Après mon premier voyage à vélo de l’année dernière qui m’avait fait suer, hurler, pleurer et qui m’avait donné envie de me laisser crever sur le bord de la route (nan je déconne, j’ai subi mais c’était cool les Terres Celtiques !) cette année j’ai demandé à Dimitri un voyage plus soft, sans trop de dénivelé et avec meilleur temps, parce que bon, le 15° en plein mois de juin ça va bien une fois de temps en temps mais l’idée c’est quand même de revenir plus bronzé qu’au départ aussi ! Après examen de ma demande nous avons opté pour ce qu’on a nommé “les Pays Plats”, c’est à dire l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique (qui n’est pas tant plate en fait). Voilà donc le thème de notre aventure de l’été 2018, 1100km au départ (en fait 1500km à l’arrivée) en commençant par suivre la Moselle à travers l’Allemagne puis le Rhin jusqu’à Cologne.
Dans cette première partie je ne vous parlerai que de la Moselle, ça a été 3 jours de voyage, environ 300km à suivre les pistes en Allemagne et à s’émerveiller sur chaque petit village que nous traversions. Pourquoi ne vous parlez que de la Moselle alors que je vous prévois aussi un article plus complet sur l’Allemagne à vélo ? Tout simplement parce que la Moselle allemande mérite un petit bout de discussion à elle toute seule. Plusieurs fois pendant nos quelques jours sur les bords du fleuve nous nous sommes dit avec le pacsé que cet itinéraire est parfait pour quiconque commence le voyage à vélo ou même a envie d’une balade sans prise de tête sur son 2 roues. L’itinéraire n’a rien de compliqué, tout est plat et les possibilités de bivouac sont nombreuses même s’il faut parfois s’éloigner un peu de la piste. Rajoutez à ça les villes et villages à tomber par terre, les châteaux partout, les restaurants à vous faire éclater la peau du ventre pour pas cher, vous avez le combo parfait pour faire une ballade enchanteresse de quelques jours sur votre bolide à pédales.
Un petit bout de circuit en Moselle française
L’aventure mosellane commence pour nous du côté de Metz ou en tout cas dans ses alentours. Nous partons rejoindre les pistes qui bordent la Moselle jusqu’à Thionville puis jusqu’à Sirck-les-Bains en alternant entre les portions bien aménagées et les chemins un peu plus caillouteux. J’ai un peu perdu l’habitude de manier la bestiole sur laquelle je suis assise, le guidon tremble un peu entre mes mains le temps que je retrouve mon équilibre et je me crispe dès qu’une route se fait plus de sable et de cailloux que de tarmac lisse, mon arrière bien chargé chassant souvent dès que le terrain n’est plus à son goût. Malgré tout ça, les pistes sont agréables, les abords de la Moselle offre une tranquillité loin des routes qui présage un voyage bien différent de celui de l’année dernière… On passe rapidement la partie française, Thionville et Sirck-les-Bains, qu’on a déjà eu l’occasion de voir lors de nos précédentes escapades (mais que je vous conseille vraiment !) et on arrive assez vite du côté allemand. On fait un petit coucou au Luxembourg qui se trouve juste sur l’autre rive, à Trèves qu’on dépasse aussi (souvenir de notre escapade de Noël dernier, on y était allé pour voir le marché de Noël… qui s’était terminé la veille. Fail.) et on s’arrête pour notre première nuit dans les champs allemands.
Avoir un coup de coeur pour Bernkastel-Kues
Si je devais donner LA plus grosse différence entre notre voyage de cette année et celui de l’an dernier (les Terres Celtiques ou le voyage de la mort qui tue si t’aimes le dénivelé) ça serait mon état au deuxième matin de voyage après avoir bivouaquer. L’année dernière c’était en Bretagne, j’avais subi ma première journée, c’était mon tout premier bivouac, j’avais du mal avec l’idée de ne pas m’être lavé alors que j’avais transpiré comme un pompier qui serait allé au plus près d’un incendie, et puis je me suis réveillée la tête méchamment dans le cul, avec des courbatures telles que le simple fait de m’accroupir pour faire pipi me faisait lâcher un râle de douleur. Cette année, alors que la veille on a fait plus de 100km, je me réveille fraîche, prête à en découdre avec les prochaines bornes qui nous attendent. Les courbatures ? Connais pas ! Le pipi dans les bois ? C’est un art que je maîtrise. Bref, au deuxième matin j’ai hâte de continuer à pédaler sur les abords de la Moselle allemande.
Un autre point qui change radicalement par rapport à l’an dernier c’est la proportion de cyclistes sur les pistes. De ma vie je n’ai jamais vu autant de gens faire du vélo au même endroit, en même temps ! Les allemands adorent faire du vélo, on peut les comprendre vu leurs superbes pistes bien plates où rien ne dépasse. On est donc là, dans la masse de ces cyclotouristes, parfois même pris dans des bouchons tellement on est nombreux, c’est de la pure folie ! Heureusement, toutes les portions du parcours ne sont pas identiques, et à partir du moment où on sème le gros des troupes en vae, on se retrouve à pédaler assez tranquillement.
Le truc assez cool quand on suit un fleuve c’est qu’on n’a pas trop à se soucier d’où on va, le chemin est tout tracé. C’est sûrement pour ça qu’on n’a pas vraiment préparé notre itinéraire (bon en vrai, on prépare jamais à fond nos itinéraires) et qu’on se fie à la carte pour choisir nos endroits d’arrêts le midi. Ce jour là on décide de s’arrêter à Bernkastel-Kues, la ville dont le nom est écrit le plus gros sur la carte, est, pour nous, l’assurance de trouver un endroit pour se sustenter. Alors là, les gars, je vous le dis, j’ai jamais autant aimé cette façon de voyager qu’au moment où on est arrivé dans le centre ville de Bernkastel-Kues. L’effet de surprise a été dingue, c’est le genre d’effet de surprise qui te fait comprendre le concept de la première fois qui est aussi la dernière fois, jamais plus je n’aurais cet effet là pour cet endroit là et en même temps jamais je ne l’aurais eu si nous avions préparé en amont nos arrêts repas (ça va, je t’ai pas perdu ?). Entre nous, parfois, j’admets que notre impréparation me rend dingue et je râle sur le pacsé pour notre “organisation en carton” mais là… J’aime à la folie ce côté de nous en voyage.
Manger à Bernkastel-Kues
Comme prévu Bernkastel-Kues offre beaucoup de choix de restaurants. Le petit plus pour nous a été de pouvoir trouver une table dans le centre typique de la ville, en plus de s’être fait péter le bide, on a pu le faire en s’extasiant devant la beauté de la ville. On vous conseille donc le restaurant Gasthaushuwer, parce qu’il est bien placé mais aussi parce que, selon le pacsé, le bauernschnitzel (un plat typique allemand à base d’escalope avec des pommes de terres qui me font monter la salive juste d’y repenser) était à tomber par terre. A noter quand même que la cuisine allemande n’est pas super végé-friendly mais que le restaurant propose des tagliatelles au gorgonzola qui vont vous régaler et vous remplir le ventre, les portions sont gigantesques !
Le petit plus de ce restaurant ? On a payé 30€ pour 2 personnes, boissons incluses. On a bien pris 2kg chacun en repartant du restaurant tellement on avait mangé. Bienvenue en Allemagne !
Découvrir des châteaux tous les 10km
La Moselle allemande c’est beaucoup de vignes, de beaux villages typiques en bord de fleuve mais c’est aussi énormément de châteaux de toutes les époques. Si le plus connu de tous reste le château de Cochem, à partir de Trèves, et même avant si vous commencez votre périple plus loin que nous, il est possible d’en voir beaucoup puisqu’on est souvent passé tout près de ruines de châteaux médiévaux comme celui de Bernkastel-Kues qui s’élève sur une colline à l’entrée de la ville ou celui de Beilstein, le Burg Metternich, qu’on a pu observé de l’autre côté de la rive, entouré par les vignes et dominant un village magnifique et pittoresque.
La plupart de ces châteaux sont visitables, même si beaucoup ne sont plus que des ruines, ils sont un des aspects de la Moselle allemande qui nous a le plus émerveillé. Ce parcours offre vraiment beaucoup d’avantages entre la piste parfaite, les différents villages et les différentes découvertes qu’on a pu faire tout au long de notre route (en plus des restos pas cher pour se baffrer à l’allemande), ceci étant, avec nos vélos chargés on n’a pas pris le temps de sortir de notre itinéraire pour gravir les différentes grosses collines sur lesquelles sont posés les majestueux forts médiévaux, ça sera une bonne excuse pour y retourner en road-trip non ?
Traverser les villages typiques de la Moselle allemande
J’adore le sud de l’Allemagne. Voilà, pendant ce voyage, moi qui n’avait jamais été vraiment super emballé par le pays (même si ma copine Nuage Nomade m’en fait toutes les louanges possibles et imaginables) je n’ai pas un cœur germanique et j’étais, jusqu’alors, pas toujours très sensible au charme du pays. Heureusement pour moi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. J’ai trouvé dans le sud de l’Allemagne ce petit côté romantique que je ne connaissais pas à ce pays qui, dans mon imaginaire, est aussi droit et froid qu’un iceberg en Antarctique. Le sud de l’Allemagne est donc tout sauf un cube de glace, les villages avec ses maisons à colombages m’ont fait m’exclamer à chaque nouvelles découvertes et ce qui est vraiment génial avec la vallée de la Moselle c’est que ces découvertes là, on en a fait sans arrêt. Vous dire que je me rappelle de chaque nom de bled qu’on a vu, aperçu ou traversé serait un mensonge honteux, déjà j’ai une mémoire de poisson rouge (voire moindre) et on n’a pas toujours regardé sur le gps où on s’arrêtait pour prendre les clichés de ces merveilleux villages. Ceci étant, c’est une bonne raison pour que vous chaussiez les baskets et que vous alliez voir par vous-même, t’es pas d’accord ? (Je milite pour ta bonne santé et ton hygiène de vie, je suis pas géniale comme nana ?)
S'émerveiller à Cochem
C’est notre 3ème jour de voyage, on a parcouru environ 300km de pistes cyclables avant d’atteindre Cochem et l’arrivée dans cette petite ville est un pur émerveillement. Le château qui surplombe la Moselle et la ville est digne d’un conte de fée et je m’arrête tous les 100m pour le reprendre en photo sous un angle légèrement différent, m’attendant à voir un arc illuminé à la Walt Disney apparaître soudainement. A défaut d’être dans un dessin animé, je suis dans le cœur même de l’Allemagne romantique. Ce château, détruit par nos compatriotes en 1689 a heureusement été reconstruit 2 siècles plus tard et est aujourd’hui ouvert au public. Si on se réserve la visite à une époque moins touristique, à un moment où on sera mois dégueu après 2 nuits de bivouac et 3 jours de pédalage sous le cagnard, je suis déjà convaincue que l’intérieur doit être aussi merveilleux que l’extérieur !
Après notre repas sur les abords de la Moselle, on tente une excursion dans la ville sauf que voilà, la saison estivale, si c’est un plaisir pour le corps et l’esprit de pouvoir pédaler sous le soleil (même si au fur et à mesure de la canicule ça va plus devenir une purge), le fait est que c’est la saison touristique et se trimbaler en poussant des vélos chargés à travers la foule n’est pas de tout repos ! Après quelques temps à déambuler on se promet de revenir, sans les vélos, pour faire un tour digne de cette très belle ville.
Manger à Cochem
Cochem ne manque pas de restaurants, que ce soit sur les bords de la Moselle ou dans l’hypercentre pittoresque de la ville. A choisir on a préféré s’installer en bord de Moselle, déjà parce qu’on peut accrocher nos vélos aux barrières près du fleuve et les avoir à vu et ensuite parce qu’on s’épargne la recherche dans les petites rues fréquentées de la ville. Bon, on va pas se mentir, à Cochem on mange de la bidoche, c’est même une véritable ode au cochon jusque dans les vitrines, ça va que je ne suis pas extrême dans mon régime alimentaire. Après prospection sur quelques cartes où je ne comprends pas la moitié des choses, on décide de s’installer au Vonderbeck puisqu’on y propose une flammenkuch végétarienne, enfin un plat typique que je peux manger !
Bivouaquer en Moselle allemande
Le bivouac en tente en Allemagne semble assez bien toléré aux vues des quelques bivouaqueurs qu’on a croisé de bon matin qui démontaient leurs tentes à quelques mètres de la piste cyclable. Pour ce qui est de trouver des emplacements autour de la Moselle il faut parfois s’éloigner un peu des pistes si tu veux être un peu planqué ! Dans tous les cas, la Moselle allemande peut vite devenir le paradis du bivouac et si jamais la nuit sauvage ne t’excite pas trop, tu as beaucoup de camping tout le long du fleuve.
Chevreuils et sangliers
Dormir dans la nature induit parfois des rencontres un peu inattendues. Pendant notre deuxième nuit de bivouac on s’était éloigné de la piste, bouffant une pente de malade pour monter vers les forêts (à grands renforts de jurons pour ma part) et on s’est trouvé un petit nid douillet près d’un sentier de randonnée (par où passeront des randonneurs quelques temps plus tard… #discrétion). Une fois la nuit tombée, on entend un hurlement pas très loin de la tente, un truc improbable, un espèce de cri de bête non identifié. Alors sachez que si vous entendez ce truc qui s’apparente à un aboiement, il est fort probable que ça sorte du corps d’une créature aussi adorable qu’un chevreuil. Si jamais vous n’en avez jamais entendu je vous laisse découvrir…
La bestiole non identifiée une fois partie on reprend nos activités et puis on s’endort d’un sommeil réparateur. Ou pas. C’était sans compter sur Roger le sanglier qui s’est mis en tête de fourrager autour de moi en plein milieu de la nuit. Je secoue violemment Dimitri qui dort avec des boules quiès et n’entend rien, on reste immobile l’un comme l’autre, réfléchissant à la manière de faire si jamais le bestiau venait à tenter de nous piquer la poubelle qui est sous la toile extérieure de la tente, de mon côté évidemment. Les sangliers ont une propension à paniquer assez rapidement, histoire d’éviter de se faire embrocher par ce gros cochon je préfère me recroqueviller sur mon tapis de sol à mesure que je l’entends s’approcher, je suis totalement en boule lorsqu’il se retrouve à renifler juste au dessus de ma tête. Heureusement pour nous, celui là n’a pas le goût pour les boîtes de maquereaux à l’huile et les peaux de bananes, il finit par nous délaisser, en repartant galoper un peu plus loin. Dimitri se fout allègrement de ma gueule et tout le monde peut se rendormir.
12 Commentaires
Rhaaa, tu ne devrais pas mettre ton histoire de sanglier à la fin, ça semble tellement bien comme coin, je m’y voyais déjà, mais avec le sanglier, heu, tout de suite beaucoup moins.
Ahah c’est le genre d’épisode mythique que je ne peux pas cacher 😀
Du coup j’ai oublié ce que je voulais dire : c’est pas franchement le sud de l’Allemagne où tu étais, tu devrait te programmer un petit séjour dans la forêt Noire (mais surtout pas en vélo).
A force d’entendre Dimitri me dire que cette partie un peu balnéaire c’est le sud des allemands, j’ai intégré le mot 🙂 mais oui, on est au sud ouest on va dire ! J’irais voir le sud sud un jour, je retiens le conseil de ne pas prendre le vélo 😉
vraiment magnifique, je ne connaissais pas ce coin !
Ahlala mais c’est trop beau ! Je connaissais pas la Moselle Allemande (juste la Moselle française du coup j’ai un peu bugge au début de la lecture lol)
Je me demandais comment vous faites pour rejoindre votre point de départ avec les velo ? Vous pouvez facilement les mettre dans le train ? En tout cas voilà un itinéraire qui donne envie !
Sinon les rencontres avec les sangliers ça nous ai arrivé mais dans un camping traditionnel en Espagne. Je suis sortie de la tente pour aller aux toilettes et quand je suis revenue j’osais plus rentrer car ils fourrageaient à moins d’un mètre de notre tente et quand il m’ont vu de loin ils ont commencé à courir partout autour de la tente lol !
Ahah c’est pour ça que je le méfie des sangliers ! Ça panique trop vite et ça fait n’importe quoi XD
Alors pour cette année on les a emmené jusqu’à notre départ (chez mes beaux parents) mais il y a des trains (les ter en général) qui accueillent les vélos même je n’ai jamais vu d’emplacements réservés comme en Irlande où il y a un wagon pour les vélos. L’année dernière on était devant les toilettes, au niveau du sas d’entrée.. C’est pas top !
Génial ! Moi qui ai lu ton périple de l’année dernière à vélo il y a seulement quelques semaines, on voit clairement la différence dans ta façon d’écrire aussi ^^ Tu râles beaucoup moins 😉
En tout cas cette première partie a l’air complètement folle de beauté. Je suis impressionnée pour les 300km en trois jours ! On était loin du compte sur notre Via Rhona et pourtant c’était plat aussi ^^
Ton histoire avec le sanglier m’a fait bien rire et pour le chevreuil c’est marrant car j’en ai entendu un il y a pas longtemps aussi et je me suis faite la même réflexion : une sorte d’aboiement de chien qui a la voix cassée 😉
Hâte de lire la suite !!
Ah bah clairement, je devais être plus agréable cette année. Heureusement que Dimitri a beaucoup de patience XD C’est vrai qu’on fait des grosses étapes, au début je pensais qu’on était dans la moyenne et je me suis rendue compte en lisant les autres voyages à vélo qu’on roulait beaucoup plus. Après c’est aussi qu’on prévoit toujours beaucoup de km sur un voyage, si on veut tout faire on a pas le choix 😀
Oui je comprends et en même temps si vous arrivez à les faire, pourquoi se priver ?
Déjà des projets pour l’année prochaine du coup ? 🙂
Pas de voyage à vélo pour cette fois ! On a envie de reprendre les sacs à dos, on n’est juste pas encore d’accord sur la destination, entre Philippines ou Indonésie 😀
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