Les Grands Singes – Sauver les Orangs-Outans

Si je devais nommer le grand singe qui a la plus grande couverture médiatique je dirais l’Orang-Outan. Ce primate a la chance d’être sur le devant de la scène depuis des années maintenant et pour cause, il est l’une des victimes silencieuses de la déforestation en Indonésie. Aujourd’hui en danger critique d’extinction, l’IUCN a chiffré une perte de 60%  de la population de Bornéo entre 1950 et 2010 et de 60% entre 1985 et 2007 pour les populations de Sumatra.

L’Orang-Outan est donc devenu, bien malgré lui, l’emblème de la consommation moderne et de la destruction du monde par son cousin, l’Homme. Il m’est difficile de ne pas introduire ce grand singe en parlant de toutes ces faits, aussi déplaisants soient-ils. Ceci étant, j’y reviendrais dans les menaces et avant de parler de tout ça j’ai envie de vous présenter ce primate asiatique, sûrement le plus calme de tous les grands singes.

Où sont les Orangs-Outans ?

Les orangs-outans font partie de la même famille que les chimpanzés, les bonobos, les gorilles et nous-mêmes : la famille des hominidés. A la différence des 3 premiers grands singes évoqués, l’orang-outan vit en Asie, plus particulièrement sur les îles de Bornéo et de Sumatra. S’il y a quelques années on pensait qu’il n’existait que 2 espèces d’orangs-outans, des recherches effectuées en 2017 ont permis d’établir qu’il existe 3 espèces distinctes :
  • L’orang-outan de Bornéo (Pongo Pygmaeus) qui vit entre les états malais de Sabah et Sarawak, et les provinces indonésiennes de Kalimantan.
  •  L’orang-outan de Sumatra (Pongo abelii) qui se trouve dans le nord de l’île de Sumatra.
  • L’orang-outan de Tapanuli (Pongo tapanuliensis), l’espèce découverte en 2017, se situe au sud du Lac Toba, toujours dans la zone nord de l’île mais non reliée géographiquement à l’orang-outan de Sumatra.

Bornéo

sauver Orang-outan bornéo

Sumatra

sauver Orang-outan sumatra

Tapanuli

sauver Orang-outan tapanuli

Qui sont les Orangs-Outans ?

sauver orangs outans

Mini portion trapue et ventrue, l’orang-outan n’est pas un géant comme le gorille mais il n’en reste pas moins le plus gros mammifère arboricole. Du haut de son mètre 50 et de ses 100kg, seul le mâle orang-outan pose, occasionnellement, ses 4 mains par terre mais la plupart du temps il faudra lever le nez pour l’apercevoir. L’orang-outan passe la quasi totalité de son temps dans les arbres, s’y construisant aussi des nids tous les soirs, comme le chimpanzé. Il est donc certain que l’orang-outan partage certaines caractéristiques avec ses cousins hominidés mais à bien des égards il est unique en son genre.

Il est, pour commencer, le seul grand singe à ne pas vivre en groupe. A la différence des bonobos ou des chimpanzés qui vivent dans de grands groupes, et des gorilles ou des gibbons, qui vivent aussi dans des groupes mais cette fois liés par le sang, les orangs-outans vivent la plupart du temps seuls. On peut néanmoins nommer une exception : une femelle orang-outan reste avec sa progéniture pendant environ 7/8 ans, le temps d’être sevrée et d’avoir appris toutes les choses essentielles pour vivre seule dans la jungle.

Cette longue période d’apprentissage signifie une autre chose : les femelles orangs-outans, qui vivent en moyenne 40 ans, auront environ 4 à 5 petits. Le cycle de reproduction est donc très lent chez les orangs-outans et c’est aussi l’une des causes de leur disparition : il ne leur est pas possible de trouver un équilibre entre les pertes, dues à de multiples facteurs, et les naissances. 

D'ailleurs, tu sais comment reconnaître un mâle orang-outan d'une femelle ?

Chez les orangs-outans il y a un dimorphisme sexuel très visible ! A l'âge de la puberté les mâles développent un sac laryngien (sous la gorge) et 2 gros bourrelets adipeux en forme de croissant de lune d'une joue à l'autre en passant par le front.

Le mâle orang-outan ne rencontre donc la femelle qu’à de rares occasions. Il peut quand même être possible de voir ces grands singes réunis dans une même zone, en général il s’agit d’un endroit où la nourriture abonde. Dans le cas contraire, lorsque les denrées alimentaires ne sont pas en nombre, les orangs-outans font bande à part.

D’ailleurs, que mange un orang-outan ? A nouveau légère différence avec ses cousins, ces grands singes sont essentiellement frugivores et raffolent d’ailleurs des durians, ces fruits à l’odeur terrible. Autre particularité, les orangs-outans peuvent manger des fruits qui sont toxiques pour les êtres humains comme la noix vomique dont les indigènes utilisent le jus pour faire leurs flèches empoisonnées. Les primates sont en effet immunisés contre le poison, les toxines étant détruites dans leurs voies digestives. A côté de ces fruits les orangs-outans mangent aussi des feuilles ou des insectes.

sauver-orangs-outans

Pour finir sur cette présentation rapide de ces grands singes je ne peux pas ne pas parler de leur extrême intelligence. Il n’est plus à démontrer que les primates font preuve d’une grande ingéniosité, toute espèce confondue. L’orang-outan a une image de grand singe calme et pensif. Calme il l’est, la plupart du temps, il est assez rare de voir un orang-outan entrer dans des états de frustration comme les chimpanzés, et pensif il l’est aussi. Ces grands singes sont connus pour utiliser souvent des outils et en confectionner pour parvenir à leurs fins. En exemple on peut citer ces orangs-outans qui prennent de grandes feuilles pour se protéger de la pluie ou qui créent des outils pour déguster les graines d’un fruit aux poils irritants : le neesia.

Les menaces qui pèsent sur les Orangs-Outans

Pour qualifier ces menaces je me sers des données recueillies par l’IUCN. La plupart des menaces évoquées sont les mêmes pour les 3 espèces même si celles qui pèsent sur l’orang-outan de Tapanuli sont à mieux définir.

La première des menaces est connue de tous : l’exploitation forestière ou les plantations de palmiers à huile pour être plus spécifique. Je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il s’agissait de parler des gibbons, les palmiers à huile sont à l’origine de la déforestation et donc de l’appauvrissement des ressources alimentaires pour les orangs-outans mais aussi de l’appauvrissement des sols et donc de la destruction des écosystèmes et de la biodiversité dans son ensemble. 

Comment ça se traduit dans notre quotidien ? Tout simplement par la profusion de produits à base d’huile de palme. Dans ce cas là la solution pour contrer cette menace et pour aider les orangs-outans est simple : arrêter l’huile de palme dans l’alimentation. Je précise alimentation puisque l’arrêter dans le carburant (gazole) est plus compliqué. N’empêche que c’est mieux que rien et qu’aujourd’hui on a suffisamment d’alternative alimentaire à l’huile de palme pour ne pas se cacher derrière cette excuse.

Il y a ensuite le développement résidentiel et donc, à nouveau, la perte d’habitat pour les orangs-outans. On peut ajouter dans la besace de la perte d’habitat les exploitations minières de Sumatra qui dénaturent illégalement l’écosystème de Leuser en dépit des textes visant à le protéger. 

Pour finir on peut aussi citer les meurtres d’orangs-outans, parfois parce qu’ils se trouvent sur des parcelles de palmiers à huile en devenir ou tout simplement pour s’approprier les jeunes et les vendre. Il existe donc un réel manque d’information au sein des populations concernant la protection de ce grand singe qui est, je le rappelle, en danger critique d’extinction, toute espèce confondue.

Comment sauver les Orangs-Outans ?

Soutenir les associations

Encore et toujours. Oui, je peux paraître soûlante avec ça mais ça reste une prise de pouvoir assez importante. Si elle est indirecte il n’en reste pas moins qu’elle a du poids ! Il faut savoir que les plus petits dons sont les plus importants puisqu’ils sont les plus susceptibles de durer sur la longueur. Imaginez un peu si on donnait 5€ chacun tous les mois à une association. Ça changerait la donne puisqu’elle aurait un pouvoir proportionnel aux dons.

Je vous propose donc de découvrir 3 associations, elles sont toutes étrangères, je n’ai pas trouvé d’association française qui s’occupe des orangs-outans mais n’hésitez pas à me corriger en commentaire.

  • Orangutan Outreach est, comme son nom l’indique, exclusivement tournée vers la protection de ces grands singes. Cette association soutient de diverses manières des projets visant à protéger les orangs-outans et leur habitat. Ils ont notamment comme partenaire l’IAR dont je te parle juste après.
  • L’International Animal Rescue ne s’occupe pas uniquement des orangs-outans. Mais dans le cas des grands singes l’association a mis en place un centre/refuge pour recueillir les orangs-outans gardés captifs (jeunes et moins jeunes), le but étant de les réhabiliter si c’est possible.
  • The Orangutan Project soutient différents centres de soins et de réhabilitation dispatchés dans les différentes zones d’habitat des orangs-outans mais aussi les efforts de protection des animaux sauvages encore présents dans ces zones et les opérations de sauvetages. 

Il est possible de faire du volontariat sur place ou des levées de fonds pour chacune de ces associations. Vous avez aussi la possibilité d’adopter/sponsoriser l’une des pensionnaires des centres soutenus par ces 3 associations et honnêtement bonne chance pour choisir parmi toutes ces bouilles :

Adoptions | Volontariat chez Orangutan Outreach

Adoptions | Volontariat chez IAR

Adoptions | Volontariat chez The Orangutan Project

Stopper l’huile de palme

Pour le coup c’est LA raison qui détruit le plus l’habitat des orangs-outans et c’est LA solution à la portée de tout le monde. Surtout que, comme je le dis plus haut, on est relativement chanceux en France, les groupes alimentaires finissent par comprendre que l’huile de palme n’a pas bonne presse et s’efforcent donc de la remplacer. 

Le souci reste l’huile de palme comme éco-carburant. Je ne vais pas remettre le couvert sur ce sujet que j’ai suffisamment développé lorsqu’il a été question des gibbons. Reste que c’est aussi à nous de faire comprendre qu’on ne veut pas alimenter nos voitures de gazole coupé à l’huile de palme, le concept même est aberrant, déjà vu le prix qu’on paye pour avoir un litre de gazole et vu l’impact nocif que ça a sur la planète ! 

Visiter des centres de sauvegarde responsables

Certain.e.s d’entre vous avez sûrement déjà projeté d’aller voir des orangs-outans dans leur milieu naturel. Si vous l’avez déjà fait, j’aimerais beaucoup avoir vos retours sur les structures que vous avez choisi. Je n’en connais aucune personnellement, je serais donc assez mal placée pour vous en promouvoir une plus qu’une autre. 

Alors si tu as visité l’un de ces centres donne nous les infos et ton ressenti en commentaire 🙂

Photo de couverture par Khamkor

Portrait d’orang-outan par Sander Wehkamp

Portrait d’une femelle et de sa progéniture par Chris Charles

sauver les orangs outans

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