Suite des interviews avec des acteurs de la conservation des espèces. Pour cet épisode 2 je vous invite à découvrir ( si ce n’est pas déjà fait ) Aurélie, du blog 1 mois 1 espèce ! Profonde défenseure de la conservation des espèces elle nous parle de ses nombreuses expériences aux 4 coins de l’Europe.
Bonjour Aurélie ! Je suis ton blog avec intérêt depuis un moment, laisse moi déjà te dire que je suis ravie de pouvoir t’avoir sur mon blog aujourd’hui ! Pour commencer peux-tu te présenter ?
Bonjour Adeline, merci pour l’intérêt que tu portes à mon projet Pour me présenter je dirais que je suis avant tout une écolo passionnée de nature, de faune sauvage et de voyages. Je mets mon temps et mes compétences à disposition de projets de conservation des espèces en danger et je partage mes expérience à travers des articles et des vidéos sur mon blog www.1mois1espece.fr .
Tu as travaillé pendant plusieurs années avec Souffleurs d’Écume avant de monter ce projet, c’était quoi ton déclic ?
J’ai toujours rêvé de travailler dans une association qui protège les espèces en voix d’extinction. Mon parcours scolaire a dévié vers le multimédia mais j’ai toujours gardé cet objectif en imaginant mettre à disposition mes compétences pour des projets de conservation. Travailler chez Souffleurs d’écume, c’était la concrétisation de mon rêve mais j’ai réellement eut un déclic lors des sorties en mer auxquelles j’ai participé pour suivre et étudier le comportement des baleines sur le terrain. J’ai tout de suite compris que je ne pouvais plus passer mes journées enfermées derrière un ordinateur et que ce que je voulais réellement faire c’était me rendre utile sur le terrain, dans la nature, au contact des animaux. Ça m’a pris un certain temps avant de prendre ma décision mais j’ai finalement quitté l’association pour pouvoir me mettre à mon compte et avoir du temps pour partir à la découverte de projets d’étude et conservation à travers l’écovolontariat.
Tu as aujourd’hui à ton actif 13 missions de bénévolat ou d’écovolontariat dont la moitié en France, qu’est ce que tu penses de la conservation des espèces dans notre pays ?
Nous avons de nombreux projets et de nombreuses associations de conservation dans notre pays, même s’ils ne sont pas tous très connus. Malheureusement, notre politique ne suis pas. Nous avons, il me semble, beaucoup de retard comparé à nos pays voisins tels que l’Italie qui cohabite par exemple bien plus pacifiquement avec le loup ou l’Angleterre qui compte un nombre impressionnant de centres de sauvegarde pour la faune sauvage et qui ont des moyens bien plus importants que chez nous. Dans notre pays, et c’est sûrement pareil ailleurs, je constate que les intérêts humains passent toujours devant la protection de la faune sauvage, de leurs milieux et de la biodiversité. Alors même que nous dépendons complètement du bon équilibre de celle ci. Quand comprendrons nous enfin que nous ne pouvons nous passer d’eux et que la terre ne nous appartient pas?
Tu as souvent été confronté à la réalité des conflits hommes/animaux dans notre pays, tu penses qu’on est quand même sur la bonne voie niveau mentalité ou est-ce qu’il y a encore beaucoup de travail ?
Je pense que les mentalités évoluent, mais malheureusement trop doucement. De plus en plus de gens se sentent concernés et réalisent l’impact de nos modes de vie et de consommation sur la nature et la faune sauvage mais peu d’entres eux sont réellement prêts à effectuer des changements dans leur mode de vie. Il y a également une grande part de la population qui reste fermée à ce discours et qui ne vois l’intérêt de se soucier de la faune sauvage. Même parmi les écologistes ou les personnes investies dans des projets de protection de l’environnement je constate des incohérences. Il reste, en effet, beaucoup de travail à faire pour préserver la nature qu’il nous reste.
Tu as aussi eu l’occasion de sensibiliser les gens au respect des animaux, comme par exemple le respect de l’espace des phoques lors de ton volontariat en Baie de Somme, tu penses que le message passe bien ?
D’une manière générale, le message passe plutôt bien lorsque l’on explique les réels enjeux. La plupart des gens n’ont simplement pas conscience de la perte en biodiversité, des impacts des activités humaines sur la survie de certaines espèces et de l’importance que ces espèces peuvent avoir dans l’équilibre dont nous dépendons tous. Une fois qu’on le leur explique, la plupart des gens sont intéressés et certains sont près à changer leurs comportements. Après, on trouve toujours des personnes fermées ou qui voient leurs propres intérêts personnels comme une priorité mais ce sont heureusement des cas isolés.
Tu as parfois dû faire face à des situations humainement ( et même parfois éthiquement ) compliquées, tu peux nous parler du moment le plus agaçant que tu as vécu ? Et de celui qui t’a le plus émerveillé ?
J’ai en effet été plusieurs fois confrontée à des problèmes éthiques qui ne correspondent pas à ma philosophie comme par exemple le fait que certaines structures collaborent avec les chasseurs ou les pêcheurs, ou des structures qui recueillent des animaux sauvages en détresse mais qui ne mettent pas tout en œuvre pour pouvoir les relâcher ensuite dans de bonnes conditions. Ou bien le fait de sacrifier des animaux d’élevage pour sauver des animaux sauvages, ce qui reste un gros dilemme pour moi en tant que végétalienne. Je pense que le plus dur a été de découper des poussins en morceaux pour nourrir les rapaces très affaiblis. J’ai aussi eut des expériences difficiles émotionnellement comme lorsque des animaux en soin sont morts dans mes bras… Mais avec le temps on apprend à s’endurcir et à accepter qu’on ne peut pas sauver tous les animaux.
Heureusement il y a plus d’émerveillement que de moments négatifs et mes moments préférés sont toujours les relâchés ou les rencontres avec les animaux sauvages dans leur milieu. Il y a eut tellement de moments merveilleux… mais je garde réellement en mémoire ma rencontre avec les baleines et, plus récemment, le relâché des vautours fauves en Croatie. Qu’y a-t-il de plus beau qu’un animal a qui on offre une 2nd chance et qui retrouve sa liberté ?
Après plus de deux ans passés de bénévolat tu es arrivée au terme de ton projet, quelles conclusions tu tires de tous ces mois d’expérience ?
Mon projet n’est pas terminé, je souhaite toujours m’investir dans des actions de conservation de la faune sauvage, même si ce n’est pas toujours de façon très régulière. Je ne prévois pas réellement les choses à l’avance et j’avise un peu au jour le jour. Mais le bilan que je peux faire de ces deux années de découverte c’est que l’ampleur de la tâche semble infinie, que parfois le combat semble désespéré… Malgré tout, je garde espoir en pensant à toutes ces personnes incroyables que j’ai rencontrées : ces volontaires qui travaillent dur, parfois même en ayant payé pour s’investir corps et âme dans un projet simplement animés par la passion et l’esprit d’entre-aide désintéressé; ces personnes qui consacrent leur vie entière à la protection d’une espèce et qui, à elles seules, tentent d’éviter leur extinction; ces soigneurs qui travaillent avec acharnement pour sauver, chaque jour, de nombreux animaux victimes des activités humaines.
A la base ton projet n’était censé durer qu’un an et demi. Tu as été un peu embarqué et tu n’as pas voulu t’arrêter ou je me trompe sur la durée ?
En fait quand j’ai commencé, je ne me suis pas vraiment mis une limite de durée. j’ai eu quelques longues pauses l’année dernière faute de temps ou de missions disponibles près de chez moi. Au bout d’un an et demi, j’ai fait une vidéo récapitulative plus pour donner un aperçu général du projet que pour le clôturer. J’ai toujours envie de continuer et d’aller plus loin mais j’ai des contraintes personnelles qui me bloquent donc je vois un peu au jour le jour.
Tu continues de raconter tes expériences et de partager des publications en lien avec tes écovolontariats sur ta page FB, quels sont tes projets aujourd’hui ?
Mes projets à moyen et long terme sont encore flous. Je pense sérieusement à la possibilité d’une reconversion professionnelle me permettant de travailler dans l’étude et la conservation des espèces ou dans le soins animalier pour la faune sauvage.
Retrouvez le beau projet d’Aurélie sur son blog, Facebook et sur Instagram pour voir encore plus de belles photos de ses missions !
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