Ca y est, on est dans la dizaine de jours de voyage lorsqu’on franchit la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique. Après environ 860km de vélo, un petit jour de break à Amsterdam et beaucoup de nuits de bivouac à la merci des bêtes sauvages et des tiques (comment ça je dramatise ? C’est pas mon genre…), je vous avoue que là, ça commence un peu à tirer ! Enfin malgré tout, il faut bien avancer et la découverte d’un nouveau pays est toujours un véritable plaisir.
Je ne connais pas la Belgique, j’ai dû y mettre une seule fois les pieds et encore, je crois que c’était juste pour passer de l’Allemagne aux Pays-Bas… Du coup c’est une découverte totale pour moi ! Ce que je sais déjà c’est que le rêve du cycliste va prendre fin très vite, la Belgique c’est un peu comme la France niveau pistes cyclables, comme dirait une belge qu’on a rencontré dans notre maison d’hôtes “en Wallonie les pistes, c’est de la merde !”. Bon évidemment quand on arrive en Belgique c’est pas la première chose qui nous vient à l’esprit surtout qu’on fait assez peu de kilomètres dans le pays le jour de notre passage de la frontière, l’idée étant de s’arrêter pas trop loin de Bruges pour pouvoir visiter le lendemain.
Découvrir Bruges à vélo (ou presque)
Après une nuit de 9h d’affilé d’un sommeil le plus profond, si profond que je n’ai pas du tout été réveillé par le déluge qui s’est abattu sur Maldegem pendant la nuit, je sors de mes draps et on s’attelle à partir en direction de Bruges. Alors, honnêtement, que ce soit Bruges ou Gand qu’on verra ensuite, je ne m’attendais pas du tout à voir ce que j’allais voir. Pour moi, Bruges et Gand, c’était sûrement petit, probablement mignon mais pas non plus à la hauteur d’Amsterdam qui m’avait subjuguée quelques jours auparavant. Du coup, au départ de l’hôtel, je n’étais pas forcément super excitée, disons que j’étais déjà vachement contente d’avoir un peu de fraîcheur de bon matin pour changer du cagnard qu’on se tapait depuis le début du voyage. Vous voyez l’idée, j’étais pas extatique. Forcément, avec cette humeur plutôt neutre, quand on est arrivé à Bruges, le choc a été assez terrible, dans le bon sens du terme.
Notre arrivée se fait par la massive Porte Sainte-Croix qui nous permet de remonter toute la rue vers la place de l’Hôtel de Ville, caché par une scène ce jour là, on a le chic pour tomber sur les beaux monuments “pollués” par des échafaudages ou autre… Malgré ça et le temps maussade qui nous suit depuis le départ ce matin, je reste vraiment bouche bée devant la splendeur de la place et des bâtiments que je découvre au fur et à mesure de notre marche dans la ville. J’y découvre le Palais Provincial, le beffroi de Bruges, les différents canaux qui traversent la Vieille Ville, lui donnant encore plus un air d’Amsterdam ! Oui, parce que pour moi Bruges a un petit goût de Pays-Bas à de nombreux niveaux et contre toute attente la ville s’est hissée au top, aux côtés d’Amsterdam, dans les villes que j’ai le plus adoré de ce voyage à vélo.
Etre émerveillée par Gand
Que serait notre voyage en Belgique à vélo sans Gand ? Bon, ça, je me le dit là, posée devant mon bureau quelques mois plus tard parce que après la découverte de Bruges, qui était beaucoup plus touristique que ce que j’imaginais, j’imagine trouver à Gand un mini centre historique avec 2/3 bâtiments sympathiques et puis voilà. Oui, je sais, j’ai une vision de la Belgique totalement pourrie ! En fait, la Belgique, un peu comme l’Allemagne, est un pays qui ne m’a jamais vraiment intéressé et avec ce manque d’intérêt vient la méconnaissance totale, forcément. Mais aujourd’hui je le vois comme un mal pour un bien, parce que chaque endroit que j’ai découvert en Belgique a été une véritable surprise. Gand se positionne donc dans cette catégorie là des découvertes merveilleuses.
Déjà ce qui a été tout à fait fantastique à notre départ de Bruges ça a été de pouvoir rejoindre Gand en suivant la LF5 (merci au monsieur qui nous a spontanément donné l’information lorsqu’il nous a vu passer), cet itinéraire cyclable nous a même emmené jusqu’au centre ville historique de Gand, l’arrivée a donc été toute en douceur, la découverte encore plus impressionnante.
On arrive par le pont Saint-Nicolas, avec une vue imprenable sur l’église du même nom et là commencent les “oh” et les “ah” de bonheur. Gand est une ville fantastique, a posteriori je me souviens encore de mon émotion en découvrant la ville avec cette architecture que j’affectionne tant, se balader aux bords des canaux et dans les rues de la ville a été un véritable plaisir, si vous ne connaissez pas Gand, foncez-y, c’est petit mais puissant !
Bon, évidemment nos activités dans la ville ont été assez courtes, déjà parce qu’on a fait qu’y passer quelques heures (Dimitri a enfin pu manger des moules !) et aussi parce que faire un voyage à vélo représente toujours un obstacle pour visiter les villes ! C’est une frustration à laquelle on est habitué maintenant et qui, malgré tout, ne gâche pas le plaisir de découvrir en surface une nouvelle destination !
Manger à Gand
Si vous cherchez un endroit typique pour manger des moules (et un burger végé… sans pain !) je vous conseille d’aller faire un tour à la Brasserie t’Vrijdagsgevoel sur la place du Vrijdagmarkt (oui, ça fait beaucoup de noms compliqués !). On y parle français, le restaurant est ouvert tous les jours et les plats y sont bons et bien travaillés, en plus la place est vraiment belle, tout pour plaire.
La LF5 de Bruges à Gand
Cet itinéraire fait environ 300km de l’ouest à l’est de la Belgique suivant des pistes cyclables aux abords de rivières et de canaux mais parfois aussi des routes partagées. Son départ se fait à partir de Bruges et vous pouvez l’emprunter jusqu’à la ville de Thorn, l’entièreté de l’itinéraire se trouvant dans la partie flamande du pays. Bruges et Gand sont les 2 plus grandes villes traversées, on ne le suivra donc que jusqu’à cette dernière ville puisque l’itinéraire montait ensuite trop au nord pour nous. Si vous voulez avoir plus d’infos sur la Flanders Cycle Route, je vous conseille d’aller visiter ce site qui répertorie aussi les possibles hébergements.
A vélo dans la gigantesque Bruxelles
Visitera ou visitera pas Bruxelles ? Dernière étape de notre voyage à vélo en Belgique, on s’est quand même longuement posée la question durant les jours qui ont précédé notre arrivée dans la ville. L’idée de devoir rouler dans une grande ville que je ne connais pas me fait souvent horreur puisqu’en général c’est une véritable purge dans les pays qui n’ont pas forcément les cyclistes à la bonne. Malheureusement, Bruxelles ne déroge pas à la règle.
Après moult tergiversations, Dimitri insiste pour qu’on y aille parce que ce serait dommage de passer à côté sans voir la Grand-Place et le Manneken-Pies, on finit donc par arriver dans la ville. Honnêtement, depuis notre arrivée en Belgique on a vu la grande différence de comportements et d’infrastructures pour les cyclistes, on fait beaucoup moins attention à nous et les pistes cyclables, s’il y en a, ne sont pas toujours au top (comme en France si vous voulez une comparaison). Imaginez donc l’arrivée à Bruxelles, déjà ça monte et ça descend de manière assez violente et en plus les pistes sont à chier, les automobilistes ne les respectent pas et moi, forcément, je perds mon calme. Quelle n’est pas ma joie en arrivant aux abords de la Grand-Place de pouvoir descendre de mon vélo pour enfin profiter du bon côté de Bruxelles. Bon, j’avoue, si je n’avais pas vu la Grand-Place ça aurait été assez dommage, l’endroit est grandiose. Après quelques photos (j’essaye d’esquiver la foule de touristes qui ont le chic pour mettre leurs grosses têtes dans le champ) on fend la foule pour aller voir le Manneken-Pies, qui ne s’arrête pas de pisser, comme à son habitude.
Notre visite de Bruxelles est assez rapide, après un repas dans l’indien le plus cher de ma vie, on repart pour aller dormir dans une maison d’hôtes à quelques kilomètres de la ville. Honnêtement, je n’ai pas été transcendé par Bruxelles, d’autant plus qu’à vélo la ville est vraiment difficile à aborder, on a trouvé la tranquillité dans le quartier des ambassades mais sans ça, dans son ensemble la ville est très mal organisée pour les cyclistes.
Dormir à quelques kilomètres de Bruxelles
Si tu veux échapper à la folie de la ville, on te conseille vraiment d’aller dormir à Grez Doiceau dans la maison d’hôtes de Rudy et Catherine. On a été merveilleusement bien accueilli, Rudy a une cave gigantesque de vins et autant de bières, on a pu discuter vélo puisque Rudy en fait souvent et on a même partagé quelques 47km avec lui jusqu’à Namur le jour de notre départ. Un vrai moment de partage qui nous a permis d’apprendre beaucoup sur les belges et la Belgique !
Et si on passait à travers les Ardennes ?
Si vous vous souvenez bien, l’idée initiale était qu’une fois passé Bruxelles nous prenions l’itinéraire cyclable Charles le Téméraire dont on avait déjà emprunté un morceau à notre départ. Après quelques recherches on s’est rendu compte que l’itinéraire empruntait beaucoup de routes partagées et qu’il n’était pas aussi génial qu’on s’y attendait. Du coup, après quelques réflexions et parce qu’on était assez large sur le timing (nous sommes au 15ème jour de voyage, on s’en était donné 20 max) on décide de rallonger l’itinéraire en redescendant vers la France, notamment par les Ardennes, en suivant la Meuse jusqu’à Verdun.
Du côté de la Belgique, l’itinéraire cyclable est le premier à être entièrement balisé à travers la Wallonie, si nous on le récupère à partir de Namur après une escapade par des petites routes avec notre génial guide Rudy, la piste commence en fait près de Maastricht et va jusqu’à la frontière française près de Givet. La RAVeL de Meuse de son petit nom nous emmène donc de Namur jusqu’à Dinant puis de Dinant jusqu’à Givet par des pistes cyclables en général mais aussi de routes partagées qui peuvent s’avérer assez dangereuses comme à la sortie de Dinant. Heureusement les portions partagées sont assez courtes et on retrouve rapidement la quiétude du bord de fleuve qui nous permet de découvrir tous les châteaux éparpillés près de la Meuse, comme celui de Dave qui date du XVIIIème, et de passer à travers des villes, comme Dinant justement, qui sont belles à voir !
La partie belge de la Meuse se fait assez vite, on est habitué à faire de grandes étapes et on dévore les 100km qui sépare Namur de la frontière française en une journée tout en profitant des opportunités photos et glaces qui s’offrent à nous.
En 4 jours de vélo en Belgique, on a vu Bruges, Gand et Bruxelles pour finalement rejoindre la partie française de la Meuse. Je vous avoue que la nostalgie des kilomètres commencent à s’installer ! Même si je râle souvent (Dimitri confirme) et que je demande assez vite à rentrer à la maison (dès le deuxième ou troisième jour je crois !), j’ai un énorme plaisir à reprendre le guidon chaque matin au réveil, à traverser des paysages inconnus, à découvrir des villes où je n’avais jamais posé les pieds.
On a du mal, encore à ce stade, à se réhabituer au français, même si on n’est pas parti depuis très longtemps au final, on s’était habitué au brouhaha incompréhensible des allemands, des néerlandais et des flamands. Le retour en zone francophone est un petit choc, l’arrivée à la frontière française un autre choc, voilà, on rentre au pays, on a fait plus de 1000km en 15 jours, il nous en reste un peu plus de 200 et le voyage sera derrière nous…
Le voyage à vélo est une réelle aventure humaine et de dépassement de soi, à ce stade on en est déjà à regarder derrière nous, à rire de cette soirée de l’enfer où on a dû remballer le bivouac en catastrophe à cause des minis tiques qui entraient par la moustiquaire de la tente, à se demander ce que c’était que ce hurlement effrayant lors de notre première nuit dans les bois, à repenser aux premiers émois touristiques en découvrant Bernkastel-Kues ou Amsterdam… J’adore le voyage à vélo, pour ce qu’il apporte, pour ce qu’il permet de découvrir lentement mais sûrement une multitude d’endroits, pour ce qu’il m’oblige à me dépasser, à aller chercher la volonté aux moments les plus chiants et de ces moments là, il y en aura encore du côté français, peut-être même les moments les plus chiants du voyage ! Mais ça, je vous le raconterai plus tard…
Bivouaquer en Belgique
- Le bivouac est interdit en Belgique !
- Il y a des endroits de bivouacs possibles et légaux dans le pays, notamment dans les Ardennes, ils disposent même parfois d’infrastructures sommaires (pompes à eau ou toilettes).
- Si tu veux faire dans le sauvage-sauvage comme nous et je te conseille de bien choisir ton spot et de bien t’organiser pour l’atteindre avant la nuit tombée, le risque étant que l’endroit soit encerclé de barbelés.
- Gros coup de coeur pour notre dernier spot à Heer-Agimont, quitte la piste qui longe la Meuse au niveau du dernier croisement, remonte la rue des Bas Prés, prend cher à devoir pousser ton vélo dans une montée de malade mental et trouve toi un spot de rêve dans la forêt. Bonne nuit !
L'itinéraire
Avec nos coups de cœur, les points d’intérêt, les bivouac et les lieux où on a bien mangé !
10 Commentaires
Ton article est génial !
Je vous admire d’avoir fait tout ce chemin à vélo et d’avoir bivouaqué.
Tes photos sont très belles et tu m’a donné envie de découvrir Gand que je ne connais pas encore !
Merci Aurore ! Gand est une magnifique découverte, je te la conseille vraiment !
Chouette votre périple à velo bien que tu aies eu une mauvaise expérience à vélo à Bruxelles 😉 il y a plus de 50 km de pistes cyclables et beaucoup d’amenagements prévus pour les cyclistes 😉
Ah mais le souci n’est pas qu’il n’y a pas de pistes, il y en a, mais beaucoup d’automobilistes s’en fichent, comme en France 🙂
Oui… Ça c’est malheureusement le cas en effet!
La 1ère fois que je suis allée en Belgique j’avais 10 ans, c’était pour une journée sur la côte et j’avais eu une assiette de frites baignant dans la compote. Ça limite l’enthousiasme. Mais il y a 3 ans je me suis promenée à Gand Malines et Bruxelles. J’ai adoré. Depuis j’ai découvert un peu la côte (son tram et le parc de zwin) et le sud de liège et je prévois d’y retourner.
Mais tu n’es pas la seule à avoir des idées préconçues sur la Belgique, car à chaque fois que je suggère cette destination on me regarde de travers.
Les frites à la compote ! Ma pauvre.. C’est sûr qu’avec ça, tu ne devais pas avoir une bonne image de la Belgique 😀 C’est fou comme les clichés sont tenaces, il y a beaucoup de belles choses à voir en Belgique, et j’ai hâte d’en découvrir encore plus !
J’ai adoré Gand et Bruges en Belgique! J’aimerais beaucoup visiter Bruxelles
https://thecosmicsam.com/category/voyages/belgique/
On l’a fait une fois mais rapidement ! On aimerait bien y retourner et ton article nous donne envie de refaire un trip en Belgique.
Merci 🙂 Le pays est riche en découvertes et en surprises !