Ces foutus cartes et notre foutu non organisation nous amène à Naro Moru, petite ville au milieu de rien. Pourquoi ? Pour visiter un orphelinat un peu particulier. A peine sortis de notre matatu on pose la question à droite à gauche, un guide du Mont Kenya ( tout fier de nous montrer sa carte de guide ) nous dit qu’on n’est pas au bon endroit. Ah bon ? Non, l’orphelinat il est à Nanyuki. Nanyuki ? La ville d’où on vient ? La blague. On remonte dans notre carrosse, direction point de départ.
Arrivés au croisement qui nous mène vers l’orphelinat on quitte notre cher matatu pour s’engager à dos de boda sur une route de plusieurs kilomètres, une véritable excursion qui nous amène enfin à destination. Après s’être arrangé avec notre chauffeur on paye notre entrée et on s’engouffre à la découverte du lieu. Payer pour un orphelinat ? Non rassurez vous, on ne paye pas pour voir des enfants ou pour en ramener un en France, nous on paye pour voir des animaux sauvés de la bêtise de certains Hommes.
Un centre pour espèces menacées
S’il y a une chose que j’aime sur cette planète, si je devais en citer une seule en fait ça serait ces gens qui dédient leur vie entière à sauver ce que d’autres tentent de détruire. Je les aime de toute mon âme même sans les connaître. J’aime Jane Goodall, Dian Fossey, j’aime Chanee et tout ceux qui ont fait de leur combat une cause mondiale. Et puis il y a ceux qui n’ont pas de reconnaissance mondiale mais qui ont aussi envie de changer les choses à leur niveau. Attention, je ne dis pas que tous les centres de conservation qu’on a pu visité jusqu’à maintenant ont des intentions aussi bonnes que les personnes que je cite, une envie désintéressée de sauver des espèces qu’on devrait tous considérer comme inestimables. Non, malheureusement beaucoup voient aussi le profit derrière la sauvegarde des espèces. Mais il y en a quand même qui essayent de jouer un rôle et qui au final semble parvenir à un résultat, plus que satisfaisant.
C’est donc le cas de l’orphelinat qu’on est allé visité. Je parle d’un orphelinat parce que c’est le nom qu’il se donne mais le plus juste serait en fait de l’appeler “Centre de reproduction pour espèces menacées”. L’ouverture de ce centre remonte aux années 60 et son but initial était bien de s’occuper d’animaux que la vie n’avait pas épargnée mais petit à petit les choses ont évolués, la structure d’accueil aussi pour devenir un centre d’accueil et de reproduction pour un nombre important d’espèces et surtout pour les bongos d’Afrique de l’Est. La magnifique surprise qu’on a eu c’était bien sûr de s’entendre dire que tous les animaux qu’on voyait dans le centre avait une chance de retourner dans la Nature, en fait ici, le but n’est pas de devenir un zoo mais vraiment de donner une chance à une espèce de vivre même sous la domination humaine.
Après avoir fait à peine quelques pas dans le centre, on se retrouve face à une toute petite antilope, une crevette près de qui broute tranquillement sa copie conforme en 2 fois plus grand avec des cornes. Des Bongos, ces antilopes tellement reconnaissables à leurs rayures ventrales, blanches sur une fourrure rousse/brune, aux cornes démesurés des mâles et à ces petites taches blanches sur le coin des yeux, des animaux juste magnifiques.
C’est un animal assez craintif mais qui s’est pourtant retrouvé sous le feu des Hommes qui ont précipité sa perte en le chassant ou les braconnant. Aujourd’hui l’espèce se relève doucement, le nombre d’individus remontent grâce aux efforts de l’Etat mais aussi d’organisations privées comme le Mount Kenya Wildlife Conservancy qu’on visite aujourd’hui. Cet animal est donc la star du centre de reproduction/orphelinat qu’on est allé visiter mais ce n’est pas le seul qui a le droit à une intention toute particulière.
Alors on continue à avancer parmi les enclos du centre, on rencontre des caracals, des tortues, des paons ( on apprendra qu’ils sont destinés à la vente, bon, c’est moyen mais on s’attendait pas au sans faute… ), un cochon sauvage et puis des singes. La particularité de ces primates ? Certains sont dans leurs enclos et d’autres se trimbalent joyeusement à l’extérieur sans que ça n’ai l’air de déranger notre guide ! Nous, on est surpris et je lui demande même si c’est normal qu’ils sortent comme ça. Il hausse les épaules. Faut dire que le garçon n’est pas bavard et que pour avoir des explications j’ai dû lui tirer les vers du nez à coup de pied de biche !
Donc ces petits singes gambadent joyeusement autour de nous, un babouin nous suit, intéressé par notre présence, des colobes nous observent du haut de leur perchoir et puis il y a ce petit cercopithèque à gorge blanche, ses petites mains posées sur le grillage qui nous sépare. Notre guide nous tend quelques graines de maïs et là, scène improbable : on voit le tout petit qui passe sa tête à travers le grillage, un bras et puis l’autre, plus que ses petites fesses poilues, ça y est, il est dehors. Il me regarde un instant et puis me saute dessus. Je regarde mon guide les yeux écarquillées, il me tourne le dos et ne voit pas ce qu’il se passe. Alors que je lui demande si c’est normal il me regarde de son regard un peu vide et hausse à nouveau les épaules. Ok, tout va bien alors. La crevette mange son dû et resaute se remettre à l’abri de son enclos. Malgré leur statut LC ( Least Concern ) le guide nous apprend qu’ils sont aussi ici pour se reproduire et pour être relâchés par la suite. Pourquoi garder des animaux qui ne sont pas menacés dans la Nature ? Mystère.
Nous rencontrons ensuite la petite bande de Colobes de l’endroit. Des Colobes Guereza pour être précise ! A nouveau on se retrouve face à des animaux qui ne sont pas directement menacés dans la Nature et donc leur présence me laisse légèrement perplexe mais j’imagine que ce n’est pas non plus une mauvaise chose pour l’espèce. Nos petits Colobes donc, ils sont assez nombreux, on compte quelques jeunes et surtout un qui n’a pas plus que quelques semaines, il se fait arracher à travers le grillage par une des femelles à une autre, les femelles du groupe se partageant le maternage du petit pendant ses premiers mois. Quelques poignées de maïs plus tard, on rejoint une autre partie du site, probablement la partie qui m’aura laissé le plus perplexe et qui m’aura le plus émerveillée.
Ma rencontre avec les guépards
Le Guépard, probablement l’un des animaux que je préfère sur cette planète. Sa grâce m’a toujours impressionnée, totalement différent de ses cousins félins dans son côté marginal ou dans son mode de vie, il a toujours eu une emprise sur mon imaginaire et d’en voir une fois dans ma vie était pour moi un véritable rêve. Alors nous y voilà, ce jour est arrivé, des guépards j’en ai devant moi, j’en ai même 3 mais clairement, les choses ne se passent pas comme elle devrait.
Deux jeunes guépards et un presque adulte se trouve dans le même enclos. Le plus grand poursuit par intermittence l’un des jeunes, paniqué il court dans tous les sens en émettant des petits cris. Les hommes du centre entrent dans l’enclos, l’un tenant le plus grand en laisse, les autres tentent de rabattre les jeunes loin d’un grillage délimitant l’enclos. Je me retrouve à quelques centimètres de l’un des jeunes, subjuguée par sa beauté, dérangée par la situation. Après de longues minutes de lutte les hommes parviennent à remettre le plus vieux dans l’autre enclos et la situation se calme.
Alors qu’est ce qu’il s’est passé exactement ? Très simplement, la clôture du plus vieux guépard a cédé à ses assauts et il a fini par rejoindre ses congénères. Le problème c’est que dans ce trio on compte une femelle et 2 mâles, le plus vieux voulant prendre l’ascendant sur la femelle il se doit de se battre avec l’autre mâle qui, étant plus jeune, le fuit irrémédiablement. Mais tout ça je l’ai appris en utilisant à nouveau mon pied de biche pour faire cracher le morceau à mon guide. Alors si je peux encore comprendre que ce genre d’incident peut arriver ce que j’ai du mal à comprendre c’est la présence de ces guépards dans la structure.
Jusqu’à maintenant on avait eu l’occasion de voir des animaux qui allaient être remis en milieu naturel après quelques temps dans la structure ou des animaux qui ont été secourus pour au final rester dans le centre du fait de leur trop grande proximité passé avec les Hommes mais les Guépards, leur présence est un mystère, même pour le guide. Si une plaque annonce pourtant l’existence d’un programme de reproduction pour cet animal qui est l’un des plus menacés de la planète, pour les individus présents alors dans le centre il semble qu’ils ne fassent pas partie du programme. Leur avenir ? Aucune idée me dit le guide. Ou peut être bien qu’il ne voulait juste pas m’en dire plus.
Alors du coup si on oublie un peu les animaux qui sont là pour d’obscures raisons ( je note la présence d’hippopotames nains qui sont originaires du Liberia qui ont été donnés au centre pour se reproduire mais qui vont être ensuite introduits au Kenya, pas du tout leur terre d’origine. En fait il n’y a pas d’hippo nains du tout ici. Un concept donc ! ), le centre a une véritable mission en partenariat avec le Kenya Wildlife Service qui lui envoie même des animaux pour qu’ils soient gérés avant d’être renvoyés dans leur milieu naturel. Le dernier en date ? Un léopard qui vit dans une cage minuscule, effrayé par les Hommes il se cloître dans un recoin de l’enclos, une image déchirante pour moi. Nouvelle victime du conflit Hommes/animaux, nouvelle preuve de l’incapacité de l’Homme à préserver la Nature et à respecter les êtres vivants qui partagent la planète. Au final nous ne pourrons pas en savoir plus sur le sort de ce léopard, notre guide suppute qu’un jour où l’autre il retrouvera la Nature, le jour probablement où le centre trouvera un endroit qui lui permettra d’être loin des Hommes.
4 Commentaires
[…] près au Mount Kenya Wildlife Conservancy à Nanyuki. Ce centre a en fait 2 casquettes sinon 3 : centre de reproduction, orphelinat et terre d'asile. Si on imaginait en arrivant que le Bongo était à l'honneur dans le centre on s'est fourré le […]
[…] de reproduction pour girafes de Rotschild et un orphelinat d'éléphants, un peu comme celui qu'on a visité à Nanyuki. On décide donc de visiter les 2 dans une mission épique à travers […]
[…] de reproduction pour girafes de Rotschild et un orphelinat d'éléphants, un peu comme celui qu'on a visité à Nanyuki. On décide donc de visiter les 2 dans une mission épique à travers […]
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