Randonnée de 4 heures dans le Parc National d’Isalo | Madagascar

4 heures de marche sous le soleil du matin qui monte doucement et réchauffe mon dos. Il fait beau, il va faire chaud aujourd’hui alors on part tôt le matin. Il est 7h quand on part rejoindre notre guide pour débuter notre découverte du Parc National d’Isalo.

Subjuguée par la beauté d'Isalo

Seule au monde j’aurais bien aimé l’être, comme à chaque fois dans les parcs malgaches. A défaut de l’être vraiment je ferme mes oreilles et parfois mes yeux pour échapper à la réalité et écouter le silence qui m’entoure. Au bout de quelques minutes de marches, quelques longues minutes de marche à regarder, émerveillée, ce qui m’entoure, on atteint une crête rocheuse, une mini montagne de pierre parmi les autres gigantesques qui nous entourent. On s’arrête, on regarde. Après être passé à Ranomafana le contraste est saisissant. Ici pas de forêt humide, pas de sangsue, pas d’arbres entremêlés les uns dans les autres, à Isalo c’est le contraire. Je vois très peu d’arbres, ils ressemblent plus à des petites touffes vertes disséminées à droite à gauche qu’à une vraie forêt. Isalo c’est aride, le soleil brûle le sol, les montagnes qui nous entourent sont nues, hâlées, tannées par le soleil. Ici c’est un peu la savane, une savane dépourvue de ces animaux que j’ai pu voir ailleurs en Afrique, pas d’éléphants au loin, pas d’antilopes, pas de zèbres, le désert. Les montagnes et moi, le silence et moi.

isalo madagascar
isalo madagascar
isalo madagascar
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Je continue à dévaler les pentes du parc, à remonter les sentiers, à galoper, à inspirer profondément et à écouter le silence. Le soleil commence vraiment à me brûler la peau et les quelques moments d’ombre que je m’octroie me permettre de reprendre mon souffle. On commence à descendre, entre les roches, on descend dans la montagne, on s’éloigne du soleil et de son aura pour rejoindre les Gorges, le coeur des montagnes d’Isalo.

Les arbres poussent mieux ici, à l’abri du soleil, plus au frais. On passe à travers de petites ruisseaux qui dévalent les rochers en travers du chemin et on rejoint une série de marches qui nous amène dans un endroit que je n’aurais jamais soupçonné.

La fraîcheur est vivifiante, après quelques heures de marche au soleil je me laisse quelques minutes pour sécher dans ce cocon de fraîcheur. On m’annonce une pause, là bas, derrière le dernier virage que je distingue. Lorsque je le passe enfin, prête à jeter mon sac sur le sol et à hurler de plaisir je m’arrête, net. Devant moi, au creux de la roche qui a été comme dévorée pendant des milliers d’années, une piscine naturelle d’une eau transparente et la cascade qui l’alimente, glougloutante et apaisante. Mes acolytes se jettent à l’eau en slip, troublant l’eau d’auréoles infinies et moi je me coupe encore du monde, j’efface leurs têtes de ma mémoire, coupe le son, et observe chaque recoin de la paroi rocheuse, chaque petite forme gigotante dans l’eau (sauf les grosses formes humanoïdes) .

Les lémuriens d'Isalo

Mais voilà, voilà presque 4 heures que je marche et aucune frimousse de lémuriens, aucune queue touffue, aucun museau adorable. Les lémuriens à Isalo se font désirer et quand on reprend la route vers la sortie du parc j’espère toujours en croiser. Mes espoirs seront vite récompensés.

100m plus loin, je vois mes compagnons arrêtés ( oui je traîne toujours derrière ! ) devant des petites créatures sautillantes. Une queue rayée me passe devant, des petits bruits de chat me font sourire. Vous avez deviné ?

Des lémuriens ! Si proches de nous, sautant d’un rocher à un autre, d’une branche à une autre. Certains passent par dessus nous pour rejoindre le reste du groupe pendant que d’autres prennent déjà le soleil, assis sur un rocher. Un sourire fend mes lèvres et j’ai cette nouvelle bouffée de plaisir qui m’envahit, celle que j’ai ressenti à Ranomafana ou à Anja quand j’ai aperçu ces bouilles adorables, celle qui me rappelle ce que je suis venue faire à Madagascar. Est ce que cette fois je peux rester ici pendant des heures ? J’aimerais me transformer en lémurien et m’échapper avec eux mais mon guide me rappelle à l’ordre, je suis toujours humaine, perchée sur mes 2 jambes je dois me diriger vers la sortie.. Ok, j’ai encore perdu, j’obtempère mais promis, un jour je resterai avec vous, au moins pendant quelques heures..

isalo madagascar
isalo madagascar
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7 Commentaires

  1. Coucou,

    Bon, j’ai envie de causer, hein…

    Adeline dit:
    “Ces bouilles qui me rappellent ce que je suis venue faire ici…”

    Cette remarque est lourde de sens et d’interrogations existentielles. Que cherche t-on dans le “voyage” ? Tu poses cette question plusieurs fois le long de tes récits sur ce blog, sous différentes approches et formulations, notamment concernant ce blog même et sa raison d’être. (La tienne ?)

    Madagascar, l’île, dont la superficie et quelque peu supérieure à la France est nettement moins bien équipée en infrastructures. Et c’est un euphémisme 🙂 Le paradigme n’est pas le même selon que l’on y va en touriste (vasa) ou en amateur. J’entends par amateur, être passionné par un sujet, LE SUJET autour duquel s’axe le voyage. Ton sujet est la préservation des espèces. Mais QUID de l’humain, avec pour corollaire ta propre “humanité” ?

    Les “réserves naturelles” de Mada sont d’un intérêt capital pour bien des acteurs, entre autres puissances étrangères. Aussi, si l’on veut profiter de Madagascar pour ce que cette île a d’intime et de secret, faut il se faire un réseau sur place et s’immerger dans la population afin de sortir du cadre “Légaliste” et pénétrer dans le monde “Informel”.

    Je m’explique. Le salaire minimal, si tant est qu’il puisse être possible de raisonner ici avec une telle référence, est d’environs 150.000 MGA (MG Malagasy ariary), soit quelques 40 euros par mois pour 200 heures de taf (Agriculture). Ici on a le “Légalisme”. Mouarf…

    Pour relativiser, de façon triviale, au propre comme au figuré, nombre de jeunes filles proposent leurs “services” pour 10.000 mga , soit +/- 3 euros et ce pour toute la nuit. On est loin du smic agricole présenté au dessus. Cela en évoquant du bout des doigts sur mon clavier l’age de ces jeunettes… et celui des “Vasa” venu “commercer” avec elles… là on a “l’informel”. 🙁 Beurk !

    Mada, et je présume nombre de pays dont le développement n’est pas (encore) celui de l’occident, doit s’aborder avec un recul intellectuel qui ne peut se faire qu’avec LE TEMPS. Trop de paradigmes nous échappent, à nous vasa, au premier abord. Mais avec le recul acquis on peut alors revoir sa copie et aborder l’aventure sous un autre angle de vue.

    Adeline dit:
    “promis, un jour je resterai avec vous, au moins pendant quelques heures..”

    Of course! Un pauvre de France avec son RSA mensuel, soit quelques 500 euros, est millionnaire sur la grande Île, avec ses 1 million 750.000 mga, soit prés de 12 smic. Re mouarf !!!

    Lorsque je suis allé à Mada en septembre dernier, j’ai éprouvé ce sentiment d’être riche d’une part, mais me devant d’être humble d’autre part. Sentiment de puissance relativisé par une réalité fragile; en France je suis de la classe moyenne, basse, voire très basse lorsque je décide (et j’ai décidé) de con-sommer moins et mieux pour garder mon capital temps 🙂

    La richesse que j’ai découvert à Mada, s’ajoutant à mes millions d’amg 🙂 ; est celle du temps qui passe au rythme astral, dont le soleil et la lune sont les pôles cardinaux orchestrant l’activité du vivant tels des métronomes rigoureux. Ce temps qui peut être oisif ou frénétique selon que l’on s’est donné les moyens ou pas de ne pas en être tributaire. Le temps ne vaut rien à Mada, ou alors il vaut tout…

    Ainsi, puisque le paradigme Néo-libéral occidental nous impose: “Le temps c’est de l’argent !”, faut-il faire Aïkido. C’est à dire inverser les forces en présence et utiliser celles-ci pour les faire basculer en sa propre faveur. Le paradigme devient, sitôt posé les pieds sur le tarmac: “L’argent c’est du temps !”

    Miracle d’un univers ou rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (avec mes humbles remerciements à sieur Lavoisier 😉 ) cette masse d’argent dont on peu disposer, modeste là ou elle est acquise (un smic en France et en euros par exemple), devient capitale (CAPITAL) là ou l’on va la dépenser (INVESTIR). Et il s’agit bien d’investir. Investir dans les individus sur place, investir leur territoire, investir leur culture.

    La nature ayant horreur du vide, celle-ci ne manque rarement une occasion de faire se rejoindre deux pôles potentiellement attractifs. Si ton désir est de passer le jour, puis la nuit… hi hi avec des lémuriens, (Chacun ses goûts hein 🙂 ) alors sans nul doute il y aura de nombreux malgaches pour t’y conduire et célébrer avec toi l’union sacrée qui te fait tant vibrer. Je souri à l’idée de les voir t’observer consommer cette relation fusionnelle…

    Ton aventure Africano-Malgache a été courageuse et riche. Ne te manque plus, enfin c’est mon humble avis, de définitivement déconnecter tes racines de tes origines, ce qui n’implique en rien un reniement de celles-ci. Disons qu’il faut concevoir ses racines en mode “wi-fi” ou “Bluetooth”, c’est à dire en mode connexion non filaire 😉 pour s’en nourrir tout en étant ailleurs dans l’espace et le temps. Une fois coupés les fils, puis connectée en mode “vibration”, nul doute que ton prochain départ sera aussi près que le temps utile pour te rendre à l’aéroport..

    Mada et bon nombre de pays, sont des gros gâteaux avec plein plein de cerises dessus 😉 Miam miam. C’est le temps qui permet, non pas de s’approcher des cerises, mais de les voir. Bien souvent nous avons sous le nez ce que nous cherchons sans le voir. Mais plus souvent encore nous avons sous le nez ce que nous ne savons pas pas que l’on cherche… Hum… C’est ballot !!!

    You’re ready to play again ? Enjoy… C’est un plaisir de te lire 😉

    • J’ai beaucoup moins de temps de tenir le site depuis mon retour en France 🙂 Alors je te réponds très tard mais mieux vaut tard que jamais !

      Est ce que je me pose des questions sur ma propre existence ? On s’en pose tous, j’espère en tout cas ! Je me sentirais seule si c’était pas le cas ! Les questions que je me pose tout au long du blog c’est surtout autour du “pourquoi on voyage ?” mais surtout “pourquoi on partage ?” Ce voyage m’a appris beaucoup de choses sur moi, sur le monde qui m’entoure et sur les choix que j’ai fais jusqu’à maintenant. Je me suis vue évoluée et je me vois encore évoluée aujourd’hui 3 mois après le retour ! Le voyage apporte ça aussi, une vision différente des choses qui te fait remettre en question la façon dont tu mènes ta vie. Après je ne pars et ne partirais jamais dans le mélo, quand j’ai parlé Afrique avec des gens on m’a demandé si j’avais laissé mes affaires là bas en partant. Non. Clairement, cette vision des choses que certains appellent de l’entraide moi j’appelle ça de la pitié et ça génère des comportements ou opinions que je cautionne pas type “les vazas ils sont riches”. On a eu et bon nombre de vazas ont encore un comportement anti-sociale dont ils ne perçoivent même pas l’existence et la résultante est qu’aujourd’hui si tu traverses Tana en solo on te regarde de trav ! Ou on te siffle, ou on t’appelle, ou on essaye de te vendre de la weed.

      Après toute ma réflexion sur mon voyage n’est absolument pas accès sur la “chance” d’être né dans un pays qui à le privilège d’être plus riche ( en exploitant bien les plus pauvres ) ni sur l’économie d’aucun pays africain. L’Afrique c”est l’exemple même de l’argent sale géré par des gens sales ( dont nos dirigeants occidentaux font partis ). C’est un débat sans fin que je n’ai jamais souhaité aborder ici 🙂 Parce que c’est pas le sujet ! Même si j’ai parlé politique plusieurs fois à cause du lien entre ça et la conservation des espèces 🙂 C’est lié à toute l’existence en même temps !

      Merci en tout cas de lire le blog, de m’avoir suivi dans tout ça, ça fait toujours plaisir d’avoir de fidèle lecteurs 🙂

  2. Bonjour Adeline. Si mon précédent commentaire, un peu décalé, ne te plaît pas trop, n’hésite pas à le supprimer, hein, je ne m’en offenserai pas 😉

    • Je l’ai lu en diagonale et je n’ai encore pas trop le temps de le lire ! Mais promis j’y répondrai 😀

      • C’est qui encore qui disait que les promesses n’engagent que ceux qui y croient ?
        Allé, je file. Merci encore pour le partage de ta folle aventure.

  3. Fidèle, fidèle… enfin, faut pas exagérer 😉

    Et me fais pas croire qu’il te faut te rendre jusqu’à Tana pour que l’on se retourne sur ton passage, hein, voire que l’on te siffle, surtout si tu es seule… :p Apparté: La weed est pas mauvaise à Mada :p

    Sinon, promis, plus d’intervention intempestive de ma part lorsque je me sens l’âme d’un écrit-vain… 🙁 J’opterai pour un exercice de tricot, ce qui occupe la pensée de la tête et les doigts des mains 🙂 Puis le temps passe à l’hiver ici, donc c’est productif.

    C’est toujours un plaisir de repasser par ton blog et revoir tes photos qui donnent envie de bouger. Bonne continuation Adeline.


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