer en vélo.. En tout cas, ce sont de très beaux paysages ! xx

    • Heureusement que le paysage était là pour me distraire 🙂

  2. Mais qu’est-ce que j’ai ri…surtout au début : les digitales, la crise de nerf et charger son vélo dans le train. C’est tellement ça. Des moments de solitude et d’épuisement qui te prennent sans prévenir. Pour l’instant je m’en sors bien, mais je sais que le pétage de câble peut arriver à n’importe quel moment 😉

    • Courage Vani ! J’ai hâte de lire ton récit 🙂

  3. C’est un plaisir de lire tes étapes à vélo et tes pétages de cable. Franchement chapeau d’avoir avalé tous ces km à vélo, toutes ces montées, ces frôlements avec les voitures… Je ne pense pas que j’en aurais été capable. Le vélo c’est vraiment pas mon truc. Mais quel plaisir d’arriver au Pays de Galles, ce pays me fascine.

    • Merci ! C’est vrai que ça n’était pas facile tous les jours mais heureusement, j’en retire plus de plaisir que de douleur quand je regarde les photos et que je me souviens, j’arrive même à en rire (surtout pour les digitales et mon envie de suicide ahah) ! Le Pays de Galles est un très beau coin, même si ma petite préférence va ailleurs :p

  4. Mais ahlala c’est horrible ! trop dur ! ton récit me fait frémir, je compatis à mort, je pourrais pas ! heureusement qu’il y a des jolies photos ;))

    • Ahah ça n’était pas une torture non plus ! A posteriori j’en redemande même (bonjour masochisme…) !

  5. J’adore suivre cette aventure mais tellement ! encore encore et encore !!! Tu me donnes encore plus envie qu’on fasse un voyage à vélo,déjà que ça me titillait pas mal….

    • Je ne pourrais pas te déconseiller de le faire 🙂 C’est éprouvant mais c’est tellement génial de pouvoir vivre le voyage aussi lentement ! Sur le moment c’était parfois frustrant mais a posteriori je n’ai qu’une envie, de recommencer !

  6. J’y pars dans 10 jours… j’espère trouver un vélo à louer, si possible électrique à Fishguard and Goodwick ou j’arrive. J’y reste 3 jours, puis Cardigan 2 jours pour retour à Fishguard 1 jour et train retour pour Cardiff…
    Donnez-moi une idée pour le vélo électrique s’il vous plaît !!!


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