Aujourd’hui c’est notre deuxième semaine de voyage et surtout la première journée où je ne poserai pas mes fesses sur mon vélo (elles m’en remercient, j’en suis sûre). Aujourd’hui je découvre Dublin. J’ai comme une drôle de sensation d’accomplissement ce matin du 14ème jour, mon cerveau se fourvoie peut être, ça doit être l’effet matelas et confort moderne, mais j’ai presque l’impression que le périple est fini ! Evidemment, il ne l’est pas, il nous reste 10 jours de pédalage jusqu’à Edimbourg, 800km en gros. Mais aujourd’hui on oublie ça, j’oublie les genoux qui grincent, le mal de fesses, la fatigue des cuisses et je pars à la découverte de Dublin. J’ai toujours voulu voir cette ville, effervescente, colorée et pleine d’une espèce de bonhomie (mot inusité depuis le 14ème siècle). Je me sens bien à Dublin si on oublie ce trop plein d’êtres humains, je vous en parlais avant, j’ai perdu l’habitude d’en côtoyer plus d’un à la fois !
Notre premier arrêt à Dublin n’a rien de bien bucolique puisqu’on va à la gare préparer notre départ du lendemain pour Sligo, la distance est trop grande pour être faite dans les temps à vélo, on décide donc de découvrir les transports irlandais. A notre grande surprise le guichetier nous conseille de prendre nos billets directement sur internet où ils sont 2 fois moins chers. Particularité du pays ou de la destination ? Aucune idée mais dans tous les cas on prend note ! Les vélos sont toujours gratuits dans les trains irlandais comme chez leurs voisins anglais, encore un bon plan pour nous.
Le Trinity College - Dublin
On quitte la gare direction le Trinity College. Comment ne pas passer à Dublin sans passer par le Trinity College et sa célèbre bibliothèque ? Alors qu’on profite d’un moment dans les jardins, avant de pénétrer dans cet incontournable irlandais, pour prendre nos billets de train et arracher le 1200ème tiques de Dimitri (un vrai aimant à tiques cet homme !), je m’émerveille à l’idée que des étudiants puissent encore étudier dans cet endroit et arpenter des bâtiments si anciens et si beaux. Les billets pris, le tique éradiqué de la surface corporel de Dimitri et de la face du monde, nous pénétrons enfin dans la bibliothèque. Ma première impression ? Je matte dans tous les coins pour voir si Indiana Jones ne se planque pas dans un coin, ça aurait été un décor parfait pour l’un de ses films vous ne trouvez pas ? Les rayonnages sont protégés par des barrière et entre chaque section un buste d’une grande figure de la littérature se dresse. Je m’amuse de voir que les livres, à mesure que je lève les yeux vers le haut des rayonnages, sont de plus en plus petits pour finir par être pas plus gros d’un livre de poche ! Je m’interroge ensuite sur la mezzanine, elle aussi remplie de rayonnages et de sections marquées par des lettres à la calligraphie ancienne. Sur la pointe des pieds j’essaye d’apercevoir par quel moyen les documentalistes, ou en tout cas ceux qui travaillent dans ce bureau qui surplombe la bibliothèque, peuvent passer d’une section à une autre. A force de déambuler sur la pointe des pieds j’ai fini par percer le secret mais je ne vous gâcherai pas le plaisir de vous poser cette même question et d’élucider ce petit mystère !
Un après-midi à Dublin
La découverte ouvre l’appétit, on sort donc du Trinity College pour rechercher un endroit qui pourrait nous convenir. Je suis plutôt d’humeur pour un pub, à l’irlandaise, j’ai une furieuse envie de tremper mes lèvres dans un liquide noir et amer si vous voyez de quoi je parle. On fini par choisir un restaurant sur Suffolk Street, le O’Neill’s, la décoration est dans le goût des pubs, une espèce de parenthèse de l’extérieur fourmillant, des tables, des banquettes, quasiment pas de fenêtres ou de lumière extérieure, c’est cosy, j’adore ! On s’installe à une table et on va s’enquérir du fonctionnement de l’endroit. Le O’Neill’s est une mélange de cantine où on peut manger des plats présentés derrière une vitrine et de restaurant avec des plats préparés à la minute. N’ayant rien sous les yeux qui puisse contenter mon appétit de végétarienne je commande un sempiternel burger végétarien et surtout, de la Guinness. La serveuse rit légèrement lorsque Dimitri, de son côté, commande un coca, c’est le monde à l’envers selon elle ! Peut être bien mais ma Guinness, j’y tiens et rien que d’y repenser j’en suis toute nostalgique. Si vous passez par là je ne peux que vous conseiller ce restaurant, c’est sûrement l’endroit où j’ai mangé le meilleur burger végétarien de ma vie.
On continue notre découverte de Dublin par la Chester Beatty Library. Je ne vous cache pas que c’était un choix par défaut puisqu’on souhaitait d’abord aller au musée d’archéologie mais il s’avère fermé le lundi à notre plus grand désespoir ! L’entrée de ce musée est gratuite (mais les appareils sont interdits) et propose de découvrir des collections privées de livres de tous les pays et leurs histoires. Si vous êtes fan de livres ou d’histoire n’hésitez pas, les gardiens du lieu seront ravis de répondre à vos questions, ils sont très au fait de leur sujet. On quitte l’endroit pour déambuler dans la ville, découvrir quelques rues emblématiques, je ne sors pas trop l’appareil photo un peu par paresse ou peut être par égoïsme, j’aime parfois découvrir des endroits sans les mitrailler et juste imprimer dans mon esprit les architectures, les couleurs, les ambiances… Bon, j’avoue, j’avais la flemme.
La journée se termine, je retrouve notre chambre surchauffée, ma douche bien-aimée et surtout mon matelas moelleux, demain, mes fesses ne le savent pas encore, mais je remonte en selle, au moins un peu, pour rejoindre Sligo et me rapprocher de l’Irlande du Nord.
De Dublin à Sligo
Installée dans le train qui nous amène vers Sligo je me dis que c’est une bonne façon de commencer ce 15ème jour après notre première journée off, mes fesses ont le temps de percuter que le voyage n’est pas fini. Notre arrivée à Sligo met un terme à cette trêve entre elles et moi, après avoir dévoré un bagel dans un petit restaurant de la ville on enchaîne aussi vite direction Carrowmore, le site de la plus grande concentration de tombes mégalithiques d’Europe. Depuis la Bretagne on n’a plus aperçu la pointe de ces gros cailloux levés alors quand on arrive sur le site je retrouve avec plaisir l’histoire des terres celtes. On nous délivre un petit guide en français pour nous permettre de découvrir le site qui est relativement étendu, les tombes sont numérotés et on arpente le site en toute liberté à travers les prés. Je m’émerveille des structures de pierre, avec toujours cette habitude d’essayer d’imaginer comment était le monde quand elles ont été érigés, l’environnement autour de nous est tellement dégagé qu’on voit les montagnes au loin, c’est magnifique ! Bon, j’avoue que je ne suis pas tout à fait remise de cette reprise de pédalage et quand Dimitri m’annonce que pour la suite on va rejoindre le cairn de la Reine Maeve, tout là haut, ce petit tas de cailloux en haut de la montagne, je râle, longuement mais je m’exécute, on ne vient pas à Carrowmore tous les jours, ça serait idiot de louper ne serait-ce que le plus petit tas de cailloux.
4km plus loin, des montées de déglingués presque dignes des Cornouailles et quelques jurons de ma part, on finit par arriver au petit parking de terre en bas de la colline de la Reine Maeve, de là un peu plus d’un kilomètre de montée, parfois assez raide, nous attend. Je traîne ma carcasse sur le sentier, m’émerveillant des petits moutons bêlant sur notre passage et sautant agilement de côté à notre approche (les moutons, pas moi), et au bout d’un moment, le sommet. Le cairn n’est alors plus un petit tas de cailloux mais bien un gigantesque amoncellement de pierres sur laquelle Dimitri jette consciencieusement celle qu’on a récupéré à Carrowmore (en toute légalité je vous rassure), tradition ancestrale qui doit perdurer depuis un certain temps vu la hauteur du cairn. Ce cairn n’a d’ailleurs jamais été sondé, sûrement à cause de sa taille qui rend l’opération plus que compliquée, mais selon la légende il renfermerait le corps de la Reine Maeve, une reine combattante et un brin tyrannique.
Après quelque temps passé là-haut et après avoir vu de loin, très loin, notre destination des prochains jours on décide redescendre pour partir en direction de Donegal. L’après-midi étant bien entamée on fait quelques dizaines de kilomètres avant de trouver une forêt de sapins pour abriter notre bivouac, il commence à pleuvioter et nous on commence à s’inquiéter de la météo des prochains jours…
De Sligo à Convoy
La pluie n’aura pas duré longtemps et on se réveille au sec dans notre petite forêt de pins. Après quelques kilomètres de pédalage on fait un arrêt surprise sur le bord de la route pour découvrir une tombe mégalithique. L’endroit me surprend un peu, là, près d’une route, j’ai du mal à comprendre pourquoi l’endroit n’est pas plus protégé et en même temps je me réjouis de voir qu’au détour d’une route quelconque on peut tomber sur un vestige celte, préservé. Le site est entouré d’arbres où sont accrochés des petits rubans de tissus, l’ambiance me ferait presque penser à la série Outlander, mystique !
Pour le repas on s’arrête dans la ville de Ballyshannon et on s’amuse de toutes ces villes qui commence par “Bally”, des tonnes et des tonnes ! Après avoir avalé mon petit sandwich végétarien spécialement préparé pour moi on enquille pour se rapprocher le plus possible de Derry et donc de l’Irlande du Nord. On traverse des montagnes où seule la route semble grignoter le paysage, heureusement pour nous pas besoin d’y grimper et d’en bas je profite du paysage boisé et bossu qu’offre l’Irlande.
C’est l’été aujourd’hui, ici on ne le ressent pas trop alors que les informations que j’ai du pays natal me disent qu’il y fait une chaleur étouffante. Ici il fait froid, je suis enfermée dans mon gilet et mon coupe-vent, je grelotte un peu sur le bord de la route en attendant que Dimitri nous trouve un endroit pour bivouaquer, je m’imprègne totalement de ce froid humide qui caractérise bien l’arrivée vers le nord. Nous sommes le 21 juin, j’installe mon tapis de sol dans notre maison de toile pour la 13ème fois si je ne me trompe pas, c’est mon 16ème jour de voyage à vélo, j’ai fait 900km depuis Vannes et demain ce sera l’Irlande du Nord.
L'itinéraire
Le guide pratique
Je vous en avais déjà rapidement parlé dans ma première partie d’article sur l’Irlande, il faut absolument que vous passiez pas le O’Neill’s si vous êtes à Dublin. Le burger végétarien reste gravé pour toujours sur mon palais !
Si vous galérez, comme nous, à trouver un restaurant à Ballyshannon je vous conseille le Shannon’s Corner qui nous a été conseillé par un local. Même s’il n’y a pas d’option végétarienne on vous concoctera un plat spécialement pour vous !
A Dublin nous avons dormi dans une auberge de jeunesse, l’Aparto Binary Hub. Les chambres sont petites, le lit est petit mais tout y est moderne, je dirais même à la pointe du high tech avec même les machines à laver qui se commande par application !
Pour le reste du temps nous avons passé nos nuits en bivouac. Même s’il y a quelques forêts en Irlande elles sont parfois assez difficiles d’accès. Je vous conseille de ne pas attendre qu’il soit trop tard pour vous décider à chercher un endroit et de toujours faire attention à la circulation, si on vous voit on risque vite de vous demander ce que vous faites là !
A Dublin je ne peux que vous conseiller d’aller trainer au Trinity College, même si c’est un lieu très touristique ça ne gâche absolument pas le plaisir de voir une si belle et vieille bibliothèque. Pour ce qui est du reste de la ville je n’ai pas beaucoup de conseils à vous donner, je ne suis pas une grande reine des city-trips et j’ai tendance à beaucoup flâner plutôt que de réellement visiter !
Si vous passez du côté de Sligo arrêtez vous absolument à Carrowmore, l’entrée est à un prix dérisoire et la visite est vraiment passionnante si vous vous intéressez aux vieilles pierres et à l’histoire celte. Si vous avez la motivation vous pouvez aussi montez jusqu’à la tombe de la Reine Maeve qui offre une vue magnifique sur les alentours.
3 Commentaires
A choisir entre prendre un livre et attendre de lire tes (vos) aventures, bah le choix est ….. de te lire !
Indiana Jones et sa bibliotheque pleine de passages secrets, Outlander… moi pas connaitre ! 🙂 , la Reine Maeve et toute la magie de l’Irlande …. on en redemande !
Celtique = Magique ! 🙂
Enfin, les photos collent bien avec le récit. (P’tit coup de pommade … mais c’est vrai)
Chad
Merci ! Je ne sais pas si Outlander te plairait, toutes les saisons ne sont pas encore sorties :p
<3
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