L’Ecosse à vélo – De Cairnryan à Edimbourg

Dans l’épisode précédent nous quittions l’Irlande du Nord pour rejoindre le dernier pays de notre périple. La vingtaine de jour est dépassée, c’est assez bizarre de se dire qu’on en plus derrière nous que devant, c’est un mélange de satisfaction de se savoir sur la fin du voyage, des moments difficiles et en même temps une pré-nostalgie de se dire qu’on a traversé des milliers de kilomètres à la force de ses jambes avec pour compagnons des paysages fantastiques, un vélo qui fatigue presque autant que moi sur la fin et surtout mon pacsé dans toute sa patience face à mon caractère de nerveuse. Alors on débarque en Ecosse, j’aurais aimé donné suffisamment de temps à l’Ecosse pour l’explorer, la découvrir mais voilà, la date de notre avion se rapproche, on n’ira pas jusqu’à Édimbourg.

 

De Larne à Maidens

Notre dernier réveil en Irlande du Nord. On range tranquillement nos affaires avant de rejoindre le port pour prendre le ferry vers Cairnryan, une petite ville d’Ecosse. On profite de l’attente pour discuter un peu avec les employés et quel accent ! On a vraiment du mal à les comprendre parfois, trop habitué aux accents si simples des anglais et des américains, ça promet pour l’Ecosse ! Le trajet dure 2h, on en profite pour encore manger, pressentant qu’il n’y aura rien pour nous à Cairnryan. Quand on arrive, qu’on aperçoit les côtes de l’Ecosse, c’est comme une bouffée d’air, un véritable bonheur qui me prend, j’adore arriver dans un nouveau pays, ça m’a fait ça à chaque nouvelle étape du voyage. On a un seul regret, celui de ne pouvoir rester que très peu de jours en Ecosse, de peur d’avoir trop mauvais temps et parce que je ne me sentais pas de subir énormément de dénivelé sur les côtes, on a décidé de tronquer un peu notre itinéraire, le temps nous manque jusqu’à l’avion de toute façon. On ne fera qu’un passage éclair en Ecosse… Jusqu’à la prochaine fois !

Comme pressenti Cairnryan est une ville minuscule, on part directement en direction de Ballantrae dans l’espoir de trouver quelque chose à manger et on atteint la ville à une vitesse qui nous surprend. Ici non plus je ne trouverais rien qui puisse me satisfaire, sans dire que je suis chiante en ce qui concerne la nourriture, étant végétarienne c’est parfois compliqué de trouver de quoi manger et je me refuse de manière générale à manger uniquement une salade comme on me le propose souvent parce que la salade… ça ne nourrit pas ! Surtout quand on fait des heures de vélo par jour. Du coup on repart vers Girvan en longeant la côte qui me rappelle celle de l’Irlande du Nord, les vagues viennent lécher les falaises avec fureur, le panorama est fantastique. Girvan sera notre arrêt repas où je dégusterais à nouveau un burger, je pense que j’en ai mangé plus en 21 jours que dans toute ma vie… 

La prochaine étape c’est la ville de Maidens, on ne pense pas l’atteindre mais une forêt se trouve sur la route, un endroit a priori propice pour passer la nuit. C’était sans compter le ras le bol de mon vélo. Dans une mini-montée mes pédales se bloquent, je manque de me ramasser comme une crêpe sur le trottoir, je saute de mon vélo qui choit sur le sol et je hurle nom de mon pacsé qui continue à pédaler le nez au vent. Je ne peux plus avancer. A 4 jours de notre retour en France c’est juste pas possible. On retourne la bête pour se rendre compte que l’un des maillons de la chaîne s’est tordu. Pourquoi ? Mystère. Dimitri brise ma chaîne pour enlever les maillons tordus (je ne vous cache pas que ça nous a pris un certain temps quand même), et reconstituer ma chaîne. Les pédales retrouvent un semblant de mobilité mais la chaîne frotte toujours sans qu’on arrive à trouver quel réglage faire. On se résout à continuer et à réparer la chaîne dans le prochain magasin de vélo, je souffre à monter les pentes à des vitesses vraiment pas adéquates mais le seul fait de changer de plateau risque de foutre en l’air la chaîne, je serre les dents jusqu’à la forêt où on décide de s’arrêter.

Alors qu’on installe la tente et que Dimitri finit de ramener les vélos j’entends un bruit bizarre entre les arbres. Les branches craquent, les feuilles bruissent. Je plisse les yeux pour essayer d’apercevoir quelque chose et soudain un truc surgit et me fait littéralement hurler de surprise. « DIMITRI YA UN CHIEN ». Merde, un chien. Donc un humain. Ou plutôt une humaine, elle apparaît sur le chemin et vient discuter avec Dimitri. Après quelques minutes je me décide à émerger à mon tour de la forêt, histoire de ne pas faire croire à cette dame qu’on fait quelque chose de louche. Elle nous apprend qu’il n’y a aucun soucis à dormir ici, la forêt appartient à un lord qui s’en contrefout des campeurs. Elle nous propose même de venir prendre une douche chez elle, on décline la gentille invitation et elle repart. On la reverra quelques temps plus tard, à son retour de balade, elle nous demandera si on a besoin de quelque chose pour la nuit, à nouveau nous répondons par la négative. On se couche plein de bonheur de croiser la route de personnes si bienveillantes.

Ecosse à vélo
Ecosse à vélo
Ecosse à vélo
Ecosse à vélo
Ecosse à vélo
Ecosse à vélo
Ecosse à vélo

De Maidens à Fenwick

écosse à vélo

Je vous préviens tout de suite, c’est une matinée de merde qui m’attend. Il a plu toute la nuit, la tente est trempée, je suis trempée au bout de quelques mètres de pédalage et pour parfaire le tout je suis toujours bloquée sur mon deuxième plateau, les montées sont un ENFER. Je suis de manière générale pas du tout du matin alors je vous laisse juste imaginer la personne détestable que j’ai pu être ce matin du 22ème jour. Je loue la patience de mon pacsé, vraiment. 

On s’arrête au bout de quelques kilomètres de pédalage devant le château de Culzean qui me fait penser à un gros château de sable, un énorme pâté au milieu de jardins bien entretenus. Le prix exorbitant nous calme et on se promène plutôt dans les jardins, Dimitri essaye de me dérider un peu, peine perdu, franchement, je suis de très très mauvaise humeur. On enchaîne, toujours difficilement, toujours sous la pluie, toujours de mauvaise humeur, sur la route cotière qui va vers Ayr (se prononce Aïrrr et non R comme nous le disions alors. On s’est beaucoup amusé à faire l’accent écossais à partir du moment où on a su que c’était Aïr avec un petit r bien roulé et gutural). C’est les derniers moments qu’on passe sur les côtés puisqu’à partir d’Ayr et d’Irvine on s’enfonce dans les terres pour rejoindre Glasgow. Heureusement pour moi, ma santé mentale et mon couple, on trouve un magasin de vélo où les gars me réparent en quelques minutes mon petit problème. Bizarrement il ne repère pas le problème des freins arrière qui sont inexistants à l’heure qu’il est mais peu importe, je me suis habituée.

On décide de manger dans la même ville, dans un restaurant bien typique vu le nombre de locaux vagissants qui s’y agitent : le Willie Wastles. Alors si vous passez par là, vraiment arrêtez-vous y, c’est l’un des meilleurs restaurants dans lequel j’ai mangé depuis le début du voyage. J’y ai pris une tarte oignons confits et chèvre avec des petites pommes de terre, un pur délice et pour ne rien gâcher un plat acheté, un plat offert ! On s’en sort avec une note de 16£ pour 2 personnes, c’est largement raisonnable !

Les derniers kilomètres jusqu’à notre petit coin de forêt se passe tranquillement, on suit la RC7 avec des portions de pistes cyclables vraiment pas désagréables. Alors qu’on arrive presque à notre lieu de dodo du soir je m’étonne de la capacité qu’à mon corps à refuser d’écouter mon cerveau, je suis tellement exténuée que je n’avance plus, mais vraiment plus du tout ! La piste cyclable monte très légèrement type faux-plat mais mes jambes peinent à actionner les pédales. Il était temps qu’on arrive.

De Fenwick à Glasgow

Glasgow ! La fin de notre voyage ! Pour l’atteindre nous n’avons fait qu’une vingtaine de kilomètres depuis notre forêt d’hier soir à travers des routes cyclables, un jeu d’enfant… Enfin si on oublie le vent qui tente de me faire tomber ! De toute le voyage, et même sur les côtes, je n’aurais pas subi de telles rafales de vent. De bien meilleure humeur qu’hier je hurle de rire à me voir avancer à 2 à l’heure ou repousser dans l’herbe par le vent. C’est sûrement notre matinée à larver sous la tente qui m’aura rendu ma bonne humeur ou peut être la satisfaction de savoir que dans quelques heures tout est fini.

S’arrêter à Glasgow, si vous suivez le voyage depuis le début, n’était pas vraiment ce que nous avions prévu. En fait l’idée était de faire Vannes-Edimbourg en vélo, la réalité c’est qu’au bout de 23 jours et 1350 kilomètres de vélo nous n’avons plus assez de temps pour faire l’aller-retour Glasgow-Edimbourg puisqu’on prend notre avion pour la France à partir de Glasgow.

Enfin nous y voilà, à Glasgow, on dépose nos vélos dans notre chambre d’hôtel sur l’invitation de notre hôte, on profite de la douche chaude et du lit douillet pour se reposer avant de sortir manger. Malgré tout ce qu’on a pu m’en dire je ne trouve pas la ville affreuse, notre quartier peu sembler un peu glauque la nuit mais le centre de la ville est assez agréable et je m’étonne de toutes les remarques négatives que j’ai pu avoir sur Glasgow… C’est sûr que comparé à Edimbourg c’est beaucoup moins beau mais malgré tout, ça reste une ville qui semble, pour le peu d’heures passées là-bas, agréable.

Nous voilà donc à la quasi fin du voyage et même si on se réjouit vraiment d’avoir accompli ce périple, mon premier voyage à vélo, je me sens déjà triste et nostalgique de cette aventure qui m’aura obligé à me dépasser (non sans râler!) au point de résister à l’envie parfois très forte de me laisser crever sur le bord de la route dans les digitales. Plus que 3 jours avant le retour au pays et pourtant Vannes me semble encore bien proche

écosse à vélo
écosse à vélo
écosse à vélo
écosse à vélo
écosse à vélo
écosse à vélo
écosse à vélo
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De Glasgow à Edimbourg

Notre passage à Edimbourg sera ponctué de beaucoup, beaucoup de pluie. C’est un peu une déception puisqu’on n’a pas pu profiter pleinement de la ville en étant entièrement trempé ! Je n’ai d’ailleurs pris aucune photo puisqu’il ne s’est pas arrêté de pleuvoir pendant notre journée là-bas. La visite du château nous a sauvé pendant quelques minutes, on a pu visiter quelques unes des expositions mais le monde dans chacune des pièces, qui venaient plus pour se sécher et se réchauffer, nous a un peu gâché notre visite, on n’est plus trop habitué à la présence d’autant de monde, nous, sauvages ! Je sais déjà qu’il nous faudra y retourner pour vraiment apprécier la visite, avec un peu de chance on n’aura pas la pluie la fois prochaine !

Malgré tout on y passera 2h, à errer d’expositions en expositions, avant de quitter l’énorme château pour trouver de quoi réconforter nos corps engourdis par le froid et la pluie. On pose nos fesses trempés dans le Malt Shovel qui sert un haggis végétarien vraiment très bon et puis on repart pour se réfugier au musée où on découvre l’histoire de l’Ecosse, les vestiges du passé de ce beau pays qu’on aura qu’aperçu. Avant d’avoir fini complètement notre visite on est gentillement mis dehors par les employés, le musée ferme à 17h, ce qui nous surprend énormément ! On se prépare donc pour rejoindre Glasgow et notre hôtel où on rassemble nos affaires pour le départ du lendemain. On se débarrasse de tout ce qu’on ne pourra pas prendre avec nous dans l’avion dont les bouteilles de gaz qu’on laisse de vider doucement dans le jardin de l’hôtel.

Bilan d'un voyage à vélo

Je m’étais habituée à faire mon packetage tous les matins depuis 24 jours pour repartir le lendemain et continuer notre route. Si je trouve ce mode de vie épuisant, bouger tous les jours ou presque, faire environ 60km par jour, je suis dévorée par la tristesse mêlée à la satisfaction d’avoir été capable de faire ces 1350km

Je suis triste de me dire que demain matin on rangera nos affaires pour repartir vers la France. Ce qui me manquera le plus, paradoxalement, c’est de ne pas savoir comment se passera le lendemain, qu’est ce qui m’attend pendant ces kilomètres à dévorer à vélo. Je suis déjà nostalgique de ces moments passés dans la forêt à dormir dans notre maison de toile et pourtant comme j’ai parfois haï de ne pas pouvoir me laver, de devoir enfiler mes vêtements pour sortir faire pipi dans les bois, de me réveiller le matin, toute froissée, pour repartir pédaler et comme j’ai aimé me réveiller le matin dans des bois si calme, prendre mon chocolat chaud en observant la nature s’éveiller autour de moi, ranger méthodiquement mes affaires et me rasseoir sur ma selle pour une nouvelle journée d’aventure en Ecosse, Irlande du Nord, Irlande, Pays de Galles, Cornouailles, Bretagne

J’ai détesté profondément certains moments, sur l’instant, et aujourd’hui, plusieurs mois après avoir traversé ces 1350 premiers kilomètres à vélo je ne déteste plus aucun de ces moments. Le voyage à vélo est, selon moi, l’un des voyages les plus difficiles physiquement mais l’un des plus enrichissants, je crois que je n’ai jamais été aussi fière de moi qu’à notre arrivée à Glasgow et même si ces 1350km ont été beaucoup de kilomètres de douleur et parfois de rage, je le referais, sans hésiter.

L'itinéraire

Le guide pratique

A Ayr il faut absolument s’arrêter au Willie Wastles. Déjà parce que c’est une vraie ambiance pub avec des locaux, bruyants, mais accueillants et puis parce qu’on y mange de bon plats pour pas cher du tout !

A Edimbourg allez déguster un haggis au Malt Shovel, végétarien ou non, pour tester l’une des spécialités du pays. Il parait juste qu’il est déconseillé d’aller voir comment ça se prépare…

Les possibilités de dormir en camping sauvage sont assez nombreuses dans cette partie de l’Ecosse. Si les terrains sont rarement publics, les quelques forêts que vous rencontrerez sont propices à des bivouacs. Vous n’êtes jamais à l’abri d’un rabat-joie qui viendrait vous demander de déguerpir alors attention quand même à rester discrets !

Les petites villes côtières écossaises sont vraiment adorables et je ne peux que vous conseiller de vous y attarder si vous passez par la côte.

Le château de Culzean est entre Maidens et Ayr. Ce château date du 18ème, assez imposant il vaut peut être le coup d’être visité si vous avez 15£ à mettre dans la visite. Sinon vous pouvez vous promener dans les gigantesques jardins !

Glasgow, nous avons visité la plus vieille maison de la ville, la Provand’s Lordship, qui date du 15ème. Petite maison meublée comme à l’époque, l’entrée est gratuite, vous pouvez vous promener dans les étages. L’étage le plus haut est une salle d’exposition d’oeuvres contemporaines. La Nécropole de Glasgow est aussi un endroit que j’ai beaucoup aimé, j’adore lire les épitaphes des tombes et imaginer la vie de ceux qui y reposent ! Le lieu vous permet aussi d’avoir une belle vue sur la ville.

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10 Commentaires

  1. Bravo ! 1350km c’est quand même quelque chose.
    J’ai eu le même problème avec le câble de mon derrailleur qui s’est bloqué, m’obligeant à rester sur le deuxieme plateau pendant presque une semaine. C’est affreux de passer des cotes comme ça. D’ailleurs, ils ne vous ont pas dit d’où venait le problème ?

    • Merci ! C’était un petit exploit pour moi 🙂
      Ahah ça me rassure, je ne suis pas une fragile à râler quand ça arrive alors 😀 C’est quoi ton vélo déjà ? Non, ils ne nous ont pas expliqué ou en tout cas on n’a pas trop compris ce qu’il disait, les accents sont terribles, je ne suis vraiment pas habituée ahah.

  2. Oh non le périple à vélo est déjà terminé 🙁 ! En tout cas bravo parce que 1350km de vélo, je ne sais pas si j’en serais capable! (même si j’en meurs d’envie).

    • On s’en sait capable que quand on arrive au bout 😀 Je suis sûre que tu peux le faire !

  3. waow, quelle aventure ! Je t’ai lue avec plaisir, j’ai adoré ce voyage par procuration ! Je suis une cycliste du quotidien (2x5kms par jour), on fait une fois par an une rando de 40 kms où ça grimpe, et je râle une bonne dose sur les derniers kms :shy: J’ai beaucoup d’admiration pour toi ! Bizaremment ton récit m’a fait surgir des souvenirs de camps scouts passés dehors, et le BONHEUR de retrouver une douche chaude au bout de 15 jours 😉

    • Oh merci beaucoup pour ton commentaire ! Ça me fait toujours extrêmement plaisir quand mes lecteurs discrets me laissent un premier petit mot (je crois que c’est bien le premier de toi :)).

      Ahah tu as tout compris pour la douche ! Je ne sais pas si je tiendrai 15 jours par contre, au bout de 3 j’avais déjà du mal !

    • Bizarrement ça me motivait pas trop ahah

  4. 24 jours gravés pour la vie ! 🙂

    Pour toutes les souffrances physiques et psychologiques vécus par moment, bah moi je dis : Respect et Bravo !

    Une aventure, une vrai, comme tu le dit en conclusion.

    Des paysages magnifiques, des rencontres magiques, vivre avec la nature, des burgers … beaucoup de burgers 🙂 … et si c’était ça la vie ??? 🙂 🙂

    Ton vélo doit être déjà réparé … Les beaux jours arrivent … Y a plus qu’a !

    😉

    • Il n’est pas encore réparé 😀 Mais ça ne saurait tarder ! :-*


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