J’ai légèrement failli à mes habitudes ces derniers temps en ne publiant plus un article “poilu” par mois. Un peu prise dans mes activités je n’ai quand même pas cessé de réfléchir au prochain sujet que j’allais évoquer et l’envie m’a pris de revenir à mes premiers amours : les primates, et plus particulièrement ceux qu’on nomme communément les Grands Singes ou les primates hominoïdes, dont nous faisons partie avec les Gorilles, les Chimpanzés, les Bonobos, les Orang–Outans (ce sont les hominidés) et les Gibbons (qui sont des hylobatidés). C’est par ces cousins de la branche des hylobatidés que j’aimerais commencer cette série pour vous parler des menaces qui pèsent aujourd’hui sur chacune de ces espèces, ainsi que de ce que nous pouvons faire pour leur protection.
Quelques infos sur les hylobatidés
La famille des hylobatidés comprend les Gibbons, qui se divisent en 3 genres et 14 espèces, et les Siamangs qui ne comptent qu’une seule espèce et qui se distinguent des Gibbons par la présence d’un sac vocal qui se gonfle d’air lors des vocalises. Leur répartition s’étale entre différents pays d’Asie du Sud-Est comme la Thaïlande, le Myanmar, l’Inde ou encore la Chine mais on entend surtout parler des espèces présentes en Indonésie sur les îles de Sumatra, Java et Bornéo où les espèces qu’on peut rencontrer, telles que le Gibbon à mains blanches à Sumatra, le Gibbon de Müller à Bornéo ou le Gibbon de Moloch à Java, sont endémiques. Comme tous les grands singes les hylobatidés n’ont pas de queue et peuvent se tenir droit ou presque, lorsque les Gibbons sont au sol, ce qui n’arrive que rarement dans la nature, on peut les voir utiliser leurs membres inférieurs pour courir, d’une façon un peu particulière, utilisant leurs grands bras comme un balancier. Leurs longs membres supérieurs leur permettent aussi de se déplacer de branches en branches, on appelle ça la brachiation, leur évitant par la même de devoir descendre au sol et donc d’être vulnérable des prédateurs. Ils sont surtout végétariens mais peuvent aussi se nourrir d’insectes ou d’oiseaux.
Toutes les espèces se distinguent par leur pelage, qui peut aussi varier selon les sexes dans le cas de certaines espèces, et leur chant, les hylobatidés sont connus pour être de grands chanteurs ! Ces chants, qu’on peut surtout entendre le matin, ont plusieurs fonctions : d’abord de signifier la présence et donc de mettre en place un périmètre, un territoire, les hylobatidés en chantant assurent donc la protection de leur domaine ; les chants servent aussi à resserrer les liens sociaux, à séduire ou à pérenniser une relation déjà établie. Il faut savoir que les hylobatidés sont monogames et nous ressemblent sur le plan social puisque les Gibbons comme les Siamangs fondent des familles, avec le ou la même partenaire, qui peuvent compter jusqu’à plusieurs petits d’âges différents, le jeune ne quittant le cocon familial que vers 7 ans, une fois qu’il est adulte et prêt à rechercher son ou sa partenaire.
Les menaces qui pèsent sur les Gibbons
Aussi beau et étonnant que soient les chants des hylobatidés, c’est souvent la cause de leur disparition puisque c’est par ces vocalises que les braconniers arrivent à situer la présence des primates et à les capturer. Les Gibbons et les Siamangs sont braconnés à la fois pour être vendus comme animaux de “compagnie” à des particuliers, selon les chiffres de Kalaweit plus de 3000 gibbons seraient détenus illégalement à Bornéo, mais aussi pour leur fourrure ou la médecine traditionnelle.
Le braconnage n’est cependant pas la seule cause de disparition des hylobatidés, dont certains sont considérés en danger critique d’extinction par l’IUCN, on peut aussi pointer du doigt l’exploitation de l’huile de palme et donc la déforestation en Asie du Sud-Est comme l’un des facteurs principaux de la disparition de ces différentes espèces. Il faut savoir que chaque année en Indonésie plus de 2 millions d’hectares de forêts disparaissent pour laisser place à des palmiers à huile, détruisant en même temps la biodiversité des lieux puisque ces arbres ne permettent pas d’accueillir les primates, et qu’ils ne sont pas le bienvenu de toute façon, le gouvernement indonésien n’ayant absolument pas la situation en main, chaque année les territoires des Gibbons et des Siamangs s’amenuisent dangereusement.
Comment sauver les Gibbons ?
Eviter l’huile de palme
L’une des idées à mettre en place facilement c’est évidemment de consommer des produits sans huile de palme dont vous pouvez trouver une liste non exhaustive par ici. Il faut savoir que le gouvernement français est pro-huile de palme puisqu’il soutient le projet de Total d’ouvrir une usine de biodiesel ou plutôt de carburant à l’huile de palme.
On a en France la chance d’avoir une certaine prise de conscience au niveau de l’huile de palme dans l’alimentation et de plus en plus de marques lui préfèrent des huiles moins polémiques même si d’autres continuent d’en utiliser à grand renfort de greenwashing à base d’huile de palme “durable” qui est en fait une grosse fumisterie. Mise en place par des producteurs, des multinationales et par WWF, la certification RSPO qui vous promet une huile de palme durable et contrôlée n’est en fait qu’un écran de fumée derrière lequel se cache la réalité crasse d’une production toujours plus effrénée. Il faut savoir que le sigle GreenPalm est acheté et rien ne permet à l’acheteur de savoir d’où provient l’huile de palme qu’il utilise sous ce sigle. En somme les produits, comme Nutella, qui utilisent l’huile de palme “durable” comme argument de vente ne peuvent pas prouver que l’huile de palme qu’ils utilisent est à 100% durable. Et même s’ils le pouvaient, la réalité c’est que la production même d’huile de palme est à l’opposé de la notion même de durabilité puisque l’exploitation des palmiers à huile détruit les sols, les assèche de leurs éléments nutritifs et les gorge de produits toxiques. Une fois que l’arbre a donné tout ce qu’il pouvait, pendant environ 25 ans, le sol ne peut plus rien accueillir et c’est pour ça que les producteurs continuent de grignoter les forêts encore intactes.
Soutenir les initiatives de Kalaweit
Cette association est la plus connue dans la protection des Gibbons. Fondée par Aurélien Brulé ou Chanee, l’association se bat chaque jour pour permettre aux hylobatidés retenus par des particuliers de retrouver leur liberté. L’association achète aussi, notamment grâce aux dons, des parcelles de forêts en Indonésie qui permettent aux Gibbons d’avoir un plus grand territoire et d’enrayer la machine de la déforestation.
Pour soutenir Kalaweit vous pouvez évidemment commencer par parler de la situation de ces grands singes autour de vous et également faire des dons à l’association, parrainer l’un des pensionnaires de l’association (la liste des gibbons à parrainer) mais aussi acheter des produits dérivés sur leur boutique, devenir bénévole pour les nombreux événements de l’association en France comme j’ai eu l’occasion de le faire à Lyon il y a quelques années. Si vous êtes commerçant vous pouvez aussi mettre en place des microdons, les arrondis à la caisse ou sur salaire ! Toutes les infos sont à retrouver sur le site de Kalaweit.
Sensibiliser les enfants
Parce que le changement n’est pas qu’un affaire d’adultes il est aussi important de donner aux enfants les informations nécessaires pour comprendre les problématiques de notre époque. En faisant mes recherches sur les différentes possibilités de sensibilisation à la cause des hylobatidés je suis tombée sur cette initiative de Virginie Dortet : un livre jeunesse illustré “Les Aventures de Kala – Sauvons les Gibbons“ que vous pouvez aussi retrouver sur la boutique de Kalaweit puisqu’une partie des bénéfices leur sont reversés. Il est indiqué pour les enfants dès 5 ans donc si vous avez des petits humains ou des petites humaines à la maison, ce livre est fait pour eux !
Tu as déjà eu la chance d’observer des Gibbons et des Siamangs en liberté ? J’adorerai que tu m’en parles alors n’hésite pas !
Les photos de cet article ont été prises sur le site Unsplash. Clique sur les photos pour découvrir leurs auteurs et retrouve la photo de couverture par ici.
Si tu es méga fan de primates je te conseille très chaudement le magnifique Primates de Jean Jacques Petter avec des illustrations de François Desbordes aux éditions Nathan. C’est de la nourriture pour les yeux et l’esprit.
5 Commentaires
Merci pour cet article Adeline. Je ne connaissais pas du tout Kalaweit, je vais certainement creuser le sujet. La défense de l’environnement est un sujet qui nous tient de plus en plus à cœur avec Mélissa, et on aimerait en faire plus, à notre échelle…
Il y a pas mal d’event de sensibilisation mis en place par Kalaweit, ils recherchent des bénévoles un peu partout en France alors vous aurez sûrement l’occasion de bosser avec eux si vous avez le temps En tout cas, merci pour votre commentaire, je suis contente que mes articles puissent servir à faire découvrir de chouettes associations !
Tu fais bien d’en remettre une couche sur les impacts négatifs de l’huile de palme et du coup je vais vraiment revoir ma copie sur certains produits pour lesquels je suis encore laxiste au niveau de l’étiquette.
C’est dit !
Tu es le meilleur ! <3
Bonjour je suis prêt à prendre un congé sans solde pour me rendre utile à la sauve garde des primâtes si besoin je serait toujours à votre disposition. Merci