Petite, poilue, recroquevillée derrière un volet de la maison de mes grands parents, c’est l’une des seules images qui me vient quand on me parle de chauves-souris, avec cette fois, en colonie, où un envol de chauves-souris au crépuscule a créé une véritable panique parmi mes congénères qui, hurlantes, sont parties se réfugier dans le gymnase qui nous servait d’abri. Les chauves souris on trouve donc ça soit adorablement mignons, soit terriblement effrayants mais les chauves-souris sont surtout de ces mammifères parfois mal connus qui souffrent de la présence humaine.
Les chauves-souris en France
Exit les idées selon lesquelles les chauves-souris sont fétichistes des longs cheveux ou suceuses de sang, vous saviez qu’elles étaient les seuls mammifères à pouvoir voler ? Qu’elles ne volent pas avec leurs bras mais avec leurs mains ? Au fil de mes recherches je me retrouve donc à découvrir un nouveau poilu particulièrement passionnant dont les variations physiques me font à la fois sourire et froncer le nez (j’aimerais pas me retrouver en face d’un Rhinolophe de Mehely !). En France nous comptons 34 espèces de chiroptères, pacifiques pour les bipèdes bien pensants (et les autres). Si elles ne sont pas dangereuses pour l’être humain, l’être humain est cependant dangereux pour elles, il suffit de regarder la longue liste rouge de l’UICN concernant les mammifères de France Métropolitaine : 16 espèces sont répertoriées dans les 4 premières catégories dont une dans les espèces en danger critique d’extinction : le Rhinolophe de Mehely. Pourtant les chiroptères sont toutes protégées depuis des années par l’arrêté du 23 avril 2007 (reprenant une loi de 1976) et son arrêté modificateur de 2012 qui a fait entrer d’autres espèces dans la liste selon lesquels il est interdit de tuer ou de perturber intentionnellement ces animaux ; alors à quoi est due la régression de ces nombreuses espèces ?
Les causes de disparition des chiroptères
Le facteur humain dans le déclin de certaines populations de chiroptères est (malheureusement) évident. Si, pour une fois, je me retrouve à ne pas râler contre les chasseurs pour la mort des chiroptères, nous, humains, ne sommes malgré tout pas étrangers aux problèmes que les chauves-souris rencontrent.
La première cause de la disparition de ces mammifères qui m’a frappé c’est la perte d’habitat. Je ne pensais pas les chauves-souris particulièrement sensibles aux modifications de nos habitats et pourtant il apparaît que l’aménagement des combles, la destruction des vieux bâtiments et même la fermeture des clochers représentent une perte pour ces animaux. A cela on peut ajouter la visite des cavités qui peuvent créer un mouvement de panique chez les chauves-souris et peuvent même leur être fatale en période d’hibernation ou dans les colonies de reproduction, les petits pouvant tomber au sol et mourir. On peut aussi citer les éoliennes qui, en créant des variations de pression, causent des hémorragies internes fatales aux chauves-souris ; les voitures ; la prédation et least but not less la dégradation du milieu et les pesticides.
Ces 2 dernières menaces sont peut-être celles qui m’ont le plus agacées. Déjà parce que ça m’a rappelé un petit (grand) hamster dont je vous ai parlé il n’y a pas si longtemps qui souffre lui aussi de ces grandes parcelles agricoles déboisées mais aussi parce que je n’arrive pas à comprendre comment on peut encore utiliser des pesticides quand il a été démontré des milliers de fois que c’était nocif pour 1. la planète 2. la biodiversité 3. nous.
A mon agacement vis-à-vis des pesticides s’ajoute la lecture d’un article fort intéressant, et encourageant pour une idéaliste comme moi, relatant une étude selon laquelle les chauves-souris pourraient permettre la diminution des pesticides dans les vignobles. Oui, parce que devinez quoi, les chauves-souris mangent des insectes, et les insectes mangent les plantes. La situation actuelle sur ce sujet est qu’aujourd’hui pour se débarrasser des insectes les agriculteurs, viticulteurs et autres –eurs utilisent des pesticides. Pesticides qui se retrouvent dans le petit corps du petit insecte, petit insecte qui se retrouve dans l’estomac de la chauve-souris, chauve-souris qui s’en trouve largement diminuée et menacée. Du coup, de découvrir cet article et cette étude il n’y a pas 2 semaines m’a fait saigner du nez, vous comprenez bien pourquoi j’imagine. Aujourd’hui on s’intéresse de plus en plus à la biodiversité, malgré tout le mal qu’à notre ministre de l’Ecologie à faire passer des lois en faveurs de la Nature (faut dire que les dissidents qu’il en face de lui sont vraiment très relous), on essaye, on se rend compte que peut être la Nature est bien faite et que si ça se trouve elle n’a pas besoin qu’on l’empoisonne pour fonctionner toute seule… Mais je m’égare. Les chiroptères donc. Ces mammifères portent sur eux la résultante de notre comportement et de nos choix. Comme beaucoup d’espèces les chauves-souris pâtissent de notre présence et de notre expansion pourtant il ne faut pas grand chose pour leur venir en aide.
Participer à la protection des chauves-souris
Parler des chauves-souris
Tu rencontres un chauve ? Tu places un petit mot sur la galère des chauves-souris. Ca marche aussi avec les souris. Tu es du côté de Bourges ? C’est l’occasion d’aller en savoir plus sur les chiroptères en allant au muséum d’Histoire Naturelle, spécialisé dans le domaine, et d’en parler autour de toi ensuite (ou même d’amener tous tes copains et toutes tes copines avec toi). Tu connais quelqu’un qui a des combles aménagés ? Hop un petit mot sur les chauves-souris. Au final les occasions sont nombreuses pour parler des chauves-souris et même si tu n’es pas en présence des 4 cas précités tu peux toujours en parler, comme ça, de manière informelle parce que ça vaut le coup d’être évoqué.
Construire un nichoir à chauves-souris
Comment mieux palier à la destruction de l’habitat des chauves-souris qu’en leur offrant la possibilité de nicher dans un gîte fait maison ? La destruction de l’habitat n’est pas une fatalité et il faudra quelque années et quelques éveils de conscience avant que les chiroptères puissent être tranquilles à nouveau. En attendant je vous invite à découvrir la page du LPO d’Auvergne qui propose un tuto gîte à chauves-souris et des bonnes adresses pour en acheter un tout fait. Vous pouvez aussi accueillir des chauves souris dans vos caves et greniers, elles ne sont pas dangereuses pour les poutres ou les charpentes.
Découvrir et aider les associations
- Le Groupe Chiroptères Aquitaine : vous pouvez devenir bénévole pour les opérations de comptages mais aussi participer aux animations (le planning est par ici). Le Groupe soutient aussi l’initiative Refuge pour chauves-souris, label auquel tout le monde peut adhérer s’il ou elle souhaite devenir acteur/actrice de la préservation des chiroptères.
- Chauve Souris Auvergne : une association qui organise aussi des comptages (le planning) et qui propose beaucoup d’activités comme des promenades aux détecteurs, des expositions, des ateliers ou encore des conférences (dépliant complet ici).
- Amikiro et leur Maison de la Chauve Souris de Kernascleden: située en Bretagne, cette association est à l’origine de l’ouverture du seul écomusée de France sur le thème de la chauve-souris. L’association propose aussi des activités et des événements à organiser avec eux ou à découvrir sur leur planning.
- Les LPO : toutes les LPO de France sont engagées dans la protection des chiroptères, vous pouvez faire du bénévolat auprès de toutes les LPO ou des services civiques. A savoir qu’elles ne s’occupent pas exclusivement des chiroptères.
Je n’ai pas parlé de ta région ? Pas de soucis, le Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges a mis en place une merveilleuse liste qui te permettre de trouver une association ou au moins un contact près de chez toi pour parler des chiroptères ! A découvrir absolument, cette liste peut aussi te permettre de trouver un centre d’accueil pour animaux blessés.
Tu veux en savoir plus sur une espèce en particulier ?
L’Inventaire National du Patrimoine Naturel est une mine d’or pour les informations. J’ai pu découvrir beaucoup de choses sur les espèces listées par l’UICN et je les remercie beaucoup pour les 2 photos de cet article, la première est une Noctule Commune prise par Arnaud Horellou et la seconde un Minioptère de Schreibers prise par Laurent Rouschmeyer.
(Clique sur le logo → pour découvrir leur site et sur les photos pour découvrir ces 2 espèces)
La photo d’en-tête est d’Igam Ogam et la photo ci-dessous est de Serrah Galos prises sur Unsplash, ces chauves-souris ne sont pas de chez nous (à défaut d’avoir d’autres photos libres de droit) 🙂
7 Commentaires
Etant plus jeune, j’avais lu toute une série de livres dont les héros étaient des chauve-souris. C’était passionnant et , bien que romancé, on apprenait beaucoup de choses!
C’était quoi comme livres ? ^.^
Un nouvel article dans lequel, une fois encore, tu nous parle d’une “p’tite bête” qui a tout autant que nous le droit d’exister.
Les Chiroptères et moi te disons …. Merci !
😉
Merci :-*
Tes articles biodiversité sont géniaux ! Il y a ENORMEMENT de chauve souris chez moi, l’été au coucher du soleil on commence à les voir voler dans tous les sens, j’adore ça, je les trouve magnifiques ! J’ai de la chance d’être dans cette réserve de biodiversité naturelle avec ma maison paumée pleine de vieilles granges 🙂
Merci Ariane ! Je t’envie pour ta maison paumée, les chauves souris doivent être tranquilles dans les granges et ça doit être grandiose quand elles sortent d’hibernation
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