Aujourd’hui ce n’est pas de moi qu’il va être question ni d’une de mes expériences mais d’une nana rencontrée en stage il y a plus d’un an, d’une ces nanas avec qui on partage le point commun d’être passionnée de Nature et de faune sauvage. Aude nous raconte son quotidien de volontaire à Zanja Arajuno en Equateur.
Bonjour Aude ! Pour commencer peux-tu nous parler un peu de toi ?
Bonjour ! Je m’appelle Aude j’ai 31 ans, j’ai toujours été attiré par tout ce qui touche au vivant, c’est pour ça que j’ai fait des études en biologie. Je me suis retrouvée un peu perdue au milieu de toutes les spécialités à la fac et j’ai atterri par hasard dans un domaine qui ne m’intéressait pas plus que ça… Après un gros ras le bol général de ma vie j’ai décidé de tout plaquer, de me recentrer sur moi et ce qui fait vraiment partie de mes valeurs !
A quel moment as-tu commencé à t’intéresser à la conservation des espèces ?
Depuis petite le sort des animaux sauvages me tient à cœur ! Mais je pense que je me suis intéressée plus encore à la conservation en particulier quand j’ai commencé mes stages dans le domaine animalier. Particulièrement quand j’ai côtoyé les chevaux de Przewalski dans une réserve en Belgique. Cette espèce faisait l’objet d’un programme de conservation et de réintroduction à l’état sauvage, du coup ça a attisé ma curiosité sur le sujet et donné envie d’en savoir plus !
Tu es donc partie faire du volontariat en Equateur, pourquoi avoir choisi ce pays ?
J’ai toujours eu l’envie de découvrir l’Amérique du sud. Aller en Amazonie et découvrir sa faune et sa flore a toujours été un rêve ! J’avais envie de marquer le coup pour mes 30 ans et de faire un truc fou ! Après avoir fouillé pendant des heures sur le net pour trouver des centres de sauvegarde et les avis des anciens volontaires, je me suis décidée pour un centre en haute Amazonie en Equateur ! Quelques échanges de mail plus tard j’avais réservé ma place au centre !
Quelle a été ta mission pendant ces quelques semaines dans l’organisation ?
Comme je m’y attendais, la mission principale a été de préparer les rations de nourriture, les distribuer aux animaux, nettoyer les quelques enclos et vérifier que les animaux étaient en bonne santé. Des enrichissements pour les quelques animaux en enclos. La plupart des animaux ayant été réhabilités vivent en “liberté” aux alentours du centre, on laissait donc un complément de nourriture à des endroits stratégiques en complément de leur recherche de nourriture dans la jungle ! Mission plutôt similaire à ce qu’on effectue en tant que soigneur en parc animalier !
Pour ce qui est des primates réhabilités, il y avait également une mission de comptage, interactions entre les groupes à observer et noter. Mais également suivi des populations avec un GPS pour voir jusqu’où les populations réhabilitées s’aventuraient dans la jungle. Passionnant mais vraiment pas évident quand on est un simple humain qui se déplace sur terre !
Ensuite il fallait entretenir le centre ! Rendre les sentiers praticables, les enclos accessibles, s’occuper des plantations de fruits et légumes dans la serre.
Enfin, il y avait toute une mission de travail avec les communautés environnantes. Sensibilisation à la protection de la nature. Concertation pour trouver des alternatives à la déforestation pour culture de canne à sucre (seule source de revenus de la région). Développement du tourisme écologique. Education environnementale auprès des plus petits. Ateliers de reforestation… Cette mission est essentielle et vraiment complémentaire au travail du centre avec les animaux ! J’ai été ravie de découvrir cet aspect là et de partager ces moments avec la population locale.
Si tu devais choisir parmi tout ce que tu as vu et fait, quel est ton meilleur souvenir ?
Difficile de choisir !!! Je dirais que c’est quand j’ai entendu pour la première fois les singes laineux, une fin d’après-midi ! Ils se sont approchés rapidement du centre alors qu’on nourrissait d’autres animaux (l’appel du ventre haha). J’ai donc pu les voir sauter d’arbre en arbre et même apercevoir bébé encore accroché à sa mère. Moment magique !
Et le pire ?
Hum j’hésite ! Certainement le coup du nid de guêpes qui s’en prend à moi car je passais à côté. Ça fait mal, très très mal ! Et on se sent sacrément con de courir machette en main pour se frayer un chemin parce qu’elles continuent à nous poursuivre !
Sinon le perroquet qui décide de t’attaquer, qui te choppe la cheville jusqu’au sang et ne veut plus te lâcher c’est sympa aussi ! Une belle cicatrice en souvenir … 😀
Est-ce que tu recommanderais d’aller faire du volontariat dans cette organisation ?
Bien sûr ! C’est un super centre dirigé par Medardo et Lucero, des passionnés qui savent vraiment de quoi ils parlent ! Ils donnent des cours dans les universités équatoriennes et colombiennes, ont écrit des articles sur la réhabilitation des animaux. Seul petit bémol peut être… Etant impliqués dans la lutte contre l’industrie pétrolière et les ravages sur les forêts primaires, ils ont perdu momentanément l’agrément du centre par le ministère de l’écologie corrompu … Donc ils ne reçoivent plus de nouveaux animaux dans leur locaux. Leur action est donc essentiellement la réhabilitation des animaux déjà présents le temps de récupérer cet agrément auprès du ministère.
Je peux difficilement résumer deux mois de travail dans le centre et d’échanges avec les gens et la nature… Mais je me souviendrai des paysages sublimes ; de l’accueil des gens ; des bruits de la jungle qui m’ont fait peur la première nuit ; des rencontres avec les bénévoles, les directeurs, les locaux, les enfants ou les animaux ; des saïmiris qui t’épouillent les cheveux ; des singes laineux qui sautent d’arbres en arbres avec grâce ; des sorties nocturnes pour observer grenouilles et serpents ; des siestes où on se réveille avec Pancho, le petit tamarin malheureusement ancien animal de compagnie collé à soi sous la couverture ; des lessives et bains dans la rivière ; des soirées à chanter et écouter Medardo jouer de la guitare ; de Patricio l’Ara Macao qui veut me donner la becquée pour me séduire ; des parties de jeux de cartes et de dominos pour occuper nos soirées ; des marches interminables pour aller faire des courses à la ville d’à côté ; et tant de choses encore … Je me souviendrai d’une façon de vivre très simple, où on va à l’essentiel et où tout ce que Pachamama ( la Terre Mère ) a mis sur notre chemin est égal et respecté…
Quelle conclusion tires-tu de ton expérience pour la conservation des espèces en Equateur ?
Une superbe expérience avec des gens géniaux ! J’ai vraiment compris grâce à cette expérience qu’on ne peut pas aider à la conservation des espèces sans aider les gens qui vivent sur place. Naïvement je n’aurais jamais cru que c’était aussi lié ! Les aides des gouvernements pour ce genre de centre sont tellement dérisoires que par exemple les directeurs avec qui j’ai vécu ces quelques semaines sont obligés d’avoir un travail complémentaire à côté pour vivre et faire vivre le centre… Il faut avant tout des gens passionnés pour arriver à faire avancer la conservation des espèces, dans n’importe quel pays que ce soit !
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